» 𝐝𝐞𝐯𝐢𝐥 𝐬𝐨𝐧𝐚𝐭𝐚

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tell the devil i say hi when you get back to where you're from

« Une nuit je rêvais que j'avais fait un pacte, et que le Diable était à mon service

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« Une nuit je rêvais que j'avais fait un pacte, et que le Diable était à mon service. Tout me réussissait au gré de mes désirs, et mes volontés étaient toujours prévenues par mon nouveau domestique. J'imaginai de lui donner mon violon, pour voir s'il parviendrait à me jouer quelques beaux airs ; mais quel fut mon étonnement lorsque j'entendis une sonate si singulièrement belle, exécutée avec tant de supériorité et d'intelligence que je n'avais même rien conçu qui pût entrer en parallèle. J'éprouvai tant de surprise, de ravissement, de plaisir, que j'en perdis la respiration. Je fus réveillé par cette violente sensation. Je pris à l'instant mon violon, dans l'espoir de retrouver une partie de ce que je venais d'entendre ; ce fut en vain. La pièce que je composais alors est, à la vérité, la meilleure que j'aie jamais faite, et je l'appelle encore la Sonate du Diable ; mais elle est tellement au-dessous de celle qui m'avait si fortement ému, que j'eusse brisé mon violon et abandonné pour toujours la musique, s'il m'eût été possible de me priver des jouissances qu'elle me procure. »
giuseppe tartini, 1713

La cousine de Seulgi ? Yerim ? Morte ?
Non c'était impossible. Il s'agissait surement d'un bête malentendu, d'un simple quiproquo. Joohyun n'avait jamais cru à la légende populaire des mélancoliques défunts esprits errant éternellement sur le lieu de leur mort. Ainsi, sa raison se vexa quand elle sentit une puissante vague de frissons parcourir le long de sa colonne vertébrale, et presque aussitôt, notre protagoniste se résolut à imaginer qu'elle devait parler d'une autre cousine. Après tout, Seulgi pouvait en avoir plusieurs. C'était, du moins, une hypothèse bien moins farfelue et puérile que celle d'un fabuleux fantôme rodant à ses côtés.

Joohyun accorda un petit hochement de tête en guise de réponse, haussant légèrement ses sourcils afin d'y exprimer, certes en la minimisant toutefois, sa réaction. SooYoung n'avait pas manqué la moindre étoile brillant dans la noirceur des pupilles de son interlocutrice, le moindre hoquet, la moindre contraction sur ses muscles faciaux. La jeune femme le sentait bien par l'air inquisiteur, concentré et prédateur qui tordait les traits du visage de la juge. Elle la fixait comme un enquêteur observe un livide cadavre ou comme un animal surveille longuement sa proie. Joohyun avait la fâcheuse impression que SooYoung n'attendait qu'une seule et unique chose : lui sauter à la gorge, planter ses longues griffes obscures dans sa peau rougie par la pression qu'exerceraient ses paumes et d'aspirer d'un regard affamé tous ses plus infâmes péchés.

— Bien, merci pour cette conversation je suppose. Parla solennelement Joohyun, se relevant de sa chaise avant de s'incliner d'une glaciale politesse. Je vais saluer Seulgi.

L'être magnifique tordit un sourire en coin sur ses lèvres trahissant avec une grâce insupportable toute son arrogance. Puis d'un mouvement vague de la tête accompagné à un long clignement de paupière, elle sembla accepter l'excuse de Joohyun.
Pour autant, SooYoung ne la quitta pas du regard un seul instant. De la même manière que Seulgi scintillait singulièrement aux yeux de son premier amour peu importe son emplacemeny, la sœur de Hyung-Min sentait son coup d'œil être constamment équipé d'un sorte de détecteur. Comme si quelque chose dans les limbes de ses orbites était tenacement rattaché à la jolie Joohyun, poser ses yeux ailleurs terminait par l'angoisser. La sensation de perdre de vue sa plus belle proie lui comprimer la poitrine avec des émotions qu'elle s'était éternellement interdites. Décidément, il n'y a que l'amour pour défaire enfantinement des promesses.

giselle. seulreneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant