Chapitre 9 : Sauvetage

49 11 50
                                    

Nous nous élançâmes alors comme un seul homme, courant le plus vite possible pour s'engouffrer dans la noirceur de cette forêt dense, sans savoir lesquels d'entre nous en ressortiraient vivant.

________________________

Je perdis rapidement Edan de vue, ainsi que Kelyo. De toute manière, mon attention était à présent entièrement focalisée sur mes mouvements, et vers où je me dirigeais. Plus rien d'autre n'avait d'importance.

Je fus l'une des premières à atteindre la lisière de la forêt. Comme je l'avais bien remarqué, elle était extrêmement dense, ce qui facilitait le camouflage. Je quittai sans hésiter la faible lumière provenant de l'éclairage du hangar pour pénétrer dans l'obscurité.

J'allumai immédiatement ma lampe. Je comptais profiter des vingt prochaines minutes où je pouvais m'en servir autant que je voulais sans être repérée par des Chasseurs. Eclairant ma course, je réfléchissais en même temps à ma stratégie. Cachette fixe ou mouvante ? Le plus sûr était sans aucun doute de rester dans la même cachette toute la nuit. Les Chasseurs allaient guetter le moindre mouvement. Toutefois, s'ils ratissaient la forêt, je risquais fortement d'être trouvée. Il fallait donc prier pour qu'elle soit suffisamment grande.

J'observais ce qui m'entourait tout en m'enfonçant un peu plus dans la broussaille. Une cachette au sol était trop facilement repérable. Avec le nombre d'arbres qu'il y avait, les Chasseurs n'allaient certainement pas s'amuser à les inspecter un par un, monter en haut de l'un d'eux me semblait donc être la meilleure option. Il fallait maintenant en être capable.

De moins en moins de personnes couraient à mes côtés. Nous nous étions très rapidement éparpillés, pour mon plus grand bonheur. Moins il y avait de participants cachés dans la même zone que moi, moins j'avais de chance de me faire repérer. Il était hors de question que la maladresse d'autrui me soit fatale.

Ralentissant le rythme, je me mis à observer le tronc des arbres environnants. Leur hauteur était impressionnante. De plus, ils étaient d'apparence relativement lisses, l'escalade n'allait donc pas être aisée. Toutefois, moins il était facile d'y monter, plus je serais inatteignable si j'y arrivais.

Attendant que les derniers participants autour de moi choisissent un autre chemin, je m'arrêtai enfin lorsque le dernier était suffisamment loin. Je ne voulais pas que quelqu'un d'autre voit ma cachette. Je soupçonnais les Chasseurs d'être capable de torturer des participants pour qu'ils dénoncent les cachettes des autres.

Je m'approchai d'un tronc d'arbre, pointant le faisceau de ma lampe sur l'écorce. Elle avait l'air un peu friable, mais il était quand même possible de s'y agripper. Je dirigeai la lumière vers le haut. Les premières branches suffisamment solides pour s'y poser étaient à environ trois mètres de hauteur. C'était haut, mais il me restait quinze minutes pour y arriver.

J'enroulai comme je pouvais mes bras autour du tronc, qui n'était heureusement pas très épais, et serrai de toute mes forces. Je fis de même avec mes jambes, puis montai lentement mes bras, avant d'effectuer le même mouvement avec mes jambes, tout en restant bien accrochée. Grâce à l'écorce irrégulière, mes pieds pouvaient prendre appui dans des creux pour me surélever plus rapidement. Au bout de plusieurs minutes, j'avais presque atteint deux mètres de hauteur.

Je soufflai. L'écorce m'éraflait la peau même à travers la combinaison. Mes bras souffraient, mais il était hors de question de lâcher maintenant. Je poursuivis mon ascension, surveillant du coin de l'oeil les alentours, si jamais quelqu'un arrivait.

Je voyais les premières branches se rapprocher de plus en plus. Il devait à présent s'être écoulé un quart d'heure, et je pouvais enfin toucher du bout du doigt une branche. M'étirant le plus possible tout en contractant les muscles de mes jambes, je tendis mon bras.

ElevationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant