Chapitre 1 [1/3]

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La lune étincelait dans le ciel étoilé.

Cette nuit, le firmament était illuminé par les étoiles filantes qui passaient à toute vitesse. C'était signe de chance et de grande destinée.

Aislinn MacKenzie regarda ce phénomène avec une grande admiration, du haut de la tour d'observation de son père. Elle fixa l'étoile de sa mère en joignant les mains comme en prière muette – son père lui avait dit que sa défunte mère était devenue l'étoile la plus brillante du ciel et qu'elle veillait toujours sur elle.

Cette nuit était vraiment spéciale pour la jeune fille, car cette pluie d'étoiles filantes était semblable à celle du soir de sa naissance. Ainsi, elle espérait que ses prières adressées à sa mère lui parviendraient.

Au loin, Aislinn entendait des gens fêter Samhuinn ensemble autour d'un immense banquet où tous buvaient et dansaient joyeusement pour fêter le mois de novembre. Mais surtout pour célébrer le fait de pouvoir passer d'un monde à l'autre sans difficulté et, encore plus, d'avoir la possibilité d'entrer en contact avec l'Autre Monde, résidence des dieux, nommée le Sidh. Ce lieu était très différent de chez eux ; là-bas, la notion de temps n'était pas le même. Une seule journée passée dans le Sidh équivalait à plusieurs siècles. C'était l'une des raisons pour lesquelles il était déconseillé de s'y rendre et ensuite de revenir sur Terre, car la personne ne ferait plus partie du monde des vivants. N'ayant plus d'existence réelle sur Terre, elle serait condamnée à vivre comme une âme errante. Sans aucun espoir de retrouver le repos ni les joies des êtres vivants.

La fête de Samhuinn durait toute une semaine. Les festivités commençaient trois jours avant la pleine lune qui marquait le début de novembre, ce moment où chaque clan préparait avec joie une des commémorations les plus importantes pour les Celtes. Mais l'instant le plus marquant était le jour de la pleine lune, où le vrai banquet pouvait commencer. Puis les célébrations duraient pendant encore trois jours.

Les humains, eux, l'appelaient « Halloween» ; ils se déguisaient et s'amusaient à se faire peur, les enfants partaient quémander des friandises aux adultes en sonnant à leurs portes. Les gens des Tuatha Dé Danann trouvaient cette parodie de fête grotesque et offensante. Ils ne supportaient pas cette insulte faite aux coutumes ancestrales des Celtes. C'était une des raisons pour lesquelles les mortels n'étaient pas admis dans leur monde ; ils étaient séparés par un simple voile magique qui empêchait les humains de voir l'univers qui se cachait sous leurs yeux. Ils cohabitaient sur la même Terre. Toutefois, ils restaient invisibles pour eux et, quand les Tuatha Dé Danann se rendaient dans le monde humain, ils prenaient grand soin de cacher leur vraie nature, en dissimulant leur essence magique dans le regard et en n'utilisant jamais leur pouvoir devant les humains.

Samhuinn était considérée comme une fête hors du temps qui marquait une vraie rupture avec les autres jours de l'année. On prétendait même que tout était possible, à cette période de l'année si particulière qui était le passage à l'automne.

Pour Aislinn, c'était une fête maudite qui lui rappelait que sa naissance avait causé bien des souffrances à son père. Ce soir était le jour de son anniversaire, ce jour où sa mère avait perdu la vie en lui donnant naissance, à minuit pile. Et même si son père ne le lui avait jamais reproché, elle se sentait très coupable. Elle n'aurait jamais dû naître. De ça, elle en était persuadée. Elle était une erreur de la nature, un « monstre », lui disait souvent sa grand-mère, parce qu'elle n'appartenait pas totalement à leur monde. C'était un hybride vraiment unique en son genre.

Du sang humain coulait dans ses veines, car sa mère était humaine. D'ailleurs, ses parents n'auraient jamais dû s'aimer, cela avait dû mettre les dieux en colère et sa naissance avait signé l'arrêt de mort de Mathilde. Encore une fois, sa grand-mère n'avait pas été tendre avec elle, quand elle lui avait révélé le secret honteux de sa venue au monde. Cela faisait aujourd'hui deux semaines exactement qu'elle lui avait tout raconté en y prenant un plaisir malsain. En fait, Aislinn s'était toujours doutée que sa grand-mère ne l'aimait pas et, maintenant, elle en connaissait la raison.

La prophétie des astresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant