Runaway || Han Jisung [Abandonné]

Chapitre 12 - Jisung

Nabi fit remarquer un muret qui commençait à longer la côte sur leur gauche et lui proposa d'aller s'installer dessus pour admirer le coucher du soleil. La vue était si belle d'ici, Jisung ne savait quoi dire. Oui cela était fréquent il devait bien l'admettre, mais cette fois-ciétait particulière pour lui : c'était la première fois qu'il voyait la mer. Il l'avait si souvent imaginée, dessiné dans son esprit pendant qu'il en parlait avec Felix quand ils partageaient le même lit pour parler le soir. Ils leur étaient beaucoup arrivé deparler de ce genre de choses qu'ils n'avaient jamais vu ou de ce qu'ils ne pensaient jamais voir. Combien de fois Felix avait-il parlé de la mer ? Il ne pouvait absolument pas s'en souvenir et il avait sûrement arrêté de compter depuis longtemps. Une si grande étendue bleue qu'on n'en voyait pas le bout, un air salé qui piquait le nez, du vent constamment qui envoyait les cheveux en arrière ; c'était fou à quel point tout ressemblait à la description qu'il en avait toujours eu mais qui semblait pourtant différent. La réalité diffère toujours de ce que l'on peut lire ou voir à la télé, dans les films.

Jisung prit une nouvelle bouffée d'air marin, toujours le regard rivé sur l'eau qui brillait en face de lui avant d'ouvrir la bouche.

_Je n'avais jamais vu la mer, dit-il doucement.

L'avait-elle entendu au moins ?

_Je me doute, répondit Nabi, un petit rire s'échappant de ses lèvres.

Il ne la voyait pas mais se doutait qu'elle souriait. Qui ne le ferait pas dans cette situation ? Tout allait bien, pour le mieux. Ils ne pensaient pas tant à ce qu'ils avaient laissé derrière eux, ils auraient tout le temps d'y penser sur le chemin du retour. Ils venaient tout juste d'arriver, alors ils pouvaient bien se forcer et penser à autre chose, ce qu'ils pouvaient faire, la liberté qu'ils auraient. Jisung se détendit finalement un peu, se calant sur ses bras posés derrière lui un peu plus loin sur le muret. C'était joli, point. Il ne voulait pas penser à autre chose pour le moment – même si le simple fait de le dire le poussait à penser à autre chose en soit. Un sourire s'installa sur ses lèvres alors qu'il soupirait.

_On va être bien ici ! S'exclama Nabi, cassant l'agréable silence qui s'était installé pendant uninstant. C'est assez incroyable hein ? Ça m'avait beaucoup manqué, avoua-t-elle.
_J'ai toujours rêvé de la voir, avec mon ami il nous arrivait souvent d'en parler, expliqua le garçon en lui lançant un regard.

Jisung avait l'impression de tout le temps la voir sourire maintenant et il appréciait beaucoup ça. C'était toujours mieux de voir les gens heureux et sourire plutôt qu'inquiets ou tristes, fatigués. Son sourire était un des plus beaux qui lui avait été donné de voir, et ne le connaître que maintenant lui permettait de repenser l'image qu'il avait d'elle jusqu'ici. Elle le faisait se sentir d'une certaine manière, comme s'il était important pour une personne de plus, comme s'il méritait quelque chose. Quand elle le regardait en souriant, Jisung avait beau se sentir timide, avoir du mal à parler comme il faut, il se sentait heureux

_Tu ne veux pas me parler de cet ami un peu ? Demanda Nabi de nulle part, les yeux elle aussi rivés sur l'étendue d'eau en face d'elle.
_On est venu ici pour toi de base...fit remarquer le garçon en remettant ses cheveux en place devant ses yeux. C'est toi qui voulais vider ton sac.

Il avait plus de répondant qu'il ne l'aurait lui-même crû mais il ne pouvait s'empêcher de penser ainsi.

_T'es pas drôle, lâcha-t-elle sèchement.
_C'est donnant-donnant, commença-t-il pour se défendre. Je te laisse parler en première.

Elle détourna son regard de lui enpouffant, ce qu'elle pouvait être enfantine quand elle le voulait. Enfin, ils restaient jeunes tous les deux : 18 ans, c'était quoi sur une vie entière ? Assez peu, mais cela restait la période où ils devenaient eux-mêmes. Partir comme ils l'avaient fait, loin de « chez eux » les changerait sans doute à jamais, leur donnerait quelque chose en plus que les autres n'ontpas, n'auront pas vécu – bien qu'ils aient sûrement vécu autre chose à la place. Plus il y pensait, moins cela lui semblait être une mauvaise idée malgré l'après coup qu'il subirait.
Nabi soupira en s'installant mieux ; la pierre restait un endroit relativement peu confortable. Il s'attendait à ce qu'elle commence à parler comme elle l'avait si bien fait jusque-là mais il fut confronté à un silence qui lui semblait bien amer soudainement. Nabi regardait juste un point fixe et imaginaire de l'autre côté de la mer. Il ne savait pas si elle était pensive ou si elle hésitait d'un coup à lui parler, mais lavoir comme ça ne le mettait pas à l'aise du tout.