Ma tête me faisait atrocement souffrir quand j'ouvris les yeux, mais ce ne fut rien comparé à la souffrance qui traversa ma jambe quand j'ai bougé le pied pour me redresser. Je ne pus m'empêcher de glapir de douleur, trop faible et comateux pour pousser un véritable cri. Une grande main chaude viens se poser sur mon bras et une voix grave et autoritaire me lance :
-Reste allongé, tu t'es cassé la cheville.
C'est donc pour cela que j'avais mal à ce point... Je tournais mon visage vers l'homme qui venait de s'exprimer et découvrit sa peau halée, son crâne quasiment imberbe et ses yeux d'un noir profond, brillants d'intelligence. Ses joues étaient creusées et des cernes habitaient ses joues. Il était habillé d'une blouse blanche, tâchée de sang et de boue mais gardait un air imposant. C'est sans aucun doute un alpha, et je pense qu'il est médecin.
Je me suis assis malgré ses protestations et remarqua immédiatement la chaîne qui entravais mes pieds à la couchette sur laquelle je reposais. En baladant mon regard autour de moi, je remarquais de nombreux blessés dans un état bien plus lamentable que le mien. Tous avaient la peau mate et un corps musclé, ce qui ne me mit pas du tout en confiance. Je questionnais alors l'homme d'une petite voix.
-Où sommes-nous ?
-A l'infirmerie du camp.
-De quel camp ? Pourquoi suis-je ici ? Où sont mes amis ?
-Tu es bien curieux pour un oméga. Tu devrais poser moins de questions si tu tiens à la vie.
Son ton sans appel me fit fermer étroitement les lèvres et baisser les yeux sur mes mains enchaînées. Les questions émergèrent dans ma tête encore douloureuse mais plus aucun son ne dépassait mes lèvres. Il me tendit un verre d'eau que je m'empressai de boire pour étancher ma soif. Je le remerciais avec un léger sourire, n'osant toujours pas parler. Il est ensuite parti, après avoir récupéré le verre, pour aller s'occuper des autres blessés pendant que je découvrais de mes pupilles cette fameuse infirmerie.
C'était un grand bâtiment sans aucune fenêtre, la lumière étant apportée par quelques torches allumées sur les murs. Les couchettes étaient alignées et toutes serrées les unes aux autres, posées au sol. La mienne, puisque j'étais prisonnier, était éloignée des autres. Les patients avaient des blessures sérieuses et leur sang était bien présent. Un frisson me traversa alors : dégoût, peur ? Je ne su jamais. Un autre lit de fortune est éloigné des autres et je me tordit le cou pour essayer de voir qui y est allongé. Je cru reconnaître la chevelure brune et familière de Cléa, mais il est impossible qu'elle soit là. Je me demandais d'ailleurs où étaient passés tous les autres, je ne les avais pas revu depuis ce matin. Ou était-ce hier ? Je ne sais pas. Peut-être que quelques heures s'étaient écoulées, ou bien plusieurs jours. Peut-être que je suis loin de chez moi, ou juste à quelques mètres. Peut-être que mes ravisseurs ont de bonnes intentions, ou peut-être attendent-ils mes chaleurs pour me violer, ou me vendre...
Je n'en savais rien, mais j'étais de plus en plus inquiet face à cette situation qui m'échappait complètement. J'essayais tant bien que mal de me rendormir pour faire cesser mes inquiétudes et mes questions, et c'est avec soulagement que je plongeais dans les bras de Morphée.
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Lucan
Teen FictionLorsque la guerre éclate dans un pays libre, un oméga est livré au prince héritier.