Je m'assis devant la télévision et enclenchai le film. Ça devait faire une éternité que je n'avais plus rien vu. Je retrouvai avec plaisir mes anciennes habitudes. Regarder une émission jusqu'au bout de la nuit, m'empiffrer de chips. D'ici peu de temps, je retrouverai mon corps d'avant. Je n'aimais pas comment j'étais maintenant. Je me trouvais maigre, je ne me reconnaissais pas dans cette apparence trop frêle. Etre un peu boulotte ne m'avait jamais dérangé. Et pourtant, j'avais dur de reprendre tous mes kilos perdus.
Je grignotai, les yeux fixés sur l'écran, dans le noir complet. Des pas dans l'escalier me tirèrent de ma liturgie. Je me tournai vers Aaron. Il avait toujours cet air mystérieux sur le visage. Il s'assit à coté de moi, pas trop près, respectant mon espace. Avant, je me serais volontiers blottie contre lui et il m'aurait un peu repoussée. J'avais parfaitement compris ses raisons. Il ne voulait pas de moi car j'étais une très jeune louve, sans parents, et sa meute n'accepterait sans doute pas une dominante aussi jeune. J'étais encore un "bébé".
- Tu ne devrais pas aller dormir ?
Je lui répondis sèchement.
- Et toi ? Pas trop crevé de ta soirée ?
Au lieu de venir manger avec sa meute et moi, il avait préféré dîner en compagnie d'une charmante femme. Je le savais de Giana. J'éprouvais une sourde jalousie que je détestais ressentir. Il n'était pas à moi ! Je ne devais pas le considérer comme mien.
J'avais été déçu. Je voulais tellement qu'on passe un peu de temps ensemble. Il était censé manger avec moi et au lieu de ça, il m'avait abandonné pour une autre.
Il soupira et son regard dériva vers la télé. A mon tour, je ne le regardai plus. J'étais en colère contre moi, j'avais des attentes vis-à-vis de lui. Il ne pourrait pas les combler, je le pensais pourtant.
- Ne sois pas fâchée Eva. Ça ne te ressemble pas.
- Tu ne me connais pas ! J'hurlai tout d'un coup en me levant du fauteuil. Arrête de parler de moi comme ça. On s'est connus que quelques mois avant que tu m'envoies bouler. Tu m'as brisé le cœur ! Et puis au mariage de ma dominante, tu te ramènes comme une fleur et tu viens me parler. Même pas t'excuser d'avoir été aussi blessant. Je suis peut-être jeune mais je suis loin d'être stupide ! Tu aurais du laisser une autre meute s'occuper de moi !
Je montai dans ma chambre et la fermai, m'adossai contre la porte. Je me laissai glisser sur le sol. Je ne m'énervais pas souvent et quand c'était le cas, j'explosai littéralement. J'aimais encore cet homme, cet Alpha. Ça me faisait mal d'admettre ça. J'avais cru pouvoir aimer un autre qui me battait, mais Aaron revenait sans cesse dans mes pensées, il me hantait. Je me rappelais de son rire au timbre rauque, de ses sourires, de son corps chaud contre le mien. Il avait été mon premier vrai amour. J'aurais pu tout faire pour lui. J'aurais pu donner ma vie pour sauver la sienne. Cet amour n'avait pas été aussi réciproque que je le pensais. Haley m'avait ramassé à la petite cuillère et m'avait aidé dans ma peine de cœur. J'avais cru rencontré un homme gentil et adorable des années après.
Comment avais-je être aussi conne ? Aussi manipulable et aussi faible ?
♦
Lorsque je me réveillai, je constatai que j'étais couchée dans mon lit et ma couverture avait glissé de mon corps. Je ne me souvenais pas m'être déplacée. Le visage de Giana fut la première chose que je vis. Elle me sourit et déposa un baiser sur mon front.
- Tu vas bien, Eva ?
J'hochai simplement la tête.
- Mon Alpha peut être un sombre imbécile quelque fois, m'expliqua-t-elle en me servant le petit-déjeuner au lit. Il ne faut pas en tenir rigueur. Il n'a pas une famille pleine d'amour. Il a été élevé à la dure, sans amour ni tendresse. Il ne sait pas véritablement ce qu'est aimer. Il lui faudra du temps, bien-sur et tu pourrais être celle qui lui fait découvrir ça.
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Les liens d'amour 2 - Guérie moi
Hombres LoboEvana a le cœur brisé depuis qu'un Alpha l'a jeté. Ça fait des années maintenant et la jeune louve mène sa vie sans accroc. En apparence, mais derrière le masque qu'elle affiche en permanence, l'envie d'en finir se fait toujours ressentir. Ses bless...