Et alors ? [TERMINÉE]

Chapitre 17

Pdv Kelly

Elle me dévisage, toujours sans me répondre. Je suis presque sûr de ce que j'avance. J'ai fouillé dans pas mal de journaux avant de trouver le nom de Hertel dans un article. Drame familial, famille décomposée, la police qui zone la maison pendant quelques jours, les enfants sont confiés à des membres de la famille proche.

-Au risque de me répéter et dans le même temps, de te décevoir, c'est n'importe quoi.

Elle hausse un sourcil, sirotant son jus de fraise, presqu'à la manière d'une Reine mise face à ses mensonges. Elle me ment. Il s'est passé quelque chose avec son père.

-Pourquoi tu ne veux rien me dire ? je demande.

-Mais parce qu'il n'y a rien à dire !

-Ce n'est pas à toi de juger, je réplique. Raconte-moi, ouvre-toi, je ne sais pas... Je t'ai tout dit à mon sujet, tu sais tout de ma vie. Qu'est-ce que tu peux avoir à cacher ?

-Tu t'inventes beaucoup trop d'histoires Kelly.

Je la regarde, espérant que mon regard suffise à la convaincre de me parler. Les pâtes arrivent au moment où elle inspirait, presque prête à parler. Je manque de jurer, cachant mon énervement en bougeant sur mon siège, presque mal à l'aise. Elle commence à manger, l'air un peu énervée, sans pour autant reprendre ce qu'elle voulait dire.

-Tu sais que je ne te lâcherai pas ?

-C'est dommage que tu refuses de comprendre que je suis comme tout le monde, me réplique-t-elle. Parce que tu perds ton temps avec moi.

-Je ne perds pas mon temps. Je le sais.

-T'es devin toi maintenant ?

Je lui souris, ne pouvant m'empêcher de penser à ma sœur qui m'aurait répondu exactement la même chose.

-Non. J'observe, je réponds après un léger silence. Et tu as le même regard que Debora.

-C'est vraiment louche par contre, souffle Jack avant de reprendre une bouchée de pâte. Si tu me tournes autour à cause du fait que je te fais penser à ta sœur, c'est hyper malsain.

-Tu ne me fais pas penser à elle, je soupire, tu as juste le même regard, celui de quelqu'un qui a vu des choses qu'elle n'aurait jamais dû voir.

Elle secoue la tête en mâchant. Je sens qu'elle va bientôt parler. Je sens que je vais bientôt avoir mes réponses. Allez Jack, fais-moi confiance, fais confiance à quelqu'un au moins une fois dans ta vie...

Pdv Jack

Il est étonnant. Je ne le pensais pas aussi observateur. Le truc, c'est que je n'ai jamais vraiment parlé de ça à qui que ce soit. Les pauvres psychologues que je suis allée voir se sont retrouvés face à un mur qui refusait de lâcher quoi que ce soit. J'ai eu la chance de tomber sur un médecin qui m'a proposé de ne plus venir la voir si je tenais un journal intime dans lequel j'y racontais toute ma vie. Je retiens un hoquet quand il parle de choses que je n'aurais pas dû voir, que je cache en remuant la tête de gauche à droite. Oui. Bon. Ce sont plus des choses que je n'aurais jamais dû subir m'enfin, ça revient au même selon certains psys.

Il me dévisage encore. Son regard me donne envie de le frapper, je crois qu'il ne comprend pas que je ne parlerai pas de ça, je peux presque lire son espoir dans ses yeux. Je ne parlerai pas, d'ailleurs je ne parlerai plus. Je me plonge dans un mutisme que je connais bien pour le maîtriser depuis un certain temps, continuant à manger. Ces pâtes sont délicieuses. Il me parle sans que n'écoute. Si j'écoute je serai tentée de répondre. Je reste bloquée dans mes pensées sans en sortir, réfléchissant à comment me faire pardonner par mes amis quand toute cette histoire sera terminée, comment réussir à mettre un terme à cette pseudo-guerre débile, comment évoluera mon histoire avec Ludo et Kelly, je ne compterai pas Flynn, dans l'espoir où, comme beaucoup de ces meilleurs amis, il garde ses sentiments pour lui et ne me demande jamais de faire un choix, comment ça se fait que je connaisse le gars assis à la table près de l'entrée sans réussir à mettre le doigt sur qui il peut bien être.