joohyun ne s'attendait pas un jour à bêtement assister, impuissante, au mariage de son premier amour, seulgi. Mais elle ne s'attendait surtout pas à se retrouver bien vite tâchée du sang de ce maudit mari, peinant à dissimuler sa mort dans la pénomb...
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Les invités, largement décontenancés par la fameuse fugue du mari, se regroupaient dans la grande salle de bal. A contrario de la première fois qu'apparut Joohyun dans ce château, ils ne tenaient plus dans leur main une coupe de champagne ni un sourire pédant sur leurs fines lèvres. Jamais on n'avait entendu une pareille nouvelle : l'époux, quittant sa fiancée littéralement la veille de leur mariage. Seulgi avait encore dans sa chambre sa ravissante robe de mariée, enveloppée avec précaution dans une protection en plastique, qui pendait à un cintre. Allaient-ils repartir ? La cérémonie était-elle donc annulée ? Hyungmin avait-il rompu consciencieusement leurs fiançailles ? Ou bien allait-il finalement revenir, la tête baissée, comme un chien fautif qui revient honteusement vers son maître ?
Ce qui érodait atrocement l'esprit de Seulgi et endormait sous une sensation de pénible gêne physique tous ses membres, était d'entendre leurs murmures grésiller dans le fond de la pièce. Elle avait l'impression qu'à chaque chuchotement qui lui parvenait, une fureur incontrôlable attaquait sa chair à vif. Comme si le poids de sa rage déchirait toutes ses capacités de réflexion, elle devenait alors un être laconique, acariâtre, inapte à ressentir autre chose que de la morosité.
Elle n'était pas tant que cela à blâmer. Ce marasme était une phase quelque peu obligatoire et légitime dans le processus d'acception d'une telle situation. Après les sanglots de l'ahurissement suivaient les griffures d'un courroux indéniable. Seulgi n'avait personne à qui diriger son animosité, le maître de cette rancœur ayant hélas fui. Alors son irascibilité, qu'elle tentait toutefois de comprimer dans sa poitrine, surgissait par moments et rongeait l'individu qui avait osé lui faire une mauvaise remarque.
Seulgi avait quitté bien vite cette salle fourmillant de monde qu'elle ne pouvait plus supporter. L'air maussade dépolissant son visage interpela Sooyoung qui, toujours aussi attentive, la fixait intensément depuis un coin de la salle. Esquissant un rictus particulier, elle suivit les pas feutrés de la jeune femme jusqu'à ce qu'elle sorte du batiment. Ce n'était pas très étonnant, depuis le début du séjour Seulgi accordait à ce jardin à l'arrière une atmosphère apaisante qui lui plaisait beaucoup. Elle se sentait sereine quand elle s'asseyait sur ces chaises en fer blanc, les branches des gigantesques arbres ornant l'endroit de leurs feuillages émeraude. C'était exceptionnel qu'elle ait accepté de fêter son mariage dans un château entouré de bois. Elle avait toujours craint ces espaces-là puisqu'ils pouvaient lui rappeller le décès de sa cousine. Qu'est-ce que c'était stupide, de se perdre et mourir dans une forêt, à l'aube de ses dix-sept ans.
Elle comptait se poser sur cette terrasse le temps de se resaisir, faisant confiance en le doux vent pour lui rafraîchir les idées. Mais à peine avait-elle clos ses paupières que la voix sifflante de Sooyoung retentit.
