La Promesse

Chapitre 2

13 ans après la mort de Percy

Quand Annabeth Chase se levait chaque matin, la première chose qu'elle voyait était l'homme blond endormi à ses côtés.

La seconde était l'absence de Percy.

Alors, elle détournait les yeux du profil de son amant et elle se levait.

Doucement, pour ne pas le réveiller.

Ce n'était pas à lui qu'Annabeth aurait voulu parler dès le matin.

Elle montait les escaliers en bois jusqu'à la chambre de ses enfants, puis ouvrait la porte, laissant la lumière dissiper l'obscurité. Elle les regardaient un instant dormir, un léger sourire effleurant ses lèvres. Et puis, elle entrait et les réveillait d'un baiser sur le front.

Elle ne savait pas ce qui était le plus douloureux : les yeux d'écume papillonants de sa fille ou l'odeur douce-amère du chlore mêlé de sel de son fils ?

Tout lui rappelait Percy.

Elle aurait voulu l'oublier. Désespérément.

Mais comment oublier quelqu'un qui vous a donné tant de choses à retenir ?

Parfois, les gens qui vous ont offert les plus beaux souvenirs deviennent eux aussi un souvenir.

Annabeth était bien placé pour le savoir.

Mais elle ne voulait pas craquer. Cela avait beau faire treize ans que l'amour de sa vie était mort, elle avait beau dangereusement approcher de la trentaine, elle continuait d'espérer.

C'était la seule chose qui la maintenait en vie.

L'espoir. L'espoir de pouvoir revoir le sourire de Percy. De pouvoir toucher sa peau, ses lèvres. D'entendre son rire.

Elle avait emménagé avec Philippe quatre ans plus tôt. Et elle le connaissait depuis presque dix ans. C'était plus que tout le temps qu'elle avait pu passer avec Percy.

Elle l'aimait et il l'aimait. Ce n'était pas aussi pur et aussi naturel qu'avec le fils de Poséidon, mais cela suffisait. Cela suffisait à l'empêcher de se noyer. À l'empêcher de sombrer.

Elle savait que c'était égoïste de sa part de l'utiliser pour supporter l'absence de Percy, mais elle ne pouvait faire autrement.

Elle se réfugiait dans ses bras quand sa mémoire de faisait trop pesante. Quand elle était sur le point de craquer. Quand elle avait envie de tout envoyer balader.

Son job de merde. Ses collègues hypocrites. Le voisin qui utilisait sa perceuse au milieu de la nuit. Son fils qui revenait de l'école avec la lèvre fendue et une convocation chez le directeur. Sa fille qui lui rappelait chaque jour un peu plus Percy. Et Percy qui lui avait promis de revenir il y a plus de dix ans.

Percy qui lui manquait un peu plus chaque fois qu'elle se réveillait pour remarquer, encore et encore, qu'il n'était pas là. Qu'il n'était plus là.

Annabeth tenait un équilibre précaire sur un fil. Elle oscillait entre la vie et la mort.

À l'intérieur, Annabeth était dévastée. Dévastée par un chagrin contre lequel elle n'avait pas la force de lutter. Un chagrin qui la ballotait dans ses flots un peu plus chaque jour.

Mais elle ne devait pas le montrer. Jamais.

Esteban et Ambre méritait d'être heureux.

Ils n'avaient jamais connu Percy. Et on ne peut regretter ce que l'on a jamais eu.

Alors, Annabeth restait seule, à le pleurer, en silence.

Comme tant d'autre le faisaient.