Chapitre 8

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Sagittaire

Amazonite.



Là première fois que nous avions fait l'amour, Akira et moi, nous avions dix-sept ans.

C'était le jour du mariage de Rhiane.

C'était le jour où Akira s'était rendue compte qu'elle l'aimait.

Ça l'avait dévastée.

Moi je l'avais remarqué, il y avait des années déjà. Mais je ne disais rien, elle était bornée et refusait de l'admettre. Je l'avais remarqué dans son sourire quand elle regardait Rhiane, lorsqu'elle effleurait son épaule du bout des doigts pour lui remonter son habit toujours trop tombant. Elles étaient amies et fusionnelles, plus qu'avec nous. Et peut-être qu'un jour Rhiane le saura, mais pour l'instant, elle ne sait rien.

Parce que même si la plupart des mariages de la cité se font sans amour, Akira avait choisi quelqu'un qui était réellement tombée amoureuse de son mari. Elle avait égoïstement souhaité que l'union de Rhiane et Letto soit un échec. Ce fut donc une sensation aigre-douce de voir son premier amour heureuse dans les bras d'un autre.

Puis, un soir, elle était venue me voir, en pleine nuit, les pleurs sourds étouffés par l'orage. Je m'étais réveillé sous ses sanglots. Ce soir-là, j'aurais pu croire qu'elle allait mourir dans mes bras. Elle m'avait tout raconté, du début à la fin. C'était à ce moment-là que j'avais compris qu'Akira n'était pas juste un pion de la société, qu'elle avait ses principes et ses désaccords. Des désaccords, elle en avait tellement. Elle détestait tant de choses dans ce système, elle détestait la façon dont tout était tissé au bout d'un seul fil. De comment le bonheur n'était assuré que par le plus illogique des algorithmes

— Soigne-moi, m'avait-elle imploré.

Je l'avais regardée tristement.

— L'amour n'est pas une maladie.

— Qu'est-ce que tu en sais, tu n'as jamais aimé.

Désespérée, elle m'avait embrassé. Nous avions été notre première fois et toutes celles d'après. J'avais bien conscience que pendant un long moment, nous avions juste été le pansement de l'autre. Elle pour son amour perdu, moi pour m'éloigner de ce monde dans lequel je n'arrivais plus à me projeter.


***

Je suis revenu au Capitole quelques jours après le Reditum. Prenant le même chemin ridicule pour me glisser sous la trappe qui mène à Haël.

Mais tout est devenu bizarre depuis le retour des dragons.

Elle s'est mise à m'éviter.

Si j'étais trop naïf pour le penser la première fois, mais j'ai bien fini par m'en rendre compte au bout d'une semaine.

— Haël, on sort ce soir ?

— J'ai pas envie.

C'était le même schéma, je la retrouvais dans le lit encastré dans les murs de terre, dos à moi. Je crois que depuis une semaine, j'ai à peine vu son visage.

— Pourquoi tu m'ignores ?

— Je ne t'ignore pas.

— A chaque fois que je viens c'est comme si j'étais pas là.

— Alors ne viens plus.

— Si c'est ce que tu veux !

Je m'étais énervé.

Pendant une autre semaine, je ne suis plus du tout venu. Le cœur lourd, j'ai peu à peu repris ma vie d'antan, d'avant elle. J'ai recommencé à participer activement aux prières du matin, sans réellement croire aux paroles qui étaient chantées fiévreusement à côté de moi.

Les enfants de la pluieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant