La Promesse

Chapitre 10

Chapitre très court désolé, mais j'avais vraiment envie de l'écrire ❤

-Et... Je crois... Je crois que vous êtes mon père.

Au fond d'elle, Ambre en était même sûre.

Elle aurait voulu pleurer. Mais ses yeux restaient désespérément secs. Elle aurait voulu rire, mais un gémissement lui échappa.

Elle posa une main tremblante sur sa bouche carmin.

Il était là. Devant elle. Assis. Bien vivant.

Identique à toutes les photos qu'elle avait pu voir de lui, et pourtant tellement différent.

Il avait la peau et les cheveux bruns. Les lèvres carmin. Le nez piqué de taches de rousseur. Les yeux verts. Si verts...

Il lui ressemblait. Ou plutôt... Elle lui ressemblait.

Sur son visage trônait l'air espiègle des adolescents et pourtant son regard était celui d'un adulte.

Son père. Elle avait... un père ?

Un hoquet lui échappa. Esteban la regardait, inquiet. L'homme acquiesça :

-Je crois aussi, répondit-il.

Sa voix était grave, chaude, vibrante. C'était la voix du père qu'elle avait toujours souhaité. Une voix dont les intonations ne lui étaient pas inconnues.

Elle parlait de la même façon que lui.

Le regard perçant de l'homme se posa sur elle. Un regard identique au sien.

Tout en lui était identique à ce qu'il y avait en elle. La façon qu'il avait de plisser le nez. La fossette au creux de sa joue. Ses yeux qui souriaient pour lui. Sa jambe qui tressautaient doucement sous la table. Ses ongles rongés jusqu'au sang.

Elle qui avait toujours été comme le mouton noir dans une famille où tout le monde se ressemblait. Avec sa crinière brune et ses iris verts, elle faisait tache dans un environnement de blonds aux yeux clairs.

Et voilà qu'elle avait un père. Un père qui lui ressemblait plus que son jumeau. Un pere qui était comme son double, comme une autre partie d'elle-même.

Il y eut un sursaut à côté d'elle. Sa mère. Les yeux gris emplis de larmes non retenues, les lèvres tremblantes, la peau pâle.

Elle fit un pas en arrière. Un deuxième. Puis se retourna et s'enfuit en courant. On entendit la porte claquer puis des pas précipités dans les escaliers.

Percy détourna les yeux un instant puis se tourna à nouveau vers Ambre. Un sourire fit son apparition sur ses lèvres alors que leurs yeux ne se lâchaient pas.

La jeune fille avait envie de se précipiter vers lui et de le serrer très fort. Comme on serre un papa avant de s'endormir. Comme on l'enlace pour dire bonjour ou bonne nuit.

Un accord tacite passa entre eux alors que tous les autres les regardaient. Ambre fit un pas. Puis un deuxième, avant de courir se jeter dans les bras de celui qui avait été absent pendant si longtemps.

Il se figea un instant et la jeune fille eut peur qu'il ne la rejette.

Elle ne l'aurait pas supporté.

Et puis son étreinte se resserra doucement. Hésitante. Presque apeurée. Une main caressa ses boucles brunes.

Les larmes vinrent finalement, trempant le tee-shirt de Percy. Il sentait le sel, la mer, le vent et la liberté.

《Fils de Poseidon》songea-t-elle avant de se perdre entre les bras de son père.

Elle entendit la voix grave de Percy résonner dans sa cage thoracique, mais elle ne comprit pas un mot. Elle sentit Esteban se blottir contre elle. Elle sentit le regard résigné de Philippe glisser le long de son dos et la compassion l'envahit.

Elle n'avait jamais rien fait pour s'entendre avec lui. Mais l'avait il vraiment mérité ? Quelle avait été son erreur à lui ? À part tomber amoureux de la mauvaise personne.

Il n'était pas Percy. C'était la seule et unique erreur qu'il avait jamais commise. Ça et mettre le lait avant les céréales.

Elle se cala un peu plus confortablement contre son père. Un soupir de contentement lui échappa.

Quelque chose d'humidité roula dans ses cheveux. Et puis la voix de Léo résonna :

-Oooooh... Notre Aquaman pleure ?

-Ta gueule Léo, répondit une voix éraillée.

Tout semblait tellement familier à Ambre. L'étreinte protectrice. L'odeur salée. La voix grave.

《J'ai un père !》aurait-elle voulu crier.

Mais elle ne pouvait pas. Alors, elle se contenta de se serrer un peu plus fort contre Percy, de prendre une grande bouffée son parfum océanique et de lui glisser à l'oreille :

-Tu nous as manqué... Papa.