Naissance de la Guinée moderne

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Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la France, employant alternativement la force et la diplomatie, s'empare non sans difficulté de la plus grande partie de l'ouest du Soudan (actuel Mali). Elle prend Tombouctou, pousse jusqu'au lac Tchad et occupe la côte guinéenne. La Guinée actuelle, vidée par la traite atlantique, est alors quasiment dépeuplée. Les ravages de la traite négrière ont laissé des traces profondes sur le tissu social et économique du pays, affaiblissant ses structures traditionnelles et créant des déséquilibres démographiques majeurs. Cependant, le climat tropical décourage de nombreux Français de s'installer à cause des maladies telles que la malaria et la fièvre jaune, qui les déciment.

En 1891, la Guinée est proclamée colonie française, indépendamment du Sénégal auquel elle était précédemment rattachée. Cependant, cette conquête ne s'opère pas sans résistance. Samory Touré, un chef militaire et résistant charismatique, mène une lutte acharnée contre les forces françaises. Grâce à une armée bien organisée et équipée d'armes modernes, il oppose une résistance farouche, utilisant des tactiques de guérilla et exploitant la connaissance du terrain pour infliger des pertes significatives aux colonisateurs. Après la capture de Samory Touré en 1898, la résistance se poursuit avec les peuples de la forêt, qui mènent une guerre organisée contre l'occupation française sur la côte et dans les massifs montagneux du Sud-Est.

Malgré ces résistances, en 1899, les régions du haut Niger sont annexées au territoire. Les Français imposent progressivement leur domination, utilisant des alliances avec des chefs locaux et instaurant une administration coloniale qui cherche à exploiter les ressources du pays.

En 1904, la Guinée devient une partie intégrante de l'Afrique-Occidentale française (AOF), administrée par un gouvernorat général basé à Dakar. Cette intégration marque le début d'une transformation économique et sociale profonde. Les industriels français développent des plantations de café, de banane et d'huile de palme, exploitant le climat favorable et les terres fertiles de la région. L'activité minière, notamment l'extraction de la bauxite, devient également un secteur clé, alimentant les besoins en matières premières de la métropole.

Ces développements se font au prix d'une exploitation intense des travailleurs locaux. Le travail forcé est institué, obligeant de nombreux Guinéens à travailler dans des conditions difficiles et souvent inhumaines. Les politiques coloniales visent à maximiser les profits pour la France, sans considération pour le bien-être des populations locales. Les infrastructures, telles que les chemins de fer et les routes, sont construites principalement pour faciliter l'exportation des ressources, négligeant les besoins des habitants.

Parallèlement, les politiques éducatives et culturelles coloniales cherchent à assimiler les Guinéens à la culture française, effaçant progressivement les traditions et les langues locales. Les résistances culturelles persistent cependant, avec des mouvements locaux qui cherchent à préserver leur identité et à s'opposer à l'imposition culturelle française.

La période coloniale est également marquée par des révoltes sporadiques et des mouvements de résistance qui s'opposent aux injustices du régime colonial. Ces mouvements préfigurent les luttes pour l'indépendance qui émergeront au milieu du XXe siècle, lorsque les idéaux de liberté et d'autodétermination commenceront à gagner du terrain à travers l'Afrique et le monde.

Ainsi, la conquête coloniale française en Guinée est un processus complexe, marqué par la résistance, l'exploitation et la transformation économique. Les conséquences de cette période sont profondes, laissant un héritage durable qui continuera à influencer le pays bien après l'indépendance.

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