Les Grillons

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« Je revisionne tout comme un film plus trop net, aux bandes pourries. Les images s'arrêtent de plus en plus régulièrement, jusqu'à rester figées sur ça — sur toi.

Sur le battement figé de tes cils, courbés dans le vent.
Sur ton regard ignorant, ignorant de ce que je ressens.
Sur tes lèvres, que je fixe sans te comprendre. Sur le mouvement anticipé de ton corps tout entier, sur tes paroles qui se sont déjà noyées, et même si tout semble arrêté, je sens le pincement dans mon cœur, et mon sourire se faner.
Je sens le temps qui continue sa course insolite.
Sa course absurde, mais incroyable.
Je crois bien que le temps nous dépasse sans même courir, trop occupés à le regarder passer, apeurés de le voir déjà partir, nous restons immobiles dans son sillage.
Le seul instant où nous l'oublions, nous marchons à ses côtés. Le temps nous dépasse, sauf si on le laisse passer.
Il me dépasse, c'est vrai.
Mais comment arrêter de plonger dans toutes ces images, qui tournent en boucle, en visionnage... Qui tournent en pagaille dans ma tête ?
C'est bête mais je voudrais que le temps s'arrête.

L'image est encore un peu floue, et le film trop abîmé. Mais je m'en fiche, je ferme les yeux et tout paraît à nouveau vrai. C'est lorsque je ferme les yeux, que j'ouvre ma mémoire sur toi,

Sur ton rire qui s'est étouffé au fond de moi ce soir, alors que je souriais

seule dans le noir

20/04/20, le même jour, l'an passé, j'écrivais sans le savoir, à ton sujet. »

𝑬𝒏𝒄𝒐𝒏𝒏𝒐𝒊𝒓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant