Quelques secondes plus tard, assise au sol, Léa reprit conscience.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'affola-t-elle.
- Rien de grave Madame, lui répondit l'homme en face d'elle. Vous avez juste fait un malaise. Vous étiez stressée et les radiateurs tournent à plein régime dans nos locaux en ce moment.
Légèrement perdue, Léa hocha la tête. Elle ne savait plus vraiment où elle était, ni ce qu'elle était en train de faire juste avant de plonger dans l'inconscience et encore moins combien de temps s'était écoulé entre son absence et le retour à la réalité. Le patron se releva et aida la jeune femme à faire de même, puis affirma d'une voix assurée :
- Je pense que nous devrions clore l'entretien ici. Je suis désolée, mais l'offre d'emploi ne sera pas pour vous. Il vaut mieux que vous rentriez vous reposer.
L'expression de Léa changea d'un seul coup, passant de l'incompréhension à la déception. Elle se souvenait, maintenant. Tout lui revenait en tête, laissant dans sa bouche le goût de l'amertume. Pire encore, celui de l'échec. C'était fou comme elle pouvait tout saboter à chaque fois qu'elle tentait quelque chose.
- Vous êtes sûr ? demanda-t-elle, un peu sur les nerfs. Je me sens prête à repasser l'entretien, vous savez ? Je peux vous montrer de quoi je suis capable !
C'était peine perdue. L'homme secoua la tête et insista pour la raccompagner dans le couloir.
- Il faut absolument vous reposer, répéta-t-il en ouvrant la porte du bureau.
Dans le couloir, Mélissa attendait toujours, les jambes croisées, un magazine vieillot entre les mains. Lorsqu'elle entendit du bruit, elle leva la tête, alerte.
- Alors ? demanda-t-elle en apercevant Léa.
Elle s'était levée d'un coup, prête à entendre la nouvelle de la bouche de sa protégée, mais en voyant le visage déçu de celle-ci, elle imagina bien vite que tout ne s'était pas passé comme prévu.
- On y va ? questionna la jeune femme d'une voix faible. Je vous raconterai dans la voiture.
L'assistante sociale hocha la tête, et les deux femmes sortirent du bâtiment sans dire un mot.
Une fois dans la voiture, Léa se mit à pleurer, dépassée par la situation. Elle avait tout gâché, encore une fois. Elle n'était pas fichue de réussir, il fallait toujours que quelque chose lui tombe sur la tête au mauvais moment ! Elle avait beau tout faire pour se sortir de sa situation actuelle, la jeune femme mourrait parfois d'envie de tout abandonner. D'abord sa misérable vie, sa fille confiée à des inconnus, le cambriolage, l'emploi qui venait de lui filer entre les doigts... Et puis quoi encore ? Bientôt, ce serait sa vie qui partirait en fumée si cela continuait ainsi.
A côté d'elle, Mélissa ne savait pas comment réagir. La jeune femme qui inondait de ses larmes les sièges de sa voiture était tellement courageuse, mais en même temps terriblement malchanceuse. Qu'avait-elle fait pour que l'univers lui fasse subir tout ça ? Léa méritait le bonheur, elle en était sûre. Mais elle n'avait pourtant droit ni à quelques joies, ni aux simples plaisirs de la vie. Elle souffrait quotidiennement, et c'était tout.
- Je suis désolée Léa, prononça-t-elle difficilement. Vous étiez prête et ça n'a pas marché, ça arrive. Ça va aller.
Elle posa une main amicale sur son épaule, bouleversée. La situation de la jeune femme lui brisait le cœur et l'affectait beaucoup. Elle rêvait de lui offrir une vie meilleure. Mais pour le moment, tout ce qu'elle pouvait faire était de la réconforter.
- Comment vous sentez-vous physiquement ? demanda l'assistante sociale, bien décidée à remettre sa protégée sur pieds.
- Ça pourrait aller mieux, mais honnêtement je tiens debout, répondit-elle en reniflant.
Mélissa lui tendit un mouchoir, compatissante, avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis quelques minutes déjà.
- Vous sentez-vous prête à passer le deuxième entretien prévu ? Il est dans une trentaine de minute. Je comprendrais tout à fait si vous ne souhaitez pas le passer et que vous préférez rentrer vous reposer.
Léa leva les yeux vers sa bienfaitrice. Avec toutes ces péripéties, elle avait presque oublié ce détail. Elle prit le temps de réfléchir, avant de penser que c'était une deuxième chance à saisir. Un échec, mais pas deux, se dit-elle, de nouveau confiante.
Elle essuya ses larmes, se moucha, et, d'un air déterminé, prononça :
- Je suis prête à passer ce deuxième entretien. Encore mieux, je vais tout faire pour le réussir !
- Je vous préfère comme ça, sourit Mélissa en démarrant la voiture.
Les deux femmes partirent pour l'entreprise qui recevrait Léa d'ici peu de temps, le cœur battant.
Lorsque l'assistante gara sa voiture sur le parking de l'immeuble, Léa sentit un léger stress l'envahir, qu'elle tenta de contrôler. Il n'était pas question de jouer la même scène, elle voulait un bon scénario, un happy end ! Elle sortit du véhicule, emplie de courage et d'énergie. Elle se sentait plus forte que jamais, prête à se battre pour réussir. Elle aimait cette sensation, celle qui la laissait imaginer que rien ne lui résistait. Mais encore fallait-il que ce soit le cas dans la réalité.
Devant la porte du directeur de l'entreprise, Léa sentait la présence rassurante de Mélissa derrière elle. Sa bienfaitrice veillait sur elle, terriblement impatiente.
- C'est bon, lui glissa Léa avant de pousser un soupir. Tout va bien se passer.
Elle lui adressa un sourire confiant, puis, un homme l'invita à entrer.
- Bonjour Madame Tardi, enchanté de vous rencontrer. Je suis Monsieur Grouet, vous connaissez sans doute mon entreprise ?
L'atmosphère changea du tout au tout. La jeune femme jeta un regard affolé à l'assistante sociale, qui paraissait sereine malgré la situation. Cet homme n'était pas un simple entrepreneur, loin de là. Elle le connaissait, elle en était sûre. Et, en voyant Mélissa lui répondre par un air interrogateur, elle comprit qu'elle n'était pas au courant. Elle s'était une fois de plus mise dans une situation compliquée ; Monsieur Grouet avait déjà voulu la rencontrer, et son entreprise était une des plus influentes dans le monde du journalisme.
Elle n'était jamais venue à l'entretien d'embauche prévu, et ça, il le savait.
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Une simple rencontre (en pause)
General FictionHier, Léa a appris quelque chose. Hier, Léa a fermé les yeux. Lorsqu'elle les a rouverts, il faisait nuit. La ville était devenue sombre. Tout comme son cœur. Deux ans après la mort de ses parents, Léa fait de son mieux pour continuer à vivre. La v...