Le chemin jusqu'à toi

Chapitre 190

Les jours qui suivent ressemblent à ceux précédents, je passe le plus de temps entre ma mère, mon père, Yannis et la plage. Je savoure ces instants de déconnexion totale. Je ne pense plus aux soucis du boutot. J'ai mis dans un coin de ma tête le fait de ne pas dire que je suis gay à ma famille. Depuis que j'ai parlé de Mika en tant qu'ami, ma peur s'est un peu dissipée et je me dis que la situation peut rester comme ça pour l'instant. Ils n'ont pas besoin d'en savoir plus pour le moment. D'autant que Yannis, lui sait a présent et c'est un vrai soulagement.

Chapitre 190

Je me réveille en sueur... J'ai encore un rêve étrange et dérangeant en tête. Je devenais aveugle, sourd et muet. J'étais coupé de toute la réalité du monde. Je ne pouvais plus faire mon métier, je ne pouvais plus communiquer avec mes proches, je ne pouvais plus voir mon compagnon. Ma respiration est haletante. Je ressens encore les battements rapides de mon cœur qui tape dans ma poitrine. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ce rêve. Il me laisse un sentiment d'angoisse. Comme un présage que je vais souffrir prochainement. Je ne sais pas pourquoi, car je n'ai jamais été aussi heureux. Soit, je suis un peu triste de quitter la Grèce aujourd'hui, mais j'y ai passé de bons moments et je suis très heureux de revoir Mika après tous ces jours d'absence. J'aime mon travail, j'aime mon compagnon, je suis vraiment content de ma vie actuellement. Ce rêve contraste donc beaucoup avec mon humeur du moment. J'espère que ce n'est pas un mauvais signe.

J'essaie de chasser rapidement ces pensées de ma tête pour profiter un maximum des dernières heures avec mes parents et mon ami. Il est venu au petit-déjeuner ce matin avec nous et nous parlons tous de manière chaleureuse et nonchalante. Nous ne sommes jamais seuls tous les deux et donc il ne me reparle pas de ce que je lui ai révélé hier. Mais je sens un regard bienveillant qui me conforte dans le fait de lui avoir tout dit avant de repartir. Pour mes parents je sais que c'est trop tôt. Un jour je leur dirai mais je ne veux pas précipiter les choses, car mon homosexualité révélée entraînera d'autres choses difficiles à encaisser pour eux. Comme ne pas me voir revenir en Grèce, ne pas fonder une famille traditionnelle, ne pas leur donner de petits enfants... Et devoir assumer mon identité parmi leurs amis et dans le village de mes grands parents. Ça fait beaucoup. Et je ne suis pas encore assez solide pour risquer de perdre le lien que j'ai avec eux s'ils ne comprennent pas.

C'est pourquoi ce matin, je profite pleinement de ce moment en essayant de m'incruster dans la tête le souvenir de l'odeur de la cuisine, des sons des voix, des bruits extérieurs du vent tapant le volet, du tic tac de l'horloge murale. Tous ces détails qui font la scène dans son ensemble. La douce atmosphère chaleureuse et accueillante de personnes qui s'aiment même s'ils ne se le disent pas à haute voix. Je ferme les yeux un instant et sourit en focalisant mon esprit sur tout ça. Je veux m'en souvenir pour les mois à venir en Angleterre. C'est ce qui me fera tenir lorsque par moment je me sentirai nostalgique et que j'aurai besoin de réconfort.

Lorsqu'il est bientôt l'heure de partir, je monte dans ma chambre récupérer mon sac, que j'avais déjà préparé et redescends dire au revoir à tout le monde. Mon père m'accompagne jusqu'à la gare la plus proche cette fois-ci, donc pas besoin de prendre le bus. C'est un soulagement, car ils ne sont pas toujours très à l'heure et j'avais peur de rater le train qui me mènerait à Athènes. J'embrasse ma mère, serre la main de mon ami Yannis, qui me serre contre lui dans un geste amical. Je lui souris, avec toute la confiance d'une amitié de longue date.
Ma mère me fait promettre de lui donner des nouvelles plus souvent. Elle ajoute aussi, que la prochaine fois, je peux amener une fiancée avec moi, mais je n'y réponds pas et fais comme si je n'avais rien entendu. Yannis me sourit un peu plus avec l'air de dire, tu n'y échapperas pas tant que tu ne leur diras rien... Je le sais. Peut être la prochaine fois que je reviendrai, j'en aurai le courage ? Tout ce que je sais c'est que c'est une révélation que je dois leur faire en face à face et pas par téléphone.