19 octobre 2002

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Un mois depuis la rentrée et la vie suivait son cours, pour nous elle était un peu spéciale mais on ne pouvait qu'essayer de s'acclimater à ce changement drastique que nous vivions. Une semaine sur deux, mes parents intervertissaient leur logement, ils avaient loué une minuscule maison à quelques kilomètres de la résidence familiale. Une semaine ma mère emménageait chez nous et c'était une semaine pendant laquelle elle partait au travail le matin, rentrait tard le soir, ne faisais rien à part déprimer, regarder des documentaires sur son pc et attendais que nous fassions le travail d'adulte. C'est à cette période que j'ai dû prendre les rennes de la maison, je m'occupais des lessives, des repas, du ménage, des devoirs de mon frère et de son éducation tandis que ma mère se défonçait la tête en enchaînant les joints les uns après les autres jusqu'à s'endormir. Mes parents ont toujours fumer en petite quantité pendant les soirées, les festivals ou bien les concerts qu'ils organisaient avec leurs amis du côté de Chaumont. Mais j'ai bien vu le changement d'attitude et surtout la surconsommation dont ma mère faisait preuve depuis la rupture. Elle s'enfonçait petit à petit dans les tréfonds de l'humanité en comblant son manque par la drogue et l'alcool, en oubliant totalement son rôle de mère. 

Quand venait la semaine de mon père, c'était encore pire. Toute la semaine Ethan organisait des soirées avec ses potes, quand il rentrait du travail, ce n'était jamais seul. Il était toujours accompagné par cinq, six, dix personnes et festoyait jusqu'à ce que la fatigue l'emporte en se défonçant lui aussi la tête en fumant plus que de raison et en buvant tout ce qu'il est possible d'ingérer avant de tomber dans un état catastrophique. J'étais pris entre Charybde et Scylla et comme Ulysse dans l'Odyssée, je devais traverser le détroit de Messine et réussir à affronter les deux bêtes mythologiques. Et pendant ses semaines là, je devais également ranger la résultante des fêtes que mon père organisait pour ne pas sombrer sous la saleté et pour pouvoir vivre correctement. 

Ce train de vie pourrait sembler fou et pourtant je luttais du mieux que je pouvais pour que mon petit frère ne manque de rien en toute circonstance, je devais m'occuper de mes deux parents et je négligeai énormément ma personne. Les seuls moments que je m'autorisais était le soir quand tout le monde dormais j'avais une à deux heures selon ma fatigue pour profiter d'une petite accalmie en lisant, faisant des origamis, jouant sur mon pc ou bien en allant faire une balade en vélo avant d'aller dormir. C'est à partir de cette période que j'ai commencé à dormir seulement quatre heures par nuit pour pouvoir réaliser l'ensemble des tâches qui m'étais assigné malgré moi et que tout tourne correctement dans la maison, au détriment de ma santé et de mes plaisirs.

1270 JoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant