Philippe se réveilla doucement alors que le soleil entrait à flot par les fenêtres aux rideaux mal tirés de sa chambre. Il faisait beau dehors.
Il esquissa un sourire. Peut-être pourrait il convaincre Annabeth d'aller faire une balade en ville ? Les enfants étaient assez grands pour rester seuls à la maison, après tout.
Son sourire se crispa douloureusement alors qu'il pensait aux jumeaux qui dormaient à l'étage. Ces ceux-là ne l'avaient jamais vraiment accepté.
Il entretenait une relation glaciale avec Estaban et tumultueuse avec Ambre. Philippe se sentait étrangement banal à côté d'eux. Peut-être parce qu'autour d'eux régnait l'aura venimeuse de la sauvagerie. Ce charisme presque magnétique qui les entourait et teintait leurs traits de brutalité et de pouvoir, jetant des ombres crues sur leurs sourires enfantins.
Ils étaient beaux, oui, mais d'une beauté différente de celle d'Annabeth. Avec leurs pommettes hautes et saillantes, leurs immenses yeux ourlées de cils noirs et leurs nez droits, ils avaient le profil acéré des combattants.
《Ils doivent tenir ça de leur père.》songea Philippe.
Leur père... Annabeth refusait d'en parler, et le blond ne savait rien de oui, mis à part qu'il était mort. La jeune femme avait donné toutes les photos du garçon à ses enfants qui refusaient que leur beau-père ne les voit.
Mais au final, avait il vraiment envie de savoir ?
Il aurait voulu être le seul et unique homme dans le cœur d'Annabeth.
Mais il devait partager. Partager le cœur de sa bien-aimée.
Avec Esteban.
Avec ce garçon dont il ignorait jusqu'au nom.
Et avec tant d'autre.Il savait qu'Annabeth avait des amis. Des amis avec qui elle passait deux à trois soirées par mois.
Philippe ne les avait jamais rencontré. Et il ne l'avait jamais souhaité.
Peut-être parce que, chaque fois qu'elle les voyait, Annabrth rentrait en pleurant.
Parfois, elle emmenait Esteban et Ambre. Mais eux revenait toujours ravis.
Philippe ne se plaignait pas, non. Apres tout, la femme dont il était amoureux partageait son lit, la soir. Simplement, il aurait parfois voulu que sa vie ne soit pas aussi chargée de mystères et de cachotteries.
Il se tourna doucement vers Annabeth, qui dormait à ses côtés. Il se délectait un instant de l'expression relâchée de son visage. Il était si tard de la voir dormir, même les dimanches matins. Elle était toujours réveillée à l'Aube par des cauchemars dont on ne pouvait le sortir. Mais cela non plus elle n'en parlait pas.
Il soupira doucement et se déplaça légèrement pour la prendre dans ses bras. Il posa son menton sur du crâne de la jeune femme, inspirant avec délice sa douce odeur fruitée, frissonnant quand son haleine brûlante s'échoua sur sa clavicule.
Un sourire naquit sur ses lèvres lorsque sa bien-aimée lui rendit son étreinte. Il déposa un baiser délicat sur ses cheveux emmêlés, puis sur son front et enfin sur son nez. Elle ouvrit doucement les yeux et ses paupières papillonèrent face à la trop grande luminosité.
-Salut princesse, murmura-t-il de sa voix rauque de sommeil.
Un éclair passa dans les etux de la blonde. Fugace. Éphémère. À peine visible. Il avait disparu en une fraction de seconde. Mais Philippe l'avait reconnu.
De la déception.
Son cœur se serra. Il ne serait jamais celui qu'Annabeth aurait voulu voir à ses côtés, chaque matin.
Elle se força à lui sourire et il lui en fut reconnaissant. Reconnaissant de cet effort qu'elle faisait pour lui.
-Ça te dirait un promenade ? souffla-t-il en se penchant pour l'embrasser.
Elle l'arrêta d'une pression sur le torse.
-Lave toi les dents d'abord, grogna-t-elle. Et d'accord pour la balade.
Il sourit comme un petit garçon et elle lui evouroffa gentiment les cheveux.
-Je vais chez un ami ce soir, ajouta-t-il alors qu'elle se levait.
Elle hocha la tête. Philippe l'aimait pour ça aussi : cette façon qu'elle avait de ne pas et mêler de tout, de lui laisser un espace personnel, de respecter son intimité comme il respectait la sienne.
Elle sortit maladroitement du lit, les jambes encore endormie. L'homme laissa son regard courir le long du corps de la jeune femme, depuis ses chevilles délicates jusqu'à ses boucles blondes qui lui arrivaient un peu au-dessus des épaules en passant par ses hanches étroites et sa taille fine.
-Je vais réveiller les enfants, lança-t-elle. Et après on sort. Habille toi et n'oublie pas de te laver les dents.
Elle lui adressa un clin d'œil et sortit. Philippe profita encore quelques instants de la chaleur enivrante de son duvet avant de se lever et d'enfiler un pantalon et un tee-shirt, de se glisser dans la salle de bain et de frotter énergiquement ses dents avant de descendre.
En bas se trouvait déjà Annabeth, Ambre et Esteban. Ce dernier riait aux éclats, la tête rejetée en arrière, les épaules secouées par son hilarité, les dents découvertes. Ses cheveux emmêlés caressaient son front. Ses yeux gris ressortaient sur sa peau pâle et de ses lèvres fines s'écoulaient un rire incroyablement doux et léger.
Esteban était comme ça. Doux, calme, discret.
Tout le contraire de sa sœur, dont la personnalité s'accordait à la perfection avec son physique. Haut en couleur. Avec sa crinière de boucles brunes, ses yeux étincelants d'écume, sa bouche carmin, sa peau brune et ses taches de rousseur. Avec ses colères explosives mais brèves, son rire incontrôlables, ses sourires transparents, son visage sur lequel ne cessait de s'afficher un arc-en-ciel d'émotions colorées.
Encore quelque chose qu'elle devait tenir de son père, car le visage d'Annabeth était des plus inexpressif.
Philippe s'approcha de la table et s'affale sur l'une des chaises.
Aussitôt, Esteban cessa de rire et lui jeta un regard noir alors qu'Ambre repoussait son assiette et disparaissait à l'étage, bien vite rejointe par son frère.
L'homme soupira.
-Il ne fait pas leur en vouloir, souffla Annabeth au bout de quelques secondes de silence.
Elle marque une pause.
-Leur père était comme ça aussi.
Philippe se retourna vers elle, étonné. Jamais elle ne parlait de son ex-petit-ami.
-Il n'aimait pas son beau-père, continua-t-elle.
Elle avait les yeux brillants de larmes, le regards perdu dans le vide. L'ombre d'un sourire mélancolique flottait sur ses lèvres.
-Le premier en tout cas. Parce que le deuxième, il l'a aimé comme un père.
Sa voix était de plus en plus basse et rauque de sanglots. Mais elle ne s'arrêtait pas. Elle avait enfin réussi à se lancer et elle ne pouvait plus faire machine arrière.
-Il avait une sœur, enchaina-t-elle. Elle avait cinq ans quand il est... quand il est parti. Elle aura dix-huit ans dans un mois et... et j'aurais voulu la présenter aux enfants. Ils auraient aussi pu rencontrer leur grand-mère. Je... j'auraitns du le faire il y a longtemps mais je... mais je n'avais pas assez de courage. Elles... elles lui ressemblent tellement...
Doucement, Philiple de rapprocha d'elle et la prit dans ses bras. Quelques larmes vinrent tâcher sa chemise.
-Tu veux en parler ? demanda-t-il gentiment. De lui.
Elle hésita, puis hocha la tête, pris une grande inspiration avant de lâcher les premiers mots de l'histoire qui allait changer le cours de la vie de Philippe :
-Il s'appelait Percy Jackson.
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La Promesse
FanficTreize ans plus tard. La nouvelle vie d'Annabeth Chase et ses enfants. Le retour fracassant de feu Percy Jackson /!\ tome 2 de Réunis...