- 8 -

128 11 7
                                    

Je me suis réveillée aux aurores le lendemain. Ma tête posée sur l'épaule de Noah, dormant encore, comme un bébé, dans un sommeil profond. Je me suis levée sans faire trop de bruit. La porte de la chambre de Louise était ouverte à moitié. Une grande fille mince, affalée sur le lit, le visage perdu dans sa chevelure bonde était sur le lit. Encore habillée de sa tenue de la veille. Je me suis contentée de fermer la porte. Le petit couloir qui menait au salon avait un carrelage blanc très frais sous mes pieds, encore chauds de mon lourd sommeil. Je me suis assise sur le canapé, d'un mouvement trop vif qui a réveillé mon ami d'enfance. Merde.

« - Désolée, rendors-toi, je fais plus de bruit promis, lui ai-je chuchoté.
- Huumm... Il s'étira, j'ai assez dormi, avait-il fini par déclarer tout en baillant.
- Désolée p'tite tête...
- T'en fais pas, j'allais me réveiller dans tous les cas tu sais, il me tapa la cuisse de sa grande main pour me rassurer et pour m'affirmer qu'il ne m'en voulait pas du tout.
- Tu as bien dormi quand même ?
- Sur mes deux oreilles !
- Tout va bien alors, mais ôte moi d'un doute, je me suis endormie sur toi hier pendant notre marathon de F.R.I.E.N.D.S non ?
- Oui, je voulais pas te réveiller : t'étais si chou. Je lui ai fait un petit sourire du coin de mes lèvres.
- P'tit déj' ? Lui ai-je proposé en connaissant d'emblée la réponse avec l'habitude.
- Quelle question !
- Tu veux que je te fasses des œufs brouillés ?
- Mais qui êtes-vous ? Qu'avez-vous fait d'Angèle, la fille capable de rater des pâtes et de se brûler en les faisant ?
- C'est pas la mer à boire tu sais, c'est plus que simple je dirais même.
- Montre-moi tes talents de cuisinière alors ! s'exclama Noah un peu trop fort à mon goût alors que Louise dormait.
- OH ! Ai-je dit d'un chuchotement assez élevé, parle moins fort p'tite tête, Louise roupille !
- Ah merde... Bon alors ces œufs ? Dit-il d'un ton moins enjoué.
- C'est en cours ! »

J'ai cassé 3 œufs sur le rebord du bol que j'ai, par la suite, utilisé pour les mélanger. Une fois la poêle sur la plaque à induction, j'ai commencé à battre les œufs dans le réceptacle bleu pastel. Du sel, du poivre, du basilic, une pointe d'huile sur la poêle chauffée. L'odeur des œufs s'est dispersée dans toute la maison. Mes papilles gustatives étaient en alerte face à cette douce senteur. Une fois que les œufs étaient brouillés, je les ai servis dans une assiette pour Noah, avec du pain de la veille sur le bord de l'assiette.

J'en ai aussi envie maintenant... Alors j'ai refais le même processus une deuxième fois. Nous nous sommes régalés. Noah est reparti chez lui après avoir englouti son petit déjeuner et m'avoir fait un sermon parce que je préférais le jus d'orange au jus de pomme, à l'inverse de lui. Encore une fois, on a bien rigolé, en silence pour ne pas nuire au sommeil de Louise, mais on a bien rigolé quand même.

La belle endormie est sortie de son lit vers midi. La tête lui tournait et elle sentait encore l'alcool de la veille. Je lui avais préparé un kit « de survie » comme on le faisait toujours pour faire fuir la gueule de bois. Je lui ai tendu le petit sachet marron, elle l'a pris, m'a souri, et est allée dans sa chambre sans dire mot. Elle ne va pas s'en sortir si facilement quand même. Je voulais à tout prix savoir plus sur Myron et le reste de la scène qui m'avait échappée.

Comme à son habitude, la porte n'était pas fermée. Louise était assise en tailleur sur son lit. Elle ne voulait sûrement pas parler mais la curiosité allait me ronger si je n'en savais pas plus rapidement.   

« - Louise ? Ai-je commencé.
- Hum ? C'était un « oui » marmonné, mais j'arrivais à la déchiffrer avec le temps.
- Je t'ai vu hier avec Myron tu sais ? Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? Peut-être trop directe ?
- On s'est juste embrassé, plusieurs fois certes, mais on s'est juste embrassé Angèle.
- D'accord, mais tu fais quoi d'Antonin ?
- Putain... Euh...
- Tu te sens coupable vis-à-vis d'Antonin ?
- J'en sais trop rien, on ne s'est rien promis lui et moi, on se tourne autour depuis bien trop longtemps, et... quand on y réfléchit... s'il avait dû se passer quelque chose ça se serait passé depuis le temps tu crois pas ? Rassure-la.
- Tu as probablement raison. Il y a eu des étincelles dans vos yeux hier quand vous vous êtes vus.
- Tu m'en avais déjà parlé...
- Et j'avais parlé de toi à Myron aussi... ajoutais-je en la coupant.
- Il est si beau, tu ne trouves pas ?
- Je peux pas te dire, ce n'est pas trop mon style...
- Oui, toi ton style c'est les ficellos avec des boucles brunes, et un regard ténébreux si je ne me trompe pas, elle me fit un clin d'œil. Timothée... Et dire que j'avais réussi à me le sortir de la tête pendant presque toute la matinée, voilà qu'il refaisait une apparition dans mon esprit, pendant qu'un sourire à peine perceptible se dessinait sur mon visage.
- Serait-ce un sourire sur ton visage Angèle ? Demandait-elle fièrement. Merde. Visiblement il était trop perceptible pour Louise.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, je niais.
- Il t'a envoyé un message après que vous vous soyez envoyé en l'air sur la plage ? Elle allait exploser de rire d'ici peu de temps.
- On n'a pas couché ensemble, Louise, quand même... Tu ne croyais quand même pas que j'allais faire ma première fois avec un inconnu... et je n'ai même pas son numéro pour ma défense !
- Alors là, je ne te crois pas !
- Et pourtant...
- Tu vas me faire avaler que le type que tu dévorais des yeux hier soir et qui te mangeais des yeux lui aussi, le même avec qui tu es partie à la plage, celui avec qui tu as passé une soirée de rêve selon ce que tu me racontes, n'a pas pris ton numéro de téléphone ? Serait-ce une vaste blague ? C'est vrai que présenté comme ça c'était bizarre.
- Je ne sais pas pourquoi, je suppose que l'occasion n'a pas dû se présenter, c'était moi qui essayais de me rassurer maintenant...
- On va espérer que c'est ça alors... un blanc s'installait doucement mais sûrement.
- Louise ? Je brisais ce silence, et elle s'est contenté de tourner la tête vers moi pour que je sache qu'elle m'écoutait. Tu crois que je devrais aller le voir, pour... je ne sais pas... aller manger une glace ou une autre cochonnerie .
- Ce n'est pas une mauvaise idée ! Tu vas t'habiller comment ?
- Bah simplement pourquoi ?
- Ah... Tu vas pas te faire belle ?
- Louise on ne va pas recommencer cette discussion, si je me fais belle ce sera pour moi, pas pour quelqu'un d'autre, et si Timmy n'aime pas comment je suis habillée ça ne changera rien.
- Timmy hein... elle me jeta un regard plus que suggestif, j'éclatais de rire tout en sortant de sa grande chambre. »

Water was clearOù les histoires vivent. Découvrez maintenant