10 - Et si j'enquêtais...

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- Mon père gère... 

- La plus grande entreprise de teinturerie du pays, je sais. Je complète le début de sa phrase. - À ce que je vois, vous connaissez bien l'histoire de ma famille. 
- Pas de votre famille, mais seulement de l'entreprise de votre père ainsi que sa très mauvaise réputation. - Ah ça il ne peut plus y échapper, tant mieux c'est simplement ce qu'il mérite. Me répond-il en rigolant. Je vais vous laisser pour aujourd'hui, il est presque midi et je suis attendu pour déjeuner. 

Il se lève et siffle pour que ses trois acolytes débarquent dans le salon. Il prend ses affaires et emmène au passage mon livre. 


- Excusez-moi, mais le livre... 
- C'est une excuse pour vous revoir très bientôt Siana. 

L'entendre dire mon prénom me donne un léger frisson. Ça faisais longtemps que je ne l'avais pas entendu sortir de la bouche d'un homme. 


- Bien messieurs en route ! Dit-il d'un ton égaillé. 


Il se tourne vers moi et embrasse de nouveau le dos de ma main avant de tourner les talons. Ses hommes passent et bousculent Maën qui regarde le sol. Je suis son regard pour poser mes yeux sur des traces de terres et de boues venant du balcon. Les deux hommes se regardent et rient. Ils se moquent de lui. L'esclave lui ramasse le verre qu'ils ont fait tombé en le bousculant et lui fait un petit signe de tête compatissant. 


Ils passent tous la porte et Maën ferme celle-ci. Debout et face à la porte, je le regarde partir dans la pièce derrière la cuisine. Cette pièce est nommée « salle des esclaves » ici, c'est souvent derrière la cuisine, dans une minuscule pièce que se trouve tout le matériel qu'utilisent les esclaves ainsi que leur lit. Je n'ai jamais voulu que Maën dorme dans cette pièce en prétextant qu'il y faisait très froid la nuit lorsqu'en réalité, j'avais juste très peur de dormir seule. 


Il en sors avec une éponge et une bassine d'eau chaude. Il frotte les traces boue sur le tapis, elles prendront sûrement un temps fou avant de disparaître. 


Je regarde le ciel par la fenêtre et retourne mes yeux pour qu'ils se posent sur lui. Ses cheveux noirs se bataillent dans des boucles tombantes les unes sur les autres, ils sont relativement longs, mais ont chaque fois que je lui demande s'il veut les couper, il refuse. Sa peau est plus claire que la mienne, cela montre qu'il n'a pas été beaucoup exposé au soleil durant ses plus jeunes années en temps qu'esclave. De nos jours, j'essais de ne pas trop lui demander de m'accompagner dehors, sa peau est très sensible et le soleil lui laisse de grosse plaque rouge vives très douloureuse. Des coups de soleil, personne n'en a ici... Ses yeux noisette finissent par se poser dans les miens et il me fait un faible sourire. 


- Je vais sortir, il me reste une petite heure avant le repas, je serais revenue à temps. 
- Très bien madame bonne promenade. 

Les étales sont encore de sortie et sous certains marchands, on peut trouver de l'ombre sur les fruits et légumes exposé. 


J'ai décidé cette fois-ci de me balader dans les grandes avenues, l'interpellation entre le bibliothécaire et moi-même et encore fraîche dans ma mémoire. Que se serait-il passé si cet homme mystérieux n'avait pas, sans faire exprès, bloquer mon assaillant... 


J'aurai été emprisonnée par le roi et comme on le sait, quiconque entre en temps que prisonnier du roi dans le palais n'en ressors jamais. Je me demande bien ce qu'il peut s'y passer...


Est-ce qu'ils deviennent tous des esclaves du roi ? 
Ça fait beaucoup quand même. 
Que peut-il leur arriver... 


Personne ne le sait. 


Mon petit sac heurte une étale par mégarde et le marchand me réprimande. 


- Ah, mais regardez donc ou vous allez bon sang, mes beaux légumes. Il relève la tête et s'aperçoit que c'est moi. Oh, excuse moi ma petite Siana, je ne savais pas que c'était toi, tu sais les gens ici sont parfois irrespectueux des pauvre vieux marchand comme moi. Prends donc un fruit si tu veux. 
- Non merci, je vous laisse vos beaux légumes et fruits pour vos clients. 

Je lui répond avec un sourire et il m'en rend un en retour. Je détourne de la grande avenue pour aller dans une petite ruelle, depuis celle-ci, on peut accéder aux ruines d'une ancienne capitale, celle qui l'a était, il y a bien des années. Mes parents n'étais même pas nés et ni même mon grand-père d'ailleurs. 


Au travers de ces ruines, le soleil passe à la moindre fissure, le moindre joint tombé entre deux pierres, la moindre écorchure de granite. Le sol crisse sous mes pas, le sable doré roule et aime la pierre faisant un chemin a chaque pas posé. Je suis le chemin de dalle, entre les colonnes en pierre de couleur ocre et leur socle encore intacte. Seul le plafond et quelques murs sont tombés. 


À la fin du chemin, on arrive sur une grande maison, une maison de très haut placer. Dans le jardin de cette maison, le mur est tombé et lorsque l'on s'assoit sur le banc en marbre resté intact, on surplombe la ville. Cette immensité de maison et de commerce. D'ici on se sent puissant. 


Je prends dans mon sac le livre que j'ai emporté ainsi qu'une plume spéciale. Je tourne les pages couverte d'encre noire, de mots et d'histoire. Sur une page, je m'arrête et trempe ma plume dans le liquide translucide. J'y écris des mots invisible, que seul les plus doués d'esprit peuvent lire. 


Je regarde aux alentours, vérifiant que personne ne m'as suivie et en montrant la feuille au soleil elle lui dévoilent tous ses secrets. 


Cette encre n'est visible que par la lumière du soleil. Cette encre est faite grâce aux algues séchées qui sont, parfois, transporter par le vent depuis la mer jusque dans les terres arides. 


Dans ce livre spécial, y sont écrites mes idées pour un jour voir le beau pays qui m'a vu naître, renaître de ses cendres.  


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La couleur de ton cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant