Et là, mon souffle se coupa. Ce que j'avais sous les yeux était à peine croyable.
__________________
Je nageais en plein rêve. Depuis toute petite, je m'imaginais à quoi pouvait ressembler l'Autre Rive de près. L'environnement, les bâtiments, les rues. Tout. Et j'étais à présent dedans. Enfin, plus ou moins, puisque ce n'était pas l'Autre Rive, mais une reproduction miniature.
Néanmoins, cette dernière n'en était pas moins époustouflante. La verdure dominait l'espace. Des arbres s'élevaient jusqu'à perte de vue tout autour de nous. Sous mes pieds se trouvait une herbe fine, verdoyante. Les bâtiments que je voyais non loin de nous, sans doute le centre, resplendissaient eux aussi. Recouverts d'un matériau flambant neuf reflétant tel un miroir les rayons du soleil couchant, ils disposaient d'une architecture que je n'avais jamais vu auparavant, tout droit venue d'un autre monde.
J'étais tout bonnement émerveillée, les yeux brillant comme ceux d'une enfant de quatre ans. Je revins cependant vite à la réalité quand Kelyo me tira par le bras pour suivre le groupe à présent au complet, mené par la superviseure, s'engageant dans une grande allée qui conduisait certainement au centre. J'en profitai pour m'éclaircir les pensées en secouant énergiquement la tête.
Que me prenait-il ? J'étais en train de contempler béatement un endroit qui, certes, semblait paradisiaque, mais qui abritait toutefois le jeu le plus cruel jamais inventé.
- Plutôt pas mal ici, hein ? me lança Kelyo, amusée, qui m'avait sûrement surprise en pleine admiration.
Je souris ironiquement.
- Si on omet le fait que nous allons certainement mourir ici, oui, pas mal, répondis-je froidement.
Son sourire se fana. Je venais probablement de lui briser le moral, mais la vérité devait être dite. Elle ne devait pas tomber dans le piège de cristal qu'était Elevation. Tandis que nous marchions, un garçon du groupe accéléra la cadence pour se retrouver au niveau de la superviseure, qui l'observa avec étonnement.
- Est-ce qu'on prendra nos repas avec les Chasseurs ? J'aimerais bien faire un peu connaissance avec mes futurs assassins, demanda-t-il en ricanant bêtement.
Je levai les yeux au ciel pendant qu'un groupe le suivait en riant. La superviseure, elle, n'avait pas l'air de s'amuser, puisqu'elle le foudroya du regard.
- Vous n'aurez aucun contact avec eux, hormis pendant les épreuves, cracha-t-elle, agacée.
Il sourit mais ne répondit rien, comprenant que sa patience avait des limites. J'étais, de mon côté, de plus en plus intriguée. Au fond de moi, je voulais avoir la possibilité d'en apprendre plus sur ces chasseurs. Je haïssais l'idée d'affronter d'illustres inconnus. A quoi ressemblaient-ils ? Etaient-ils détestables, cruels, à l'image de leur profession ? Je ne pouvais m'empêcher de penser le contraire. Ils étaient jeunes, tout comme nous. Peut-être étaient-ils contraints de faire ce travail ? Je n'en savais rien, et cela m'horripilait.
Je relevai la tête à l'entente de la voix glaciale de la superviseure, au même moment où le groupe s'immobilisait.
- Voici le centre, où vous passerez les prochaines semaines. Vos numéros de chambre vous ont déjà été communiqués, vous pouvez donc vous y rendre. Bien que l'heure du dîner soit déjà passée, je suppose que vous n'avez pas grand-chose dans le ventre. Rendez-vous au réfectoire à vingt-deux heures, un buffet sera à votre disposition. Vous devez prendre des forces pour la première épreuve. Le réfectoire se trouve au rez-de-chaussée, vous ne pourrez pas le louper, expliqua-t-elle, un masque figé sur le visage.
A peine avait-elle terminé que des participants se ruaient à l'intérieur du bâtiment, impatients de découvrir leur chambre. Je les suivis plus calmement. Le soleil était à présent presque couché, baignant l'endroit d'une lumière rougeoyante. Lorsque je pénétrai dans le bâtiment, je me pris une seconde claque mentale. Sa propreté et sa modernité étaient un spectacle qui ne m'avait jamais été donné de voir auparavant. Il fallait dire que les seules véritables maisons que j'avais pu observer étaient des ruines.
VOUS LISEZ
Elevation
Science FictionDepuis la montée au pouvoir du Dirigeant, faisant d'Ardysia une ville enclavée, plus rien n'est comme avant. Un régime dictatorial, séparant les riches des pauvres par le Fleuve, et un jeu, seule passerelle entre ces deux rives : Elevation. Chaque...