Chapitre 6

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Le couloir était silencieux quand nous sommes sortis de la chambre, mais plus nous avancions dans ce décor en bois, plus le bruit était présent. Je pensais que nous étions dans une auberge de riches : tout était propre et luxueux, mais les portes alignées le long des couloirs que nous traversions étaient sans aucun doute des chambres.

Une fois en bas, de nombreux curieux tournèrent leur regard vers mon corps dénudé. Je n'y prêtais pas attention, suivant simplement le médecin à travers la grande salle. Je fixais le sol afin de ne pas attirer l'attention de ces messieurs encore en tenue de guerre. C'est fou comme ce parquet était joli et régulier...

Le grand homme devant moi ouvrit une porte et, lorsqu'elle se referma derrière nous, tous les bruits cessèrent. Je n'osais pas faire un geste, restant meublé dans mon silence inquiet et curieux à la fois. Un raclement de gorge se fit entendre et je relevais mon visage lentement vers la provenance de ce son. Devant moi se trouvait un soldat à l'allure familière, mais je n'étais pas capable de retrouver où je l'avais vu. Il était très bronzé et ses yeux, ses yeux d'une intense noirceur, étaient visibles entre deux fentes de sa cuirasse de métal.

Son aura d'alpha me frappa en pleine face et je tombais immédiatement à genoux devant lui, les mains jointes sur mes fines jambes. Il commence avec moi une discussion qui, paraissant simple, changera ma vie.

-Comment t'appelles tu ?

-Lucan...Monsieur.

-Quel âge as-tu ?

-18 ans.

Mes réponses étaient brèves, j'avais peur de dire une bêtise devant cet homme qui, je le savais, pourrais me faire bien des choses.

La discussion se poursuivit, les questions étaient de plus en plus pointues et intimes. Je répondais à toutes sans gêne, ne mentant pas lorsqu'il me demandait d'où je venais et que ma réponse ne l'éclairait pas. Je ne passais pas par chiens et chats pour lui donner mes réponses, je n'avais aucune raison de lui cacher des vérités. Par exemple, il apprit que je n'étais plus vierge depuis bien longtemps, que j'étais bon en arithmétique, que lire me passionnait mais que je détestais ne rien faire.

Pourtant, lorsqu'il aborda le sujet de ma santé interne et psychologique, je lui avouais que je n'étais au courant de rien. Il leva alors sa musculature du siège où il était posé et il contourna son grand bureau en bois gravé.

-Tu vas aller voir des médecins spécialisés après cet entretien.

J'hochais alors le menton, n'ayant aucune raison de refuser cela. Ainsi, je serai rassuré, sans avoir à attendre, d'avoir été ausculté par un professionnel. Toutes les maladies ou lésions que je pourrais avoir récupérer d'un client seront ainsi détectées. Satisfait, le soldat alpha retourna à sa place derrière le bureau, après une caresse sur mes cheveux. Il m'avait touché sans prêter attention à la saleté de ma chevelure. J'étais à son goût même en étant impropre.

L'interrogatoire continua ensuite pendant quelques minutes avant qu'il ne me laisse me relever. Le médecin qui m'avait conduit ici revient sous son ordre et m'emmena à l'un de ses collègues, spécialisé dans le mental. Nous traversons de nouveau les couloirs remplis de richesses. Notre trajet ne fut pas long, pourtant je me suis perdu dans ces dédales de couloirs sans fin. Nous arrivâmes finalement devant une porte plus à l'écart des autres, dans les appartements du dernier étage. Tout y était plus spacieux et lumineux, pourtant il flottait dans l'air une étrange sensation de gêne constante. Comme si, ici, seuls les murmures des nobles pouvaient entacher ce silence.

Mon guide m'ouvrit une porte et me fit entrer dans une salle aménagée : un fauteuil et un lit étaient installés en face d'un siège à l'apparence moelleuse. Un bureau complétait l'espace, derrière lequel se tenait un homme d'une cinquantaine d'années. Il était vêtu d'une sorte de tunique entièrement blanche qui lui couvrait tout le corps. Seule une ceinture en cuir autour des hanches tenait ce vêtement.

De là où je me tenais, il avait l'air imposant et ne m'inspirait pas confiance. Sans doute était-ce le but, puisque le médecin me poussait à l'intérieur quand j'eu un moment d'hésitation. Je me retrouvais bientôt au milieu de la pièce, entre deux alphas imposants. Je ne savais pas quoi dire ni où me placer, alors j'attendis que l'un des deux m'invite à m'asseoir.

LucanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant