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Nous avons pris nos valises, et les avons descendues avec beaucoup de mal. Une fois en bas, je suis allée prendre des paquets de bonbons que j'avais achetés pour le départ, histoire d'avoir quelque chose à me mettre sous la dent lors du voyage. Mon père et ma mère étaient dans le salon en train de regarder un énième épisode de notre série familiale : F.R.I.E.N.D.S. Je pense que j'avais dû voir plus de 10 fois chaque épisode. Ils ont fait pause, et sont venus nous rejoindre pour nous dire au revoir. Mon père m'a pris dans ses bras et m'a dit dans l'oreille « ne fais pas trop de bêtises, ma grande... ». Je me suis sortie de son étreinte et j'ai hoché la tête en guise d'affirmation. Ma mère fit un bisou sur une des joues de Louise, puis elle vint vers moi, et déposa un bisou plein d'amour sur une des miennes, que j'avais rouge.

« - Ma petite fille qui devient grande, me dit-elle.
- Notre petite fille ! le grain de sel perpétuel de mon père.
- Tu vas nous manquer Angèle... dit ma mère.
- Vous aussi, lui répondis-je.
- Il faut vraiment qu'on y aille si on veut arriver avant la tombée de la nuit, interrompit Louise.
- Vous voulez que je vous aide à charger ta voiture Louise ? proposa mon père.
- Oui, je veux bien, j'ai un peu de mal avec mes bras en chamallow, affirmai-je.»


Mon père attrapa nos deux valises en étant sûr de pouvoir les porter toutes les deux en même temps. Bien vite il se rendit compte de leur lourdeur puis il reposa la valise rouge de ma cousine. Cette dernière et moi, avions ris discrètement. Il sortit par la baie vitrée, puis, tira ma valise en la faisant rouler sur l'herbe du jardin. Il fit de même avec le bagage de Louise, et il nous appela pour qu'on lui ouvre le coffre de la voiture de Louise. Il a chargé les deux bagages et ferma le coffre. 3 minutes plus tard, la voiture était partie. Ma cousine avait le permis depuis peu de temps mais elle se débrouillait très bien je dois dire. On avait tout de suite mis notre chanson du moment "Highway to the hell" de AC/DC. C'était une vieille chanson mais on la connaissait quand même par cœur, l'une comme l'autre. Elle a baissé le son puis m'a dit :

« - Qu'est ce qui s'est passé avec Matteo ? Qu'est-ce qu'il fichait là ?
- Il est venu avec ses yeux de chien battu, pour me dire qu'il m'aimait toujours et il m'a souhaité de bonnes vacances, mais je ne veux plus jamais reparler de lui. D'accord ?
- Pas de souci...
- Bon et toi alors ?
- Quoi moi ? me demanda-t-elle.
- Tu en es où avec Antonin ?
- C'est très compliqué en ce moment, je crois que je ne sais même plus si on flirte ou si on est juste... amis... mais je crois que moi non plus je ne veux pas en parler.
- Bon... alors parlons du fait que j'ai  hâte de revoir l'eau claire de la mer ! m'exclamai-je.
- Oui, moi aussi, en plus on va avoir la villa que pour nous deux cette fois-ci, c'est vraiment génial.
- Tu crois qu'on va revoir Noah ? lui demandais-je.
- C'est même sûr ! Il y va chaque année, un peu comme nous.
- C'est dommage qu'on ne se voie que l'été, je l'adore ce gars, c'est un peu comme mon meilleur ami... Non, en fait, C'EST mon meilleur ami !
- Il est adorable c'est vrai, approuva Louise.
- La route est vraiment longue jusque là-bas, tu crois que tu vas arriver à tenir ? Désolée de pas pouvoir conduire pour te reposer à un moment donné.
- Tu viens juste d'avoir 18 ans Angèle, c'est normal que tu ne saches pas encore super bien conduire, et ça ne me dérange pas de prendre le volant, tu le sais.
- Peut-être, mais je ne sais pas si je vais tenir éveillée pendant 4 heures tu sais ?
- Dors, ça ne me dérange pas.
- Il est vrai ce mensonge ? l'interrogeai-je.
- Dors je te dis ! »

J'ai alors baissé le dossier du siège, j'ai fermé les yeux, et j'ai plongé dans un sommeil profond ou je nageais dans un monde remplit de rêve. Louise m'a réveillé très brusquement avec notre musique, mais même quand je suis dans les vapes du réveil, je la chante, d'abord d'une petite voix endormie, puis très rapidement en y mettant toutes mes forces. Elle riait à pleines dents, fière de m'avoir réveillé. Son rire était très communicatif, alors je me mis bêtement à rire de mon propre réveil. On riait comme deux idiotes et on n'arrivait plus à s'arrêter. Louise dut stopper sur une aire de repos parce qu'elle n'arrivait même plus à conduire droit. Une fois arrêtée, elle ajouta :

« - T'aurais dû voir ta tête ! 
- Pfiouuu, ça faisait longtemps que j'avais pas ri comme ça tu sais, lui avouai-je.
- Je sens qu'on ne va pas en avoir qu'un de fou rire, tu sais ?
- Oui, je m'en doute, c'est même sûr! Bon, tu as faim ?
- Une faim d'ogre ! s'exclama-t-elle.
- Alors tu viens avec moi, on va au magasin chercher de quoi manger, c'est moi qui régale.
- Je ne peux pas me permettre de refuser une proposition pour manger, quand même ! »

Nous sommes toutes les deux descendues de la voiture noire. Louise détacha ses cheveux blond vénitien et les agita de sa main droite. Elle portait un crop-top blanc. Ses jambes toutes fines, à la limite de la maigreur, étaient dans un jean Levis. Ses Vans étaient à carreaux noirs et blancs, alors que personnellement, je portais un t-shirt noir ample et simple. Mon jean, lui, était rouge vif. Mes cheveux bruns étaient attachés en un chignon mal fait, sur le haut du crâne, tandis que quelques mèches dépassaient sur le devant. Nous étions de la même taille, malgré mon année de moins qu'elle. Les portes coulissantes du supermarché d'autoroute s'ouvrirent une fois que nous étions devant. Une bouffée d'air climatisé nous était arrivée en pleine tête. L'air y était presque trop froid. Nous sommes allées au rayon boisson et avons pris 2 canettes de Coca-Cola, puis nous avons pris des chips goût barbecue. En arrivant à la caisse, les deux garçons qui étaient devant nous se sont retournés et nous ont souri. Sourire que nous leur avons rendu, puisque nous étions polies. Ils ont payé leurs achats et sont sortis. Nous avons payé et nous sommes, nous aussi, sorties. La voiture n'était qu'à quelques mètres, mais le temps que nous arrivions jusqu'à elle j'ai eu le temps de les apercevoir. Je ne leur ai prêté attention que quelques secondes, mais assez de temps pour me rendre compte que les yeux d'un des deux étaient d'un vert presque translucide. Ma cousine et moi sommes rentrées dans la voiture et nous avons démarré presque automatiquement, en direction de Rosas.

Cela faisait presque 4 heures maintenant que nous avions quitté la maison et le temps commençait à se faire long. J'ai lu pendant le reste du temps avant d'arriver. Dix minutes avant d'arriver dans notre maison familiale, on pouvait déjà voir l'eau de la plage. L'eau, qui était claire. La mer était turquoise, c'était encore plus magnifique que dans mes souvenirs. Le sable, d'un blanc immaculé et le ciel sans nuages. Avant de partir, nous nous étions mises en maillot de bain sous nos vêtements au cas où la tentation de plonger dans l'eau de la mer en arrivant aurait été trop forte. Elle l'était, et je n'ai même pas eu besoin de le dire à Louise, un simple regard avait suffi. Au lieu de tourner vers la gauche, en direction du haut d'une colline, nous avons continué tout droit. Il y avait un marché plus loin dans la rue : on pouvait entendre la cacophonie des gens qui parlaient. La mer, son sable blanc et les hauts palmiers étaient sur notre droite. À la première sortie, nous avons tourné sur la droite et nous nous sommes garées sur le parking de la plage. On avait aussi préparé, avant de partir, un sac de plage, avec tout le nécessaire : serviettes, crème solaire, lunettes de soleil. Pas grand-chose mais juste ce qu'il fallait pour une petite baignade. J'ai ouvert la portière arrière droite, ai pris ce sac de plage, et ai demandé à Louise de prendre nos canettes de Coca-Cola, encore fraîches. Nous avons fermé la voiture. En deux temps, trois mouvements, nous étions sur la plage paradisiaque.


Water was clearOù les histoires vivent. Découvrez maintenant