chapitre 8

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L'aube se leva. Le barde grogna lorsque qu'il ouvrit un œil et aperçu des deux compagnons déjà levés et prêt à partir. Même cette fidèle Ablette semblait prête. Il tendit les jambes et les bras pour que, dans un geste synchronisé, il s'étire. Ensuite, il baille et enfin il se lève.

- Enfin, nous avons bien cru devoir te laisser là ?

- Vous pensez déjà à m'abandonner ?

Le Sorceleur se figea, prenant ses propos pour lui, trop à coeur. Les deux autres le remarquèrent mais ne le contredirent pas. Le Sorceleur l'avait bien mérité. Le bard n'était pas tout à fait enclin à oublier et la Blanche, ayant vu la scène, l'avait trouvé injuste également.

La jeune femme finit par soupirer et écarta ce silence trop lourd. Elle se décide à chatouiller le conteur.

- Non, grand Dieu. Qui chantera nos louanges si nous tombons ?

Jaskier prit la plaisanterie aux mots et ajoute avec un sourire en coin.

- Blanche, ton humour et ta reconnaissance pour mon art me déplaisent.

Le Sorceleur les regardait. Il ne comprenait pas comment ces deux là faisaient pour parler librement ainsi. Peut-être était-ce par sa condition de Sorceleur qui le rendait interdit à parler à tout vient. Pourtant, ils ne se connaissaient que depuis une demi-journée et ils s'échangeaient des blagues et des souvenirs. Non, le Sorceleur ne serait jamais capable de faire pareil. De faire preuve d'autant d'humanité.

- Nous partons ?

- Oui, il est grand temps. Cintra n'attendra pas plus.

Ils montèrent à cheval tout les trois. Ils s'étaient mis d'accord que, puisque Ablette portait non seulement Geralt mais aussi Jaskier, c'était à Philipe, le cheval de Blanche de porter les provisions. La femme ouvrait la marche avec son cheval. La cadence était soutenue et accompagnée des notes jouées par le luth du bard.

Après deux heures de chevauchée, ils traversèrent un village. La blanche prit l'initiative de se recouvrir la tête de son capuchon, Geralt l'imite. Jaskier quant à lui, en tant que troubadour, cessa seulement de chanter.
Le villa semblait éteint. Les volets étaient fermés alors que le soleil était haut dans le ciel. Personne dans les rues, pas de marchés, pas de bruits.
Les deux cavaliers restèrent sur leur garde. Blanche avait tiré sa machette de sa hanche.

Soudain, un villageois sortit d'une des rues et se précipite vers Geralt De Riv.

- Vous êtes le Sorceleur, ce loup blanc, n'est-ce pas ?!

- hum.

Le villageois semblait paniqué. Blanche comprit tout de suite, il y avait ici, un monstre qui forçait le village à vivre confiner. Elle levait les yeux, ceci ralentirait beaucoup trop la quête de la destinée. Elle dévisagea un moment le Sorceleur. Il ne tournerait jamais le dos à un travail. C'était sa vie. Mais, d'un autre côté, il s'agissait de son enfant surprise qui l'attendait à Cintra. Alors, que choisiras-tu Sorceleur?

- Il y a un monstre ici, un monstre ignoble qui vient manger nos fils et nos filles, nous avons besoin de ton aide Sorceleur. Nous avons de quoi te payer !

Le bard lui aussi attendait la réaction du Sorceleur. Allait-il l'aider ? Ou choisir sa propre destinée ?

Le Sorceleur quant-à lui faisait face à se tourment sans trouver le chemin à emprunter. D'un côté il y a avait son code, sa vie, il était un Sorceleur, et en tant que tel, il se devait de chasser les monstres. Mais, il savait également qu'allait à l'encontre de la destinée pouvait être bien plus néfaste.
Il aurait voulu que la femme ou le bard lui disent quoi faire. Mais ils restèrent muets. Il se dit un instant que Yennefer, elle aurait donné son avis dans une pareille situation. Puis il regretta en comprenant, si les deux ne disaient rien, c'était pour laisser le choix complet au Sorceleur.

Pourtant il ne savait toujours pas quoi faire, et le villageois en face de lui semblait impatient.

- Alors, Sorceleur ?!

Ce dernier fixe un instant le visage de ses compagnons avant de demander.

- Où sont les corps des enfants ?

Le villageois prit ça pour un "oui". Il les conduisit jusqu'à plusieurs tables où étaient couchés les enfants. Geralt descendit de son cheval pour aller les examiner. Pendant ce temps, Ablette se rapprochait de Philippe.

- Qu'est-ce que tu en penses ? N'aurions nous pas du repartir pour Cintra ?

La jeune femme ne quittait pas le Sorceleur des yeux. Celui ci plongea sa main dans le ventre ouvert d'un enfant. Ensuite il lui dénuda les jambes.

- Je pense que c'est à Geralt de voir. Après tout, nous ne pouvons pas lui demander d'abandonner la vie qu'il a toujours vécu.

Jaskier ne parlait plus. Du moins, pendant cinq minutes tout au plus.

- Mais cette petite, si elle meurt à Cintra?

- Elle ne mourra pas.

Jaskier l'observe, venait elle d'avoir une vision divine pour lui donner la réponse. Elle semblait sûr d'elle.

- Comment tu le sais ?

Blanche fit un mouvement de menton en la direction du blanc de cheveux, avec un sourire.

- Elle est sa providence. Quoi qu'il se passe, ils sont destinés à se retrouver. Alors si nous n'influençons pas ses choix, le destin restera le même.

Jaskier accepta cette réponse et se contente de regarder, comme Blanche, Geralt autopsiait le corps de cet enfant mort.

- C'est un vif-garou. Aucun doute.

- Que devons-nous faire ?

- Vous rien.

Il tourne la tête vers ses compagnons cherchant un signe de négation ou de déception mais il les trouve, tout les deux à l'observer en attendant sa décision. Il était d'un coup mal à l'aise. Il ferme les yeux un instant pour réfléchir. Mais il en était sûr, il devait aider ce village.

- Où avez vous trouver le dernier corps ?

Il avait choisit. Ils galoperaient si il le fallait pour rejoindre Cintra, mais il devait sauver ce village.

- Suivez moi, je vous y conduit.

Blanche descendit de son cheval et vint l'attacher à un barreau. Jaskier fit de même avec Ablette.

- Que faites vous ?

- Nous t'accompagnons bien sûr.

- Pour que nous nous fassions voler nos chevaux ?

Blanche frisonne. Se faire voler Philippe alors que ce cheval lui avait coûté plus cher que tout ce qu'elle avait acheter jusqu'à présent ?
A ça non.

- Jaskier, tu restes avec les chevaux pendant que j'aide Geralt ?

- Et puis quoi encore, comment veux-tu que j'écrive mes balades sans histoire à raconter ?

La femme ne put empêcher un sourire de franchir ses lèvres. Elle leva les mains résigner et rejoignis les chevaux.

- Soyez prudent et rapide.

- Ne t'inquiètes pas, nous serons revenus le plus vite possible.

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