» 𝐩𝐞𝐞𝐤 𝐚 𝐛𝐨𝐨

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the game will be fun

Les premières minutes qui suivirent le brutal meurtre de ce vaurien s'étaient escamotées derrière un vaste mur de silence

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Les premières minutes qui suivirent le brutal meurtre de ce vaurien s'étaient escamotées derrière un vaste mur de silence. Peut-être que Joohyun ne réalisait pas encore son geste, secouée par la gravité de la situation actuelle. Ou bien, et c'était fort probable, elle ne le regrettait tout simplement pas. Une tête dévisagée par de béantes plaies n'est surement pas une image agréable mais quelque chose d'inconnu dans les abîmes des désirs de notre protagoniste n'était pas si écœuré. Plus le sang bordeau sillonait avec vitesse la chair blafarde de sa proie, plus son cœur ricassait avec amertume. Une partie indéniable d'elle se sentait libérée d'un poids, débarassée d'un ardu obstacle, tandis que certains morceaux de sa conscience se voyaient horrifiés par l'idée d'avoir tué quelqu'un.

Mais ce n'était pas n'importe qui : il s'agissait du mari de Seulgi et cela faisait jaillir de ce lugubre assassinat une flamme romanesque. HyungMin. Cet idiot qui avait osé lui faire des avances, bien qu'il savait pertinemment qui elle était, du moins socialement, pour Seulgi. Cet infâme pourriture qui envisageait de trahir toute la douce confiance que lui offrait sa fiancée. Cet indigne être qui avait bonnement l'audace d'imaginer tromper la nymphe de JooHyun. Quel imbécile. Le voilà à présent cruellement abattu par l'impitoyable jeune femme qui avait son ignoble sang légèrement macculé sur ses ongles blancs.

Joohyun apprécia une quinzaine de minutes la vue de son très cher ennemi sans vie, mais quand elle sentit ses pieds nus s'humidifier de son sang, une étincelle surgit dans la pénombre de sa déréalisation. Une véritable marre d'épais liquide rougeâtre s'étalait sur le sol sur un rayon d'environ un mètre. L'immédiate angoisse de devoir cacher ce cadavre surgit dans la boîte crannienne de Joohyun. Hyungmin était un homme assez grand et athlétique et devoir dissimuler son corps n'allait certainement n'être pas facile pour la gracile jeune femme.

— T'inquiète, c'est pas si compliqué. Retentit clairement une voix presque rauque, quelque peu caverneuse. On pouvait reconnaître le timbre de Yerim mais son intonation était funeste, gutturale.

Joohyun sursauta et un cri mêlé d'appréhension et de stupeur s'échappa de ses lèvres tremblantes. En un battement de cil, elle se retourna et ses yeux tombèrent sur le corps livide de l'adolescente. Sa peau diaphane se nuançait d'un violet maladif par endroits et les os anguleux de son visage étaient obombrés par une expression inintelligible. On aurait dit un squelette habillé de son linceul, un regard inexistant mais pourtant insinué dans la profondeur de ses orbites creux. Un flot de frissons déferla le long des bras de Joohyun qui ne savait réellement ce qui l'effrayait plus. Les paroles ésotériques de cette jeune fille, sa mine morbide ou le fait qu'elle soit témoin de son pire pêché.

Pour la première fois, Yerim vit les traits du visage de celle qu'elle idolâtrait se tordre dans un désarroi indicible et cela lui fendait le cœur. Cet air dépité, ces nacrées perles de larmes brillant aux coins de ses yeux, ces lippes blêmes craignant le pire ; ce portrait lui était bien familier. Quand elle ancrait son regard impénétrable dans le désespoir qui ruissellait dans celui de Joohyun, elle avait l'impression de s'apercevoir, quelques années auparavant. La vie n'est-elle qu'une boucle ? Les gens finissent-ils par vivre tous les mêmes erreurs et les mêmes douleurs ? Yerim s'en moquait néanmoins de l'agonie d'autrui, ce qui la titillait c'était que Joohyun lui faisait bien trop penser à elle. Elle voulait protéger cette réplique de la jeune fille qu'elle fut, la cajoler, l'avoir sous son aile et la défendre du tumulteux engrenage où elle sombra, jadis.

giselle. seulreneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant