15 mai 2002

27 2 0
                                    

Cela fait presque un an et demi que la sœur de Camille est dans le coma sans aucun signe d'amélioration. Camille ne lui rendait évidemment pas visite puisqu'elle était toujours dans ce déni qui menait sa vie malgré elle. Les seules personnes qui lui donnait un signe de vie était ses parents et ma présence de temps en temps. Tout les trois mois à peu près, j'ouvrai ma tirelire ourson pour en prendre deux euros, et oui, au début de l'année j'avais été à la banque avec ma mémé pour échanger tout mes francs contre des euros. Avec ses deux euros, je prenais mon vélo et j'allais chez le fleuriste juste en face de chez nous, la fleuriste me connaissait bien et savait que je prenais toujours une rose blanche. J'ai toujours aimé les fleurs, leur beauté, leur multitudes de senteurs, j'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi dans ce monde il n'y a que les femmes qui recevaient des fleurs et pour la plupart du temps c'était dans un but de séduction ou pour des fêtes particulières. Pourquoi les hommes n'avaient pas le droit d'en recevoir ? J'aurais adoré en avoir de temps en temps chez moi, puisque j'ai toujours eu des plantes chez moi. Que ce soit des plantes grasses, des cactées, des plantes carnivores ou encore des arbres dont je récoltais des boutures en pleines natures et je m'en occupait en les chérissant. Et bien sûr dans les pots de mes petites plantes de temps en temps, une fleur sauvage poussait et je la chérissait comme toute les autres. 

Avec la rose dans mon sac à dos et sur mon beau petit vélo, je prenais le chemin de l'hôpital, je savais pertinemment ou je devais me rendre hall numéro trois, centre de convalescence, chambre 212. Par respect, je toquais toujours à sa porte en sachant pertinemment que personne n'allait répondre. J'entrais alors dans la chambre, jetais l'ancienne rose qui avait fané et dont personne ne s'était occupé comme à chaque fois. Je plaçais la nouvelle fleur dans le vase, je changeais l'eau et je restais là, dans un silence interrompu par les bips des machines qui indiquait le rythme cardiaque de la sœur. Je restais à peu près une demi heure pendant laquelle je réfléchissais à ce que je devais faire,  à lui raconter comment allait Camille, à lui demander de se réveiller car elle avait bien dormis et qu'il était temps. Et quand mon cœur était apaisé, je lui souhaitait de se remettre vite et je prenais le chemin inverse pour rentrer chez moi. 

J'ai toujours su que les visites à l'hôpital sont comme des visites au cimetière, dans mon cas totalement inutile pour le patient mais utile pour la personne qui souffre intérieurement, le fait de rendre visite à quelqu'un qui n'est déjà plus là permet non seulement d'apaiser ses craintes, ses peurs mais aussi ses espoirs et ses rêves. Le principe même de l'enterrement et de la perte d'un être cher n'existe que pour apaiser les vivants et non aider nos morts à rejoindre un des multiples au-delà existant dans les croyances humaines.

1270 JoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant