Toujours assise sur mon lit, je m'ennuie.
J'ai à côté de moi un chariot en fer noir qui porte mon repas. Ce soir, c'est une soupe froide de tomates de la région avec un fromage crémeux sur du pain et après une petite crème a la pistache cuisiner par la mère de Gabriel.
Elle est venue le chercher cet après-midi après son cours particulier.
Je finis mon petit pot en verre de cette crème délicieuse. Je le dépose sur le chariot et d'un coup de Kori l'expédie dans la cuisine où est resté Maën. Seulement le chariot heurte le mur et ne veut plus bouger. J'ai beau demander plusieurs souhaits à la suite, il ne veut plus bouger.
Maën entre dans la pièce et emmène le petit chariot. Ça arrive assez souvent que le souhait demandé échoue en cours de route.
J'ouvre les pages de mon livre, mais rien à faire. Je m'ennuie.
- Maën ? J'entends ses pas rapides se rapprocher de la porte de ma chambre.
- Oui madame ? Il passe la porte en même temps qu'il parle.
- Tu penses que tu pourrais m'emmène dans le salon de thé ?
- Je ne bougerais pas si j'étais vous pour vous soigner.
- Maën ?
- Oui ?
- Emmène-moi dans le salon de thé. Je lui souris et il souffle.
Je m'approche du bord du lit et ses deux bras se posent sous mes cuisses et dans mon dos pour me porter.
Il me dépose sur le fauteuil du salon de thé. J'observe grâce à la grande ouverture dans le mur donnant sur le jardin intérieur l'état de mes fleurs. Le hall d'entrée, la cuisine, la pièce détente et le salon de thé sont toutes les quatre ouvertes par des arches intérieurs donnant directement sur le jardin, aucun porte, juste des ouvertures le mur. Ici, à Aoï, il ne pleut quasiment jamais et lorsque c'est le cas, il y a une évacuation grâce à la petite fontaine trônant au milieu du jardin.
Depuis mon fauteuil, j'observe Maën faire la vaisselle a la main. Il vit sans magie. Il doit se lever tout le temps s'il veut prendre ou poser quelque chose, il ne peut rien déléguer ni même s'aider d'elle.
Je finis mon thé et mon livre et lui demande alors de me déposer dans mon lit. Il sort de la pièce le temps que j'enfile ma robe de nuit. Il entre dans son pyjama habituel, c'est une sorte de kimono offert par les commerçants du dessous, car il les aide de temps en temps. Il porte un short blanc et une chemise en portefeuille blanche elle aussi.
Il fait correctement son lit avant de s'assoir dessus. Il ne bouge pas et attend que je m'endorme pour pouvoir dormir.
- Dit Maën, comment tu as su que tu n'avais pas de Kori.
- Eh bien comme vous l'avez expliqué a Gabriel cet après-midi, j'ai passé le test lorsque j'avais dix ans.
- C'est dur pour moi de m'imaginer comment tu peux ne pas en avoir.
- De la même manière, c'est dur pour moi de comprendre comment vous pouvez en avoir madame.
Un long silence s'ensuit. Il ne bouche toujours pas, il fixe le mur et attend simplement que je dorme.
- Tu faisais quoi avant de découvrir que tu n'avais pas de Kori ? Si tu as passé le test à dix ans ça veut dire que tu faisais autre chose avant...
- Vous devriez dormir madame. Il évite ma question.
- Maën, je t'ordonne de me répondre.
- Très bien madame.
- Tu vivais ou avant que mon grand-père ne disparaisse ?
- Dans un village très loin de la capitale, mais je n'ai jamais su son nom, je sais juste que j'ai mis longtemps à venir en calèche jusqu'ici.
- Et tu vivais dans une famille ? La tienne ?
Il serre ses mâchoires et semble réticent à répondre. Il sait qu'il doit m'obéir, c'est le rôle des esclaves, en tant que maitresse, j'ai le droit de vie ou de mort sur lui. Cette sorte de hiérarchie le pousse a devoir me répondre, mais plus que ça, il a fait un pacte sur l'honneur à mon grand-père promettant qu'il servirait pour notre famille jusqu'à ce que son maitre ou sa maitresse lui rende sa liberté.
On frappe à la porte et il saute sur ses deux jambes.
- Je vais ouvrir !
Il a réussi à s'échapper cette fois, mais je saurais. Dès qu'il reviendra, je lui demanderais. Je fixe ma jambe et me maudis de ne pas pouvoir me lever.
Je fixe ma jambe et me maudis de ne pas pouvoir me lever. Il entre furtivement dans la pièce en baissant le haut de son corps et me demandant :
- Madame, il y a eu un affrontement avec un homme non-identifier, ça a fait des dégâts dans le commerce des parents de Gabriel, m'autorisez-vous à aller aider ?
- Oui vas y, je veux juste que tu sois rentré avant le lever du soleil.
Ça fait une heure qu'il est parti et je n'ai pas bougé d'un pouce. J'ai un torrent de question dans ma tête.
Qui est cet homme masqué ?
Pourquoi sa Kori est-elle noire ?
Comment il peut en avoir une aussi puissante ?
Comment a-t-il fait pour passer la frontière sans être vu ? S'est-il caché toute sa vie ?
A-t-il échappé au test à nos dix ans ?
Vient-il d'un autre pays ?
Pourquoi Maën ne veut rien me dire ?
Pourquoi est-il si secret tout le temps ?
Pourquoi est-ce qu'il est toujours aussi formel ?
Pourquoi est-ce qu'il ne me demande jamais ce que je peux faire ou comment je me sens ?
Pourquoi est-ce que je me sens si seule ?
Pourquoi est-ce que maintenant qu'il est parti et que depuis que je suis seule dans cet immense appartement ma gorge se sers et mon cœur bat fortement ?
Pourquoi est-ce qu'a chaque bruit, je sursaute ?
Pourquoi je n'arrive tout simplement pas à être aussi forte que je le voudrais...
Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à dormir maintenant...
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On en apprend un peu plus quant aux lois des esclaves.N'hésitez pas à commenter ☺️.
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La couleur de ton ciel
RomanceSuivez l'histoire de Siana, une jeune adulte qui vit dans un monde parallèle au notre. En effet dans ce monde la technologie a été troquée contre une magie appelée Kori. Cette magie qui a longtemps servie à aider la population a été détournée par d...