Chapitre 14

467 34 93
                                    


Le lendemain

Chez Pop's,

~CHERYL~

Nous étions samedi matin et, n'en pouvant plus de rester chez moi, je décidai de passer la matinée tranquillement chez Pop's.

J'avais besoin de quitter ses murs de prison qu'étaient ceux de Thornhill.

J'avais besoin de m'évader de cet environnement toxique.

Je n'en pouvais plus des remarques désobligeantes et des reproches que me faisaient constamment et inlassablement mes épouvantables parents. Certes, je comprenais que la mort de Jason les avait affectés – d'autant plus que de nous deux il avait toujours été leur préféré – mais elle m'avait affectée aussi. Et, ça, visiblement, ils l'avaient oublié. Ou alors ils préféraient l'ignorer tout simplement. Allez savoir...

A en croire leurs dires, ils voudraient que je devienne la copie conforme de Jason afin de véritablement le remplacer. Ils voudraient faire de moi celle que je n'étais pas et que je ne parviendrais jamais à être.

Mais ce n'était pas en me comparant sans cesse à ce que Jason était que les choses allaient changer. En fait, ce qu'ils ne parvenaient pas à comprendre, c'était que Jason et moi avions beau être jumeaux, nous étions deux personnes purement différentes et non pas deux versions différentes d'une seule et même personne.

J'étais différente de Jason. J'étais Cheryl. Mais, visiblement, Cheryl n'avait pas de place dans le cœur et dans l'estime de ses pathétiques parents. Cheryl ne se réduisait qu'à une pâle et insatisfaisante copie de Jason. Cheryl ne valait pas plus que la pauvre et médiocre imitation d'un célèbre et merveilleux tableau. Cheryl ne valait rien.

Et, outre l'anéantissement de toute la confiance que j'aurais pu avoir en moi, mes parents étaient également parvenus à me convaincre que l'amour n'existait pas.

Pour eux, l'amour n'était qu'une pure invention de l'homme servant d'excuse à l'intérêt qu'une personne pouvait porter à la situation d'une autre. Ils pensaient que l'amour n'était qu'une idée et était nécessairement intéressé. Autrement dit, selon ces derniers, lorsque nous pensions aimer quelqu'un, en réalité, ce que nous aimions, c'était sa réputation, sa fortune, ou son intelligence.

« L'amour n'existe pas Cheryl. Si ton père et moi nous sommes mariés, c'est seulement par intérêt. Et, si nous avons fait des enfants, c'est seulement pour faire perdurer l'héritage Blossom. L'amour n'existe pas. »

Quoi qu'il en fût, ils avaient fait de moi ce monstre froid et sans coeur que je ne voulais pourtant pas être...

Je repris mes esprits et commandai mon milkshake habituel – un milkshake à la fraise – puis partis m'installer à une toute petite table, tout au fond du diner, isolée.

Avec Jason nous avions toujours eu l'habitude de venir boire un milkshake ensemble tous les week-ends, alors j'avais à cœur de perpétuer cette tradition. Je me plaisais à imaginer Jason en face de moi et, souvent, je lui parlais tout bas en espérant qu'il m'entende de là où il était. J'espérais qu'il veillait sur moi. J'espérais qu'il ne m'avait pas oubliée.

Je me raccrochais à son souvenir car c'était la seule chose qu'il me restait de lui.

Mais je devais me faire à l'idée que jamais plus je ne le reverrais, et que plus jamais plus il ne pourrait me prendre dans ses bras pour me consoler et me persuader que la vie valait la peine d'être vécue...

C'est alors que la clochette accrochée à la porte d'entrée de chez Pop's retentit, mais je n'y prêtai pas grande attention car le diner était fréquemment fréquenté, d'autant plus un samedi matin de mi-novembre, lorsque le froid s'était confortablement installé à Riverdale.

First [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant