douze ⛓

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Jisung: C'est vraiment la merde.

Taeyong: Je ne te le fais pas dire, Park.

Encore une réunion avec tout le monde. C'est la première fois qu'on en fait une à dix neuf.

Déjà que d'habitude je ne suis pas très à l'aise quand on se rassemble, mais alors ce soir... c'est pas gagné. Surtout avec l'ambiance de mort qui règne. Et c'est le cas de le dire.

Taeyong a annoncé aux autres le décès de nos trois camarades. Mon coeur s'est serré quand il a dit leurs prénoms. Mais ce que je ne savais pas, avant qu'il nous en informe il y a quelques secondes, c'est que la mission est loin d'être terminée.

Moi: Tu vas en renvoyer à Pekin ?

Pitié qu'il dise non. Pitié qu'il dise non.

Taeyong: Je n'ai pas le choix.

Merde. Une vague intense de frissons court le long de ma colonne vertébrale. Je jette un oeil aux autres membres. Ils ont tous la tête baissée. Tous. Sauf un.

Mark: On a toujours le choix.

Le boss soupire avant de masser ses tempes du bout des doigts. Il est épuisé, on peut facilement deviner qu'il n'a pas beaucoup dormi ces derniers jours.

Taeyong: Ce n'est pas aussi simple que ça, Mark...

Mark: Alors tu veux que certains retournent là bas, c'est ça ? Les SHINee savent très bien que si on a échoué, on va retenter.

Taeyong: J'en suis conscient...

Mark: Ça serait une mission suicide, en plus d'être inutile. Je te pensais plus stratège que ça. Compte pas sur moi pour cette fois.

Le noiraud se lève brusquement et quitte la table d'un pas décidé pour prendre les escaliers. Notre chef soupire de nouveau. J'aimerais bien rejoindre Mark, mais comment ?

Le chef lache un autre soupire puis Haechan se lève en s'inclinant.

Haechan: Désolé, je vais le chercher.

Je me lève à mon tour, plus précipitamment.

Moi: Non, c'est bon. J'y vais.

Mon ami se rassoit et m'adresse un signe de la tête. J'emprunte alors la même direction que le canadien, bien déterminée à le trouver.

Il doit sûrement être dans sa chambre, c'est ce qui me paraît le plus logique. Je m'y rends pour découvrir la même image qu'il y a maintenant deux mois de cela.

Mais aujourd'hui, la porte est ouverte. Il gratte encore sur sa guitare. Les accords sont semblables à ceux de la dernière fois. C'est la même mélodie qu'il joue en boucle. Encore et encore.

Je l'écoute sans un bruit, appuyée contre l'encadrement de sa vieille porte en bois qui grince. Il s'arrête soudainement.

Mark: Je savais que t'allais venir.

Moi: On dirait que t'as pas eu tort.

J'aime bien répondre du tac au tac avec lui, ça m'amuse.

Il pose délicatement son instrument à côté de lui et se tourne vers moi.

Mark: C'est quoi ton problème ?

Moi: Je te retourne la question.

Il me regarde alors longuement. Les yeux dans les yeux. Encore un duel de regards. Non, pas là. Ce soir, c'est très différent de l'anniversaire du désormais défunt. Mark est agacé. Il en a marre de moi, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Ça ne me déplaît pas. Faut croire que j'aime bien l'énerver.

Il roule des yeux et se met debout. Il sort de sa chambre, à Yuta et lui, en me donnant un coup d'épaule. Charmant, mais c'est pas assez pour me décourager sur ce point.

Comme la nuit du retour des envoyés à Pekin, je le suis. Notre conversation n'est pas terminée et je tiens à obtenir des réponses concrètes à mes questions. C'est vrai quoi, "une autre fois" ça peut être cette fois ci, non ? Et puis merde, quoi. C'est pas compliqué de répondre clairement quand même ! Si ?

On est rendu au dernier étage. C'est soit le bureau de Taeyong, soit l'annexe. Mais visiblement, il ne choisit aucune des deux salles. Il se dirige tout droit sur la porte qui est au bout de la petite continuité de marches, au milieu. Il l'ouvre et la passe. Je fais donc de même, naturellement.

Une violente déferlente de vent glacé caresse alors ma peau, bien qu'elle soit recouverte de mes vêtements. Mes cheveux se voient également décoiffés par la bourrasque.

J'aurais du m'en douter. La fameuse porte nous a mené au spacieux toit du bloc. Elle se ferme en un claquement sourd, sûrement dû à un courant d'air.

Je m'émerveille silencieusement devant le spactacle qui s'offre à moi. Un panorama sombre, noir avec des nuances de bleu foncé, contrasté de milliards d'astres scintillants au dessus de nos têtes.

Les lumières des autres blocs et buildings ne sont toujours pas éteintes. Seoul est encore active à cette heure tardive.

En plus, on peut voir la tour illuminée de la capitale, d'ici. Avec sa pointe orientée vers le ciel étoilé. D'ailleurs, cette chère lune au front d'argent nous a faussé compagnie pour cette soirée. Elle n'est pas là.

Je ressens la même chose que lors de mon insomnie. Sauf qu'ici, cette sensation est décuplée. C'est magique. Enfin... si je mets de côté mes pensées négatives. Alors je vais dire que c'est presque magique.

Je regarde de nouveau le canadien, il est de dos, il marche. Il est déjà à plusieurs mètres de moi. Toujours avec son jean bleu et son tee shirt blanc. Simple mais efficace.

N'importe qui aurait trouvé que Mark est un jeune homme, certes beau, mais banal, ordinaire, sans plus. Je ne suis pas d'accord. Il a quelque chose de spécial. Je le sais.

Je ne sais pas si c'est son aura, son charisme ou son air mystérieux et un peu solitaire, mais je sens que je ne serai jamais capable de mettre des mots sur ce quelque chose qui m'intrigue tant.

Qui aurait cru que la nuit lui irait si bien ? Sûrement pas moi. Néanmoins, je dois avouer que je suis agréablement surprise.

À première vue, il a l'air d'être quelqu'un de très différent. Avec son visage fin qui donne envie de placer en lui une confiance aveugle. Sa voix, ni trop haute, ni trop basse, mais parfaitement assurée, qui ne renvoie pas l'ombre d'une incertitude dès qu'il ouvre la bouche. Sa silhouette mince mais musclée, très bien proportionnée, de taille moyenne, devant laquelle il est tellement facile d'éprouver de la jalousie. Ses yeux si chaleureux, mais qui à la fois renferment tellement d'énigmes.

Il est le genre de personne qu'il vaut mieux avoir de son côté.

On veut pouvoir se fier à lui. Personne n'aurait idée de se méfier d'un ange pareil. Cependant je ne peux pas m'en empêcher, d'une certaine façon.

Le sujet de mes nombreux songes se retourne vers moi pour la énième fois. J'aime me perdre dans ses prunelles obscures. Elles me transcendent toujours, jamais de la même manière. À chaque fois c'est différent, mais je finis constamment par me retrouver dans cet état. Transcendée.

Mark: Qu'est ce que tu veux ?

Moi: Te connaître.

𝑩𝒂𝒅 𝑻𝒉𝒊𝒏𝒈𝒔 || NCT Mark ff fr Où les histoires vivent. Découvrez maintenant