Help Me || bucky barnes

Chapitre IX - Devil

"Combat le diable avec cette chose qu'on appelle l'amour."  Bob Marley

Les mains des deux bruns ne s'étaient pas lâchés durant tout le reste du trajet. Ils avaient décidé de ne pas trop s'approcher physiquement mais de continuer à vivre ce début de relation comme n'importe quel autre couple. Des mots doux, des caresses pendant que Bucky conduisait, des sourires amoureux, c'est tout ce qu'ils s'autorisaient à échanger. Leur road trip les avait donc dirigé par la suite à la Nouvelle-Orléans et ils avaient décidé de s'arrêter pour visiter un peu. Ils étaient donc en train de marcher dans les rues de la vieille ville, Charlie accrochée au bras de son amant.

- "Tu te souviens du premier jour ? Quand je t'ai sortie de ce couvent et qu'on est partis en ville. Sourit-il, la faisant hocher la tête. On jouait le rôle d'un couple de touristes. Rit-il. Et dire que maintenant ce n'est plus un jeu."

Il se pencha pour l'embrasser mais elle tourna la tête et ses lèvres atterrirent sur la joue de la brune. Il rit doucement tandis qu'elle le fusillait du regard. Avait-il déjà oublié les termes de leur relation ? Elle ajusta sa prise sur son bras et se colla à lui pour combler ce manque de contact entre eux. Ils en souffraient tous les deux, ils n'avaient qu'une envie, s'embrasser et partager leurs sentiments. Mais c'était impossible. Ils n'étaient pas non plus à plaindre, ils trouvaient des solutions pour chaque manque. À la place de s'embrasser, ils s'embrassaient les joues et se faisaient de longues étreintes. Le pire était cette tension qui montait petit à petit entre eux lorsqu'ils étaient en voiture. La main de Bucky sur la cuisse de Charlie pouvait la rendre folle mais ils s'abstenaient, ne partageant que de simples contacts.

Ils marchaient donc dans les rues de la ville française, Bucky avait fini par passer son bras sur l'épaule de sa douce, la tenant un peu plus contre lui. Ses cheveux avaient été soigneusement attachés par Charlie et il portait des gants pour cacher sa main de métal. Si quelqu'un osait lui demander pourquoi il en portait, il répondait simplement qu'il était phobique des microbes et ça passait à chaque fois. Charlie revêtait -comme chaque jour depuis leur rencontre- un pull appartenant au brun, ainsi qu'un jean délavé qu'ils avaient acheté après deux jours de route.

Une pancarte attira l'attention de la brune et inconsciemment, elle les conduisit dans cette direction. Elle s'arrêta devant la boutique et Bucky la questionna du regard.

- "Que veux-tu faire dans une boutique vaudou ?"

Elle ne lui répondit pas et poussa doucement la porte pour entrer dans le commerce, suivie par son homme. Ils découvrirent une petite pièce, tapissées de tapis de toutes couleurs accrochés au mur. De longues étagères contenant de nombreux tubes renfermant toutes sortes de choses étranges. Elle voulut toucher à un crâne posé sur une table mais du mouvement derrière eux les firent se retourner avant qu'elle n'ait pu établir de contact avec l'ossement.

- "Bonjour. Se présenta une femme en sortant de l'arrière boutique. Je peux faire quelque chose pour vous ?"

Le jeune couple échangea un regard et Charlie lâcha le brun pour s'avancer vers la gérante. C'était une femme âgée d'une cinquantaine d'années, les cheveux bruns descendant jusqu'à la moitié du dos et les yeux très clair, hypnotisant. La quinquagénaire s'assit calmement sur la chaise présente dans la pièce et invita les deux jeunes à s'asseoir devant elle. Avant qu'elle ne s'assoit, Charlie fut retenue par la main de Bucky qui l'entraîna un peu plus loin.

- "Je peux savoir ce que tu compte faire ?

- J'en sais rien, j'ai comme été appelé ici. Je ne peux pas l'expliquer mais tu dois me faire confiance.

- Je te fais confiance Charlie. Mais à elle, non.

- Et qu'est ce qu'elle va nous faire ? Sourit-elle pour plaisanter. Nous découper en morceaux et nous envoyer en Australie pour un trafic d'êtres humains ?

- Peut être bien. Haussa-t-il les épaules.

- Bucky... Commença-t-elle en lui prenant le visage entre ses mains. Je fais confiance aux diseuses de bonnes aventures et tu devrais en faire autant."

Le brun grogna légèrement avant de suivre Charlie jusqu'à la table où il s'assit, s'appuyant contre le dossier de la chaise. Comme par automatisme, la vieille femme prit délicatement les mains de la brune dans les siennes. Bucky serra la mâchoire, se retenant de faire une scène par rapport à l'absurdité de la situation.

- "Vous avez un passé sombre, vous étiez exclue n'est ce pas ?

- Oui mais com-

- Pourquoi êtes-vous venu ?

- Je cherche des réponses et je me suis sentie... attirée par cet endroit.

- Beaucoup de touristes sont attirés par les boutiques vaudou mais vous, c'est différent. Et puis, je sens une sorte de barrière en vous, qu'elle soit voulue ou non.

- Comment ça une barrière ? Intervint Bucky en se penchant vers l'avant.

- Vous faîtes partie des responsables jeune homme, vous devriez le savoir.

- Il n'est responsable de rien. Répondit rapidement Charlie, un peu trop sur la défensive."

La femme sourit doucement comme pour s'excuser puis lâcha les mains de la jeune brune pour se lever. Elle fit le tour de sa boutique, suivie du regard par les deux visiteurs puis revint s'asseoir avec un jeu de carte. Elle disposa les neuf cartes sur la table, faces cachées et demanda à Charlie d'en choisir trois. Après quelques secondes d'hésitation, la jeune femme s'exécuta et toucha le dos de trois cartes que la gérante retourna une à une. Elle dicta chaque propriété des deux premières cartes puis lorsqu'elle retourna la dernière carte elle écarquilla les yeux.

Le diable.

Charlie fronça les sourcils, ne comprenant pas pourquoi la voix ne se manifestait que maintenant. Elle releva le regard vers la femme devant elle et put voir de la peur dans ses yeux. La quinquagénaire n'avait pas choisi le jeu de carte où était censé apparaître le diable. Elle croisa le regard de Charlie et se leva avant de ranger précipitamment toutes les cartes.

- "Je vais devoir vous demander de quitter cette boutique.

- Quoi ? Comment ça ? Qu'est ce qu'il se passe ? S'inquiéta la jeune brune."

Bucky suivait minutieusement du regard ce qu'il se passait, il ne comprenait rien à rien. Il se leva et attrapa le bras de la gérante qui allait ranger les cartes. Dû à ce mouvement, sa veste s'était retroussée et la femme pouvait désormais voir le bras métallique de Bucky. Elle se dégagea de cette emprise et partit ranger rapidement les affaires qu'elle avait sorties.

- "Je ne sais pas ce que vous êtes venus faire ici vous deux mais je vous conseille de partir.

- Mais- Commença Charlie.

- Et c'est un ordre. Finit-elle plus durement.

Et ce fut à ce moment que les beaux yeux émeraude de Charlie devinrent aussi noir que les abysses.