Chapitre 105

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Mika a l'air un peu moins boudeur, je crois.

Andy: "Ca va? Tu vas bien? Tu as faim peut être? "

Mika :" Non, non, c'est pas ça..."

Je suis mitigé. Est ce que j'essaie de creuser ce qui ne va pas? S'il voulait en parler, il me l'aurait dit, mais en même temps si je le laisse ronger son frein comme ça, je risque de l'avoir boudeur pour toute la journée.

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Je préfère finalement ne pas relever et continuer mon chemin. S'il ne veut pas en parler, je peux comprendre, il a aussi le droit de ne pas être de bonne humeur. Mais cela me fait un peu drôle. J'espère que ce qui l'ennuie ne va pas le tracasser longtemps.

Nos pas nous emmènent ensuite le long d'une avenue longée de boutiques plus prestigieuses les unes que les autres, ainsi que beaucoup de bijouteries où les prix sont tellement indécents que les étiquettes ne les annoncent même pas en vitrine. Je n'ose imaginer le genre de personnes qui doivent pouvoir passer ces portes et acheter ne serait ce qu'une montre dans ces endroits. Jamais je ne risque de faire partie de ces gens là, c'est vraiment un autre monde. A force de marcher nous finissons par arriver à un endroit mythique de Paris, surtout pour mon compagnon. Un des lieux qu'il avait retenu tout de suite dans notre sélection de truc à voir ici. Nous sommes au pieds de L'Olympia, une des salles de spectacles les plus enviées des artistes de la scène française. Je tourne la tête et je vois que son visage s'est transformé à la vue de cet endroit. Les grandes lettres rouges annoncent l'affiche de Cesaria Evora pour ce soir et encore demain soir. Je ne la connais pas, mais juste être devant ce lieu de spectacle a quelque chose d'imposant je trouve. Je suis curieux de savoir ce que pense Mika, lui qui rêve sans doute de performer un jour dans une salle de cette envergure. Cette idée doit sûrement lui traverser l'esprit en ce moment, est ce qu'il s'imagine sur la scène, à quelques dizaines de mètres de là où nous nous situons. Je fixe mon attention sur son visage, son expression est de nouveau celle d'un enfant à qui on aurait promis une glace. Enfin plutôt un chocolat chaud ou une sucette en cette saison, mais bon...

Il est encore tôt, la salle n'est pas ouverte, impossible pour nous d'y pénétrer, il y a des grilles devant l'entrée. Mais nous pouvons apercevoir à travers elles, un long couloir tapissé de photos et affiches d'artistes. Une idée me vient alors. Je ne sais pas s'il reste des places pour ce soir ou demain, peut être que je peux me renseigner discrètement sur leur site internet, en espérant que ce ne soit pas tout mis en français. Je ne connais pas l'artiste qui performe mais je sais que Mika est curieux de tout donc je me dis que ça devrait lui faire plaisir. Enfin j'espère. Je prends un ou deux clichés à l'insu de mon homme pour saisir le moment où il est en admiration devant les lettres rouges. J'espère qu'un jour je pourrai prendre le même cliché mais avec des lettres écrivant son nom à lui. Il le mérite et j'espère que si ce jour arrive je serai toujours à ses côtés.

Je crois que nous sommes petit à petit réveillés par nos estomacs, nous n'avons pas encore mangé et il va bientôt être 13h. Nous essayons de retrouver notre chemin dans le petit dédale des rues, notre objectif est d'atteindre la gare d'où nous sommes venus tout à l'heure. Le silence entre nous deux semble un peu plus pesant. Je ne sais pas trop ce qui se trame dans son esprit, est ce qu'il est toujours perdu dans le rêve éveillé de pouvoir un jour monter sur la scène de l'Olympia? Est ce qu'il y a autre chose? Est ce que son angoisse que son album ne soit pas prêt revient le hanter? Je n'arrive pas à me décider, mais je sens bien qu'un certain malaise s'est installé entre nous un peu. Il ne me fait pas clairement la tête, d'ailleurs pour quelle raison le ferait il? Je ne vois pas. Mais il est bien plus silencieux qu'à l'accoutumée et surtout je vois que ses sourcils sont froncés, signe que j'ai plusieurs fois observé lorsqu'il est contrarié ou préoccupé. J'espère juste que c'est passager et qu'il va pouvoir passer au dessus pour qu'on profite pleinement de notre weekend. Mais pour le moment je n'ose toujours pas lui poser de questions, nous sommes en pleine rue et je ne veux pas qu'il se sente plus mal au milieu de tout le monde. Je garde donc pour moi mes questions. Pour l'instant.

Le chemin jusqu'à toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant