16 - Et si on parlait...

6 1 0
                                    



*****



Je dépose mes chaussures dans l'entrée. C'est incroyable à quel point mon cou me démange, à cause des épingles pour la robe, j'ai des petits boutons dans le cou.

Monsieur Joseph m'a confirmé que ma robe serait prête dans deux jours et qu'il viendrait ici pour me la donner en main propre.

Maintenant, j'ai un autre cas à gérer, le cas de l'autre merlan frit qui ne m'a pas adresser un mot depuis sa bouderie infantile.

- Maën ? Je crie un peu pour qu'il m'entende et quelques secondes plus tard, il arrive dans le salon.
- Oui madame ? Je souffle bruyamment.
- Combien de fois je vais devoir te répéter d'arrêter de mettre madame à la fin de tes phrases ?
- Pardon.
- Tu peux me tutoyer.
- Je suis un esclave, je n'ai pas à vous...
- Si c'est moi qui te le demande.
Il reste perplexe et essaye de se justifier.
- Et si monsieur Siam me voit vous tutoyer...
- Dans ce cas, tu me tutoies seulement quand nous sommes seul ou avec Gabriel par exemple.
- Très bien.
Il laisse un blanc et commence à repartir pour faire ses activités.
- Maën, pourquoi tu faisais la tête ?
- Je ne faisais pas la tête.
Je laisse tomber mes bras sur mes hanches et lève les yeux au ciel.
- Tu es distant.
- Je suis un esclave, je n'ai pas à être proche de vous.
- Arrête de vouvoyer, tu ne me regardes pas.
- Je suis un esclave encore une fois, je n'ai pas a faire ça avec vous.
Je m'impatiente et finis par m'énerver en lui criant dessus.
- Arrête de me vouvoyer ! Tu n'agis pas comme d'habitude, pourquoi ?! Le fait que tu sois un esclave ne t'as pas empêcher d'être toujours proche de moi, de toujours regarder ce que je fais ou encore de faire attention a mes actions ! Il me fixe surpris que je lui hurle dessus, mais ne réagis pas. Mais répond moi ! Il me fixe dans les yeux toujours sans réagir et je décide de m'en aller.

J'enfile rapidement mes sandales et sors sans même fermer la porte. J'enchaîne les pas rapides en suivant le petit chemin qui s'est formé a force que je l'emprunte. Ça fait cinq ans que nous vivons ici et a force de venir au moins une fois tout les deux jours, j'ai formé un chemin entre les feuilles des seule plante pouvant pousser sous ce cagnard.

Comment est-ce que ça a pu se produire...

Enfin tout ce bordel-là...

Maën est distant, je suis à fleur de peau, j'ai encore des millions de problèmes a gérer et je ne sais même pas comment je vais pouvoir arriver a en finir avec tout ça. Quant à Siam, il est quand même bizarre ce type. On est censé être coéquipiers, mais il m'emmène au restaurant et il me paye une robe de grand couturier...

Je plonge ma tête dans mes mains et souffle. Je suis perdue et le pire dans l'histoire, c'est que j'ai indirectement engendré ça. 

Je ne suis même pas énervée en plus, je suis juste triste. Triste de quoi... Je ne le sais même pas. Je ne comprend même plus mes propres sentiments et suis guidée par eux. Ou est-ce qu'ils vont m'emmener si je les laisse faire...

Je reçois un bout de tissus sur le haut de la tête ce qui me fait automatiquement sursauter. Je me retourne et vois en coup de vent Maën qui vient s'asseoir a coté de moi sur le banc. Je le regarde et lui fixe l'horizon.

- Je n'ai pas aimé être mis de coter... Ces mots glissent entre ses lèvres et sans déplacer ses yeux, il laisse peser un blanc.
- Être mis de coter ?
- Oui, eux ils s'en fiche d'être traités comme de vulgaire esclave, mais ça n'a jamais été mon cas alors je n'aime pas recevoir des ordre de quelqu'un d'autre que toi. Tu ne m'as jamais mal parlé ou encore même ordonner quelque chose sans t'inquèter de mon avais avant.
Je regarde ses joues rosies par le soleil et qui ressortent avec sa peau claire.
- Tu n'as pas à suivre les ordres de quelqu'un d'autre que moi.
- Je n'aime pas ce Siam Kaby, il est étrange.
- Pourquoi est-ce que tu penses ça ?
- Pourquoi est ce que tu le vois ?
Je réfléchis pendant un long moment en déplaçant mes yeux sur son visage puis le haut de son corps.
- J'aimerais changer le monde... Et je pense qu'il peut m'y aider.
- Si tu le dis. Je n'ai pas l'impression qu'il cherche a t'aider, mais plutôt a combler ses propres besoins...
Un blanc s'installe et il finit par rajouter. Enfin, ce n'est que mon avis d'esclave.
- Arrête avec ça...
J'ose poser ma main sur son épaule et la caresser de mon pouce. À mes yeux t'es plus qu'un esclave, t'es celui qui est là quand j'en ai besoin et je suis persuader que cela n'a rien a voir avec ton statut mais plutôt grâce a ta gentillesse. Ce n'est pas l'esclave qui s'inquiète pour sa maitresse, ce n'est pas lui non plus qui est capable d'aller la chercher quand elle ne rentre pas a l'heure qu'elle a dit, ce n'est pas lui non plus qui a le courage de lui montrer qu'elle a fait quelque chose qui ne lui plait pas, ça c'est Maën, celui qui a un coeur et qui est capable de l'écouter pour faire du bien aux autres... Il ne bronche pas et écoute malgré que ses joues soient un peu remontées. Les parents de Gabriel m'ont encore venté tes qualités hier matin, Ricardo m'offre plein de chose en pensant que c'est moi qui t'ordonne d'aller les aider, mais nous savons tout les deux que ce n'est pas moi qui le demande, mais toi, car tu as bon cœur.
- Je n'aime pas non plus comment tu es quand tu es avec lui.
Je déglutis et le questionne la boule au ventre.
- Quand je suis avec lui ?
- Oui, tu renies tout.
- Sois plus clair Maën.
- De toute façon, ce n'est pas si grave, sois comme tu veux avec lui mon avis ne compte pas.


Il se lève et mets ses mains dans ses poches avant de commencer à partir, mais je lui attrape le bras.

- Attends, explique toi. Il perd ses moyens lorsque nos yeux se croisent.
- Non, mais ce n'est pas grave, je te jure vraiment.
- Mais je veux que tu me l'expliques.
Il me fixe dans les yeux et de la même manière qu'il y a une heure, il devient muet. Ton avis compte Maën...
- Je t'ai entendu dire au créateur que tu n'étais pas une hybride. Quand tu es avec lui tu deviens la fille fragile qui n'ose rien dire.
 Pourquoi tu n'as pas pris la robe dans ce magasin, celle que je t'ai proposée, j'ai bien vue que tes yeux brillaient en la regardant et que tu souriais.


- Pourquoi est ce que tu cherches à être comme lui alors que tu es bien mieux Siana ? 


*****

A votre avis, pourquoi Siana cherche tant a changer et pourquoi Maën l'en empêche ? 

N'hésitez pas a commenter. 

*****

La couleur de ton cielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant