Chapitre 1 [3/3]

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Elle leva les yeux. Un garçon à peine plus âgé qu'elle la tenait fermement dans ses bras. Il était brun, avec des yeux semblables à deux émeraudes. Son visage était harmonieux, mais il semblait antipathique et hostile.

— Quoi ?

— Idiote ! lança le jeune homme avec mépris.

Reprenant ses esprits, elle se dégagea de ses bras.

— Je suis désolée. Mais j'ai entendu un bruit qui m'a fait peur.

Cependant, il ne lui prêtait déjà plus attention et partit sans même s'excuser pour sa grossièreté.

— Pauvre type ! l'insulta Aislinn, réellement choquée par son comportement.

Il fit soudainement demi-tour pour lui faire face une nouvelle fois.

— Tu viens de dire quoi ? grogna-t-il entre ses dents serrées.

Aislinn ne répondit pas. À son tour, elle l'ignora, avant de lever les yeux au ciel. Décidément, cela commençait bien pour elle. Son père lui avait pourtant demandé de ne pas créer d'ennuis ni d'attirer l'attention sur elle en se faisant remarquer. Eh bien, c'était raté !

Elle s'apprêtait à rejoindre la porte de l'établissement quand le jeune homme la rattrapa.

— Ne sois pas lâche ! Répète-moi en face ce que tu as dit.

— Je n'ai pas besoin de le redire, puisque, de toute évidence, tu l'as très bien entendu. Maintenant, laisse-moi tranquille, s'il te plaît.

Mais ce n'était visiblement pas son intention. Il s'approcha dangereusement d'elle, lui donnant l'impression qu'il était devenu un géant ; elle se sentit minuscule face à lui. Il l'accula contre le mur en mettant ses deux mains sur les épaules de la jeune fille.

Néanmoins, elle ne se laissa pas impressionner par lui. De plus, comme avec les animaux sauvages, il ne fallait jamais montrer ses faiblesses, au risque de les voir se retourner contre soi.

— Alors ? On joue moins les malignes, maintenant ?

Aislinn roula des yeux, exaspérée par ce comportement ridiculement puéril. Après avoir réfléchi, elle décida de le remettre à sa place ; elle n'allait pas tenir éternellement la langue, non plus.

— En plus d'être un parfait abruti sans manières, serais-tu un lâche pour t'en prendre physiquement à une fille ?

Ses paroles semblèrent l'avoir touché, car il enleva aussitôt ses mains et s'écarta légèrement d'elle.

— Je n'ai jamais levé la main sur une fille de ma vie. Cela fait deux fois que tu m'insultes !

Elle rit.

— C'est toi qui jouais les gros durs, à l'instant.

— Tu ferais bien de te taire !

Elle n'eut pas le plaisir de lui répondre. Une voix les dérangea.

— James ! Laisse-la tranquille !

Le dénommé James se retourna.

— Ne te mêle pas de ça, le lèche-bottes !

— Fiche-lui la paix, c'est tout.

— Tu n'en as pas marre de jouer les chevaliers au grand cœur ?

— N'oublie pas que mes parents voient les tiens demain. Et je doute que ton père apprécie qu'un de ses fils joue les brutes avec les petites nouvelles.

Le jeune homme changea d'expression à cette menace. Aislinn crut y lire de l'appréhension. Après un bref juron, il les laissa et partit en marchant d'un pas rapide. Sur le chemin, il tapa contre une pierre qu'il envoya au loin.

La prophétie des astresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant