Chapitre 4

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-Il s'appelait Percy Jackson et c'était le garçon le moins parfait et le plus merveilleux que j'ai jamais rencontré.

Philippe ne s'indigna même pas, hypnotisé par les paroles qui s'échappaient des lèvres de la blonde.

-Il avait... Il avait un putain de sourire idiot. Il avait un humour de merde. Il avait un œil plus vert que l'autre. Il avait les cheveux trop long, une fossette sur la joue gauche et l'incisive droite cassée. Il avait une tache de rousseur entre les yeux, un grain de beauté derrière l'oreille, une cicatrice sur le pouce et un pied plus grand que l'autre. Il avait le nez un peu trop pointu, les ongles rongés et... et pleins d'autre petits défauts qui faisait de lui un être si parfaitement imparfait. Qui faisaient de lui Percy Jackson.

Elle esquissa un sourire triste.

-Au début, je le détestais. Et puis... Je ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé. Un jour, j'aurais pu le pousser du haut d'un pont sans ciller et il me l'aurait bien rendu, et le jour d'après, il aurait sauté dans un fossé sans fond pour moi.

Elle se tourna doucement vers lui.

-Il y a des choses que je ne peux pas te dire. Des choses qui tecmettraient en danger si tu les connaissaisbm. Des choses qui nous concernaient, Percy, moi, et tant d'autres. Mais il faut que tu sache que, quand Percy est mort, il y a treize ans, il est mort dans mes bras en me promettant qu'il reviendrait.

Philippe eut un hoquet de surprise.

-Et je veux aussi que tu sache, continua-t-elle, que la probabilité qu'il revienne, si elle est faible, n'est pas nulle.

Nouveau hoquet de surprise, cette fois-ci accompagné d'un léger mouvement de recul qui serra le cœur d'Annabeth.

Elle hésita un instant avant de vriller son regard orageux dans celui, brun, de l'homme qui partageait son lit.

-S'il revenait aujourd'hui, murmura-t-elle. S'il revenait aujourd'hui, bien que ce soit improbable, et qu'il me demandait de le suivre, je... j'aurais beau t'aimer de tout ce qu'il me reste de cœur, je crois que je le suivrais sans hésiter. Mais je sais qu'il ne me le demandera pas. Et tu sais pourquoi ?

Éberlué, il secoua négativement la tête, blessé dans son amour-propre.

-Parce qu'il a toujours tout donné aux autres sans jamais rien exiger en retour. Parce qu'il se serait sacrifié sans hésiter pour ses amis, sa famille, ou pour moi. Parce que son nom est Percy Jackson.

Elle détourna brusquement les yeux et se leva.

-Je vais m'habiller, lança-t-elle comme si rien ne venait de se passer.

Comme si elle ne venait pas de déclarer à Philippe qu'elle lui préférait un homme mort depuis plus de dix ans.
Comme si elle ne venait pas de lui dire que cet homme n'était peut être pas si mort que ça.

-Tu m'as promis une balade non ?

Elle sourit. Un sourire un peu triste qui ne monta pas jusqu'à ses yeux. Un sourire tremblant, hésitant, presque suppliant. Un sourire qui voulait dire 《Ne me quitte pas. Pas maintenant.》

Mais un sourire tout de même.

Alors Philippe sourit en retour.

-Je t'aime, lui lança-t-il.

Elle sourit un peu plus franchement.

-Merci, répondit-elle avant de tourner les talons.

Philiple ne pouvait lui en demander plus.

***

-Au fait, tu ne m'as pas dit que tu allais chez un ami ce soir ? demanda Annabeth.

Ils se baladaient tranquillement, main dans la main, au milieu des arbres aux feuilles bourgeonnantes de Central Park.

Il haussa les épaules :

-Ce n'est pas un ami... Plutôt une vieille connaissance du lycée... On s'est retrouvé via les réseaux sociaux et on a plutôt bien renoué...

Il marqua une pause, laissant la fraîcheur brise printanière ébouriffer ses cheveux.

-C'était un vrai connard à l'époque.

Annabeth gloussa.

Philippe aimait la voir comme ça. Ses courtes boucles blondes rassemblées en une queue-de-cheval lâche, les pommettes et le nez rougis par le froid de la fin de l'hiver, les lèvres un peu gercées et les yeux légèrement plissés.

-Mais c'est vrai ! s'exclama-t-il dans l'espoir de déclencher un nouveau rire. Il passait son temps à envoyer des lettres de menaces à son cousin qui étudiait en Ecosse et il le tabassait quand il rentrait pour les vacances. Il était bizarre son cousin d'ailleurs. Gentil et mignon, mais bizarre. Le genre de gars avec des verres de lunettes épais comme mon poingt et des cheveux incoiffables.

Annabeth s'arrêta brusquement.

-Attend... s'étonna-t-elle. Ton pote ce serait pas... Dudley Dursley ?

Il haussa un sourcil :

-Si pourquoi ?

Elle éclata de rire. Un joli rire perlé qui ne résonnait que trop peu et que Philippe adorait.

-J'étais témoin au mariage de son cousin et je crois qu'il est aussi invité chez Dudley ce soir.

Elle marqua une pause, redevenant sérieuse.

-Sa femme et lui font partie de mes meilleurs amis.

Ce fût au tour de Philippe d'éclater de rire.

-Le monde est vraiment minuscule ! En tout cas, j'ai hâte de rencontrer le fameux cousin !

Il y eut un léger silence avant qu'il n'ose demander :

-Tu veux m'accompagner ?

Elle esquissa un sourire machiavélique à faire pâlir les morts et répondit :

-Avec plaisir.

La PromesseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant