Chapitre 8 : Cache-cache mortel

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Avant que les employés ne ferment la porte arrière du fourgon, je lançai un dernier regard vers le bâtiment, espérant de tout mon être pouvoir le contempler à nouveau dans quelques heures.

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Quelques minutes plus tard, l'engin démarra dans un ronronnement sourd. Un silence pesant régnait à l'intérieur de l'habitacle. L'heure n'était plus aux bavardages, tout le monde était à présent concentré sur soi-même. J'essayais d'empêcher le stress de m'envahir bien que la tâche n'était pas aisée.

Nous roulions vers un lieu inconnu, pour disputer une épreuve inconnue, dont probablement la moitié d'entre nous ne survivrait pas. Il n'y avait absolument aucun aspect rassurant. C'est alors qu'une fille assise sur le banc d'en face commença à s'agiter. Sa respiration se faisait sifflante, ses yeux bougeaient sans cesse. Elle cédait à la panique. Ses voisins tentaient de la calmer mais rien ne fonctionnait. Au contraire, elle se mit soudain à trembler violemment.

Dépassé par la situation, un des voisins toqua frénétiquement sur la paroi nous séparant du conducteur. Une partie s'ouvrit, laissant apparaître le visage ennuyé de celui-ci.

- Elle fait une crise d'angoisse ! s'écria aussitôt le garçon pour alerter le conducteur.

Cependant, celui-ci ne réagit quasiment pas. Il jeta un coup d'oeil à la fille au sol, en proie à de violents spasmes, avant de relever les yeux vers le garçon paniqué.

- Pas mon problème, balança-t-il sans aucune émotion avant de refermer la fenêtre, nous enfermant de nouveau.

Choquée par son indifférence face à la situation, je mis quelques secondes à agir. Voyant que son état empirait, je sortis de ma transe et m'agenouillai rapidement près de la fille. Elle me regarda d'un air de désespoir, respirant toujours aussi fortement. Je la tirai pour qu'elle soit en position assise, avant de la tenir par les épaules pour maîtriser ses tremblements.

- Concentre toi sur ce que je dis, ce que je fais, et rien d'autre, ok ? lui ordonnai-je, alliant douceur et fermeté.

- Respire en même temps que moi. Prend une grande inspiration, très profonde, très lente, continuai-je en lui montrant l'exemple.

Elle me suivit et aligna son rythme respiratoire avec le mien. Les autres nous observaient faire, inquiets. Au bout de plusieurs minutes qui parurent interminables, ses tremblements se calmèrent et je vis son visage se détendre peu à peu. Elle respirait à nouveau normalement. Je la lâchai et retournai à ma place.

- Merci, me murmura-t-elle avec timidité.

Pour toute réponse, je hochai la tête. Elle se rassit également et le trajet continua dans le silence. Avec cet imprévu, j'avais perdu toute notion du temps. Soudain, le fourgon ralentit avant de s'arrêter complètement. J'échangeai un regard stressé avec Edan au moment où les portes s'ouvraient pour nous laisser sortir. Il faisait à présent complètement nuit.

Les premiers participants descendirent, et quand ce fut mon tour, je pris une grande inspiration, profitant de mon dernier instant hors-caméra. Une fois à l'air libre, j'observai ce qui m'entourait. Nous étions tous réunis dans un hangar similaire à celui de notre arrivée. Un écran était suspendu au mur d'en face. Je vis avec stupeur que l'image qui y était diffusée n'était autre que nous, découvrant le lieu. Je m'aperçus même, en arrière-plan, le visage levé, l'air ébahi.

A ma droite, la porte du hangar était déjà grande ouverte, donnant sur... une forêt ? J'observai davantage l'extérieur. Il s'agissait bien d'une forêt, qui paraissait très dense, et assez effrayante, étant donné l'absence de lumière.

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