First [TERMINEE]

Chapitre 11

~TONI~

La cloche venait de retentir dans les couloirs de Riverdale High afin d'annoncer le début des cours. Et, pour la première fois, je me surpris à me sentir envahie par cette pensée terrifiante : s'il vous plaît faites que les professeurs ne me changent pas de place, faîtes qu'ils ne me séparent pas de Cheryl.

Je réalisai alors que je perdais le contrôle chaque jour davantage. En fait, j'avais beau essayer de lutter contre ce sentiment dangereux qu'était l'amour, Cheryl ne cessait de hanter chacune de mes pensées. Et si parfois je parvenais à chasser son image, elle finissait toujours par revenir.

Je pensais constamment à elle.

Partout.

Tout le temps.

Et j'aurais été prête à sacrifier n'importe quoi pour qu'elle me regarde autrement que par le prisme de ce qu'avaient fait Jughead et Fangs ce jour-là à Sweetwater River. Car, en effet, pour elle, je n'étais rien d'autre que la meilleure amie de ceux qui avaient tué son frère.

Si seulement elle pouvait me voir telle que j'étais réellement...

Je souhaitais plus que tout que Cheryl partage mes sentiments, mais, malheureusement, dans la vie nous n'avons que très rarement ce que nous souhaitons. Alors je devais l'accepter : Cheryl ne m'aimerait jamais. Cheryl ne m'aimerait jamais. Jamais. Je me répétais ces quelques mots en boucle en essayant l'espoir qu'un jour mon cerveau finirait par l'assimiler.

Mais, même si je savais pertinemment que je n'aurais jamais son amour, j'étais inconsciemment prête à tout pour n'avoir ne serait-ce que son amitié. Je voulais simplement qu'elle soit auprès de moi. Je voulais continuer à faire partie de sa vie d'une manière ou d'une autre.

Mais si seulement il était possible de remonter le temps...

Je réalisais avec stupeur qu'un simple « oui », qui à l'origine semblait anodin, pouvait en réalité avoir des conséquences désastreuses. Jamais ne n'aurais imaginé que ces trois lettres pourraient être la source d'une telle souffrance. Jamais ne n'aurais imaginé qu'elles étaient susceptibles de me détruire. Mais, s'il y a bien quelque chose que nous apprend la vie, c'est que rien ne se passe jamais comme nous l'avions imaginé...

Quoi qu'il en fût, j'étais prisonnière de ce passé étant donné que le temps était indubitablement insusceptible de tout contrôle humain.

Je repris rapidement mes esprits et m'empressai de rejoindre ma salle de classe.

Pour la première fois Cheryl n'étais pas encore arrivée, d'habitude elle arrivait toujours avant moi. J'en profitai donc pour m'installer tranquillement et sortir mes affaires, lorsque je l'aperçus finalement franchir le pas de la porte entourée de ses pestes d'amies. Certes Cheryl faisait partie de ce gang de pestes mais, contrairement aux autres, je le lui pardonnais. Pourquoi ? Parce que je l'aimais évidemment...

Elle s'approcha et s'installa doucement à côté de moi sans me faire de remarque désobligeante, ce qui, pour être honnête me surprit. Sûrement devait-elle être préoccupée par quelque chose de plus important. Après tout, elle avait beau être le centre de mon monde, j'étais loin d'être le centre du sien...

J'étais sagement en train de recopier le schéma du cœur humain que le professeur de sciences venait de projeter au tableau à l'aide du rétroprojecteur, lorsque je sentis quelqu'un me tirer violemment les cheveux en arrière.

Et oui Toni, ce n'était pas parce que Cheryl semblait plutôt calme aujourd'hui que ses amies assises juste derrière l'étaient nécessairement...