La Promesse

Bonus #2

4 ans après le retour de Percy

Nancy Bobofit avait changé depuis l'institut Yancy. Son visage émacié s'était affiné, son corps maigre s'était remplumé et elle avait finalement réussi à dompter sa crinière de cheveux roux. Elle était loin d'être belle, bien sûr, mais elle ne détournait plus le regard face un miroir.

Elle travaillait comme secrétaire dans une entreprise d'architecture, Chase Compagny, crée quelques années plus tôt par le brillant esprit de la célèbre Annabeth Chase. Elle avait discuté avec celle-ci plusieurs fois, et s'était chaque fois retrouvée tétanisée devant ses yeux orageux et sa prestance indiscutablement supérieure à celle de la majorité des grands hommes politiques. Elle était à ses yeux la définition même de la réussite professionnelle. Elle était partie de rien pour arriver tout en haut.

Avec ses boucles blondes, sa voix grave et posée, ses yeux gris et sa silhouette élancée, elle aurait pu avoir le monde à ses pieds.

C'est pourquoi Nancy avait été surprise quand elle lui avait demandé si elle voulait venir diner chez elle.

En réalité, surprise était un euphémisme.

Elle avait littéralement recraché son café par le nez, ce qui avait fait exploser de rire Annabeth Chase.

-Pourquoi moi ? avait-elle alors demandé à sa supérieure.

-Vous voulez la vraie raison ? Ou celle que j'ai inventé ? avait alors soupiré la blonde.

-Les deux si possible, avait ricané la rousse.

Annabeth Chase l'avait imitée.

-Officiellement, je vous invite car nous sommes de bonnes amies. En réalité, je dois montrer à la mairie que je ne suis pas une patronne indigne avec mes employés et en inviter un à diner me paraissait une bonne idée. Vous êtes la moins pire, avait-elle ajouté.

-La mairie pense que vous êtes une patronne indigne, s'était étonnée Nancy.

La blonde avait grimacé.

-Disons qu'elle veut que je démissionne parce que je suis une femme et donc elle utilise le moindre prétexte pour me licencier de ma propre entreprise.

-Quelle bande de salauds, avait grogné la rouquine avant de rougir. Je ne voulais pas dire ça...

Chase s'était contenté de sourire, et Nancy l'avait trouvé éblouissante.

-Mercredi 19h ? avait-elle proposé. Ma fille rentre de pensionnat dimanche.

Elle avait tendu une main. Nancy l'avait serré tout en étant ravie d'avoir l'occasion de pouvoir en apprendre plus sur le compte de sa chef.

-C'est d'accord.

***

Mercredi arriva plus vite que Nancy ne l'aurait pensé. Elle était impatiente bien sûr, mais aussi incroyablement stressée. La journée passa à toute vitesse et, à 18h30, la femme était dans sa voiture, et entrait l'adresse de Chase dans son GPS. Elle se sentait étrangement privilégiée alors qu'elle se garait devant une pimpante maison blanche aux volets bleus sur laquelle on pouvait nettement distinguer l'empreinte architecturale de Chase Compagny.

Elle s'approcha doucement de la porte en bois clair, hésita un instant, puis sourit en songeant que la Nancy de douze ans qui volait les déjeuners de ses camarades n'aurait jamais pu imaginer diner un jour avec un des esprits les plus brillants de sa génération. Elle se demanda si, quand Annabeth Chase avait elle aussi douze ans, elle était allée dans une école pour enfants surdoués, ou si elle était une élève normale, voir une enfant à problème.