Chapitre 173

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Comme j'ai un peu de temps avant de rejoindre le tournage, je sors aller acheter un médicament à la pharmacie au coin de la rue, que je dépose sur la table basse bien en évidence avec un verre d'eau.  J'espère qu'il le verra et comprendra que c'est pour lui.

Chapitre 173

Lorsque j'arrive avec mon matériel sous le bras sur le lieu du tournage, je ne suis pas le premier pour une fois. Heureusement, ça me va bien. Je ne voulais surtout pas me retrouver coincé, seul, avec le même connard qu'hier. Surtout ce matin où je n'ai clairement pas assez dormi et où la fatigue va certainement réduire drastiquement mon empathie et ma bienveillance. Je pense que je risque d'être taciturne et grincheux toute la journée. Et ce n'est pas le tournage d'aujourd'hui qui va m'aider à sortir de mon humeur maussade.  Joddie et Maddy essaient pourtant de me faire un peu parler, me voyant renfrogné en arrivant, mais elles n'obtiennent pas grand chose au final de moi. Je sais que c'est con, mais quand je suis fatigué, mon côté asocial revient en flèche. J'ai beau dire devant Adam que je ne le suis pas, mais en vrai, c'est clair que mon premier réflexe en société, c'est de me murer dans le silence et d'éviter les nouveaux contacts. C'est plutôt rare que j'aille de moi même parler aux gens. Encore au boulot je me force un peu, car il faut le faire. Mais ça me demande pas mal d'efforts. Mais dès que je suis derrière ma caméra ou en montage, c'est différent. Au final, c'est juste que ma façon de m'exprimer est différente, au lieu de parler, je place dans mes montages mes émotions et mon regard sur le monde. Mais pas aujourd'hui. Je sais que je ne serai pas de très bonne compagnie pour mes collègues et encore moins pour le pseudo peintre qu'on filme. Franchement, ce mec est une plaie. Depuis ce matin, c'est rebelote comme hier, il est infernal, il refuse toutes nos suggestions et se plaint tout le temps. Il critique nos choix, il est tellement imbu de lui-même lors des passages interviews que ça ne passe pas du tout à la caméra, qui grossit encore plus ce trait. 

Le midi, j'envoie un petit message à Mika pour lui demander s'il va mieux. Il est peut-être encore en train de dormir en même temps, vu qu'il n'a pas dormi de toute la nuit. Il m'a juste envoyé un texto dans la matinée pour me remercier des médicaments et me souhaiter une bonne journée, ce qui m'a rassuré et fais plaisir.

Après avoir continué à travailler tout l'après-midi, le tournage est de plus en plus désastreux. Je ne sais même pas si nous avons quelques minutes de montrable à ce stade, alors que ça fait presque une journée et demie que nous le filmons. C'est clairement compromis pour essayer d'en tirer un bon reportage. Je ne sais pas comment on va s'en démêler. En fin de journée, je vais donc voir Tim pour lui demander ce qu'on fait. Je ne sais même pas trop  si ça vaut le coup qu'on continue à  ce rythme. On ne fait que s'épuiser pour n'obtenir rien de bon, rien d'exploitable, à mon avis. Je pense que ce reportage sera bien en dessous de la qualité qu'on a mise sur les autres. Je suis dégouté, car au final, à cause d'un connard de peintre qui se croit mieux que tout le monde, c'est le travail de toute notre boite qui va être discrédité. Lorsque je m'approche de Tim, je le vois aux bords des nerfs, il est clairement lui aussi à bout. Je lui fais signe de me rejoindre un peu à l'écart. Lorsqu'il le fait enfin, j'hésite un peu sur la façon de le lui dire. 

Andy :"Tim, ... Je sais que ce n'est pas évident pour toi, mais là, on n'arrive à rien. Tout ce qu'on filme depuis ce matin n'est pas qualitatif. Les plans sans l'artiste ça va, et encore c'est pauvre, puisqu'on ne peut filmer que la partie galerie en libre accès du public. Mais ce lieu n'a pas d'âme, donc même ces images sont assez fades. Et ce sont les mieux qu'on ait pour le moment. "

Tim : "Oui, je sais. Je ne sais pas quoi faire, car je vois bien qu'on n'arrive à rien de bon. Essayez de tenir encore une heure et prenez un maximum de prises différentes, tant pis pour la qualité. On va essayer au moins d'avoir tout le matériel nécessaire pour monter le reportage complet. Pour la qualité des images, je vais en parler avec le client. "

Le chemin jusqu'à toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant