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Le bruit du va-et-vient de la mer était doux à l'oreille. Le soleil descendait paisiblement dans le ciel oranger de la petite ville de Rosas. La présence de Noah avait quelque chose d'agréable. Il admirait l'horizon, là où le soleil allait toucher la mer pour se noyer dedans jusqu'au matin suivant. Le soleil avait tapé si fort sur le sable durant toute la journée, que même après qu'il n'ait plus aucun effet sur celui-ci, le sable, était encore tiède, mes pieds en étaient recouverts. La brise d'été s'abattait sur nos visages. Nous mangions nos glaces, je n'avais pas encore fini de manger ma première boule de glace vanille Pacane, que déjà, Noah en était presque au cornet. Lorsque j'ai fini ma glace, je me suis allongée dans le sable blanc en fermant les yeux pour me laisser bercer par le doux bruit des mouettes qui volaient au-dessus de la mer bleu clair. Je les rouvris rapidement pour regarder Noah et son immobilité constante. Il restait là, assit sans dire un mot. Il prit dans son sac à dos un étuis Ray-Ban, et il mit les lunettes que la boîte renfermait. Je me suis rassise à côté de lui. Attirée par une tache jaune et blanche sur son débardeur blanc, j'ai tourné la tête.

« - Noah... Tu t'es encore taché ! Comme quand tu avais 7 ans, tu n'as pas changé à ce que je vois, lui dis-je.
- Hein ? Où ?
- Juste là. »

J'ai pointé de mon index la tâche en plein milieu du t-shirt. Il baissa la tête en suivant des yeux mon doigt, quand d'un coup, j'ai remonté mon deuxième doigt vers son nez en m'écriant « Pistache ! ». Il rigola à pleines dents. Il retira ses Ray-Ban et me regarda dans les yeux en me disant :

« - Tu me fais la même blague que quand nous étions petits, mais c'est moi qui ai 7 ans ? Me rétorqua-t-il.
- J'ai dit « pistache » pour la blague, mais tu as bien une grosse tache de glace sur le débardeur petit Noah !
- Je suis peut-être un gamin mais tu en es une aussi Crevette ! Me répondit-il.
- Tu es là depuis quand ? Lui demandais-je après un silence.
- Depuis 3 jours, pourquoi ?
- 3 jours seulement ? Mais qu'est ce que t'as foutu ? Tu as passé ta vie sur la plage pour être bronzé comme ça ?
- C'est à peu près ça haha, répondit-il, bon, et toi ? Pas de parents dans les parages ?
- Et non ! Cette année ils ont enfin accepté que j'ai grandi et que je ne suis plus un bébé.
- C'est une bonne nouvelle ça, tu vas pouvoir faire des soirées.
- Oui, mais tu pourras pas venir Noah.
- Pourquoi je ne pourrais pas venir p'tite tête ?
- Les bébés, même gros, ne seront pas acceptés.
- T'as pas osé me traiter de bébé alors que la mer n'est qu'à quelques mètres Angèle, tu joues avec le feu !
- C'est une menace ? Lui ai-je demandé en souriant.
- Non...
- C'est quoi alors ?
- Je te préviens de ce qu'il va t'arriver dans très peu de temps.
- Nooooonn !
- Aller à l'eau Mademoiselle ! »

Je n'ai même pas eu le temps de me lever pour le repousser, que j'étais déjà sur son épaule en « sac à patate ». Les quelques mèches qui s'étaient échappées de mon chignon tombaient devant mes yeux. Noah marchait vers l'eau claire. Il a sauté, et nous a emporté dans l'eau. J'ai eu à peine le temps de me boucher le nez avec le pouce et l'index. L'eau était fraîche contre ma peau, encore blanchâtre. Nous nous sommes tellement amusés, et j'ai tellement ris, que j'ai du boire une ou deux tasses d'eau de mer. Le temps où nous sortions de l'eau, le soleil s'était couché. Puis, nous avons enfilé nos sandales, tombées sur la plage quand Noah m'avait attrapé pour me mettre dans l'eau, et nous sommes partis en direction de nos maisons voisines. Sur la route, les oiseaux chantaient, gazouillaient. Nous marchions bras dessus, bras dessous, tout en nous racontant quelques anecdotes de l'année. Quand je me suis rendue compte de quelque chose. 

« - On est débiles Noah...
- Toi oui, me dit-il en me poussant de l'épaule, mais pourquoi je rentre dans le lot ?
- Parce que... Tu te rends compte . On se connaît depuis si longtemps tous les deux. Nous sommes amis depuis que nous avons 2 ans minimum, et on ne se donne des nouvelles que par des lettres écrites à la main...
- Et alors ? C'est tellement plus personnel qu'un vulgaire texto écrit sans réfléchir.
- C'est vrai, tu n'as pas tord, avouais-je.
- Mais c'est vrai aussi qu'on devrait avoir nos numéros...
- Non mais pas que ça Noah, on devrait se voir à d'autre moments que pendant les vacances à Rosas maintenant qu'on est tous les deux majeurs.
- Je ne sais pas si je pourrais te supporter plus que pendant l'été tu sais . M'avoua-t-il sur le ton de la rigolade.
- Rooohhhh, ce que tu peux être casse-pieds !
- Je sais, dit-il fièrement, c'est une de mes nombreuses qualités cachées !
- Non mais pour en revenir au fait Noah, je ne veux plus attendre chaque vacances pour te revoir, tu es mon meilleur ami, j'aimerais te voir pendant le reste de l'année. »

Il se contenta de me répondre par un sourire affirmatif. Dans le sac à dos que mon ami d'enfance avait amené à la plage, il y avait une enceinte, il connecta son téléphone en Bluetooth et mit de la musique. Nous étions au milieu de la route, aucune voiture ne passait, nous dansions, sautions. Pendant ce temps, la nuit tombait doucement mais sûrement, les grillons et autres animaux de la nuit se réveillaient : c'était la chanson nocturne de l'été qui commençait. 

Water was clearOù les histoires vivent. Découvrez maintenant