dix neuf ⛓

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Putain... la route m'a semblé trente fois plus longue pour le retour que pour l'aller. Heureusement qu'on est enfin arrivés au QG.

En ouvrant la porte d'entrée, tout le monde est déjà dans le salon. Ça sent mauvais pour nous. Et pour tous les autres aussi, d'ailleurs. Surtout quand Taeyong est le seul à être debout.

Mark: Il est mort.

Il lance ça comme un "joyeux anniversaire". Il est bien marrant. Et même si c'est, ou plutôt c'était, un enculé de première, on a quand même tué un homme. Mark est beaucoup moins calme qu'il y a quelques minutes, dans la voiture. Je peux le ressentir. Il est énervé, mais pourquoi ? Quand bien même je me pose la question, c'est sûrement de ma faute. Encore. Je parais tellement égoïste. Nous nous installons aux côtés des autres.

Taeyong: Non, Mark.

Mark: Eh bien... si.

Taeyong: Ils sont morts.

Il y comme un quiproquo là.

Moi: Taeyong, il est mort. Choi Minho est mort.

Encore un silence comme quand Ten et les autres sont revenus de Pekin. Décidément ça sent vraiment pas bon. Peut être que quelqu'un pourrait nous expliquer, non ? Je suis légèrement confuse, là. Et mon partenaire d'aujourd'hui l'est aussi.

Mark: Qui "sont" morts, alors ?

On pourrait presque entendre les criquets, en cette belle fin d'après midi. Quelle ironie, encore une fois, lorsqu'on se souvient qu'il n'y a pas de criquets en Corée du Sud. La tension monte dans la pièce. Tout le monde se regarde du coin de l'oeil. Comme dans une partie de loup garou où tout le monde se soupçonne mutuellement. Pourtant, il n'y a aucun coupable à trouver, mais on le cherche quand même.

Taeyong: Taeil, Lucas, Winwin, Jeno, Jaemin et Xiaojun.

Dès le premier nom qui est prononcé par le chef, les garçons se mettent dans tous leurs états.

Chenle et Jisung pleurent. Encore. Ten est assis sur le canapé, exactement à la même place que la dernière fois, et semble devenir fou, en silence. Encore. Taeyong entame les cent pas. Encore. Mark est davantage en colère. Encore. Tous les autres sanglotent, disent que ce n'est pas possible, tapent cette pauvre table basse du poing, ou bien maudissent le gang des SHINee. Et moi, je suis là. Et je me sens impuissante, inutile, complètement nulle. Encore. Alors mes larmes coulent avec celles des autres.

Jaehyun: Comment ça a pu arriver ?

Johnny: Ça ne peut pas être un hasard.

Mark: Ça c'est sûr... d'ailleurs j'ai une théorie.

Toutes les têtes se tournent vers le canadien. Quelle genre de théorie est ce qu'il s'apprête à sortir ? Il est en colère. Son sang bouillonne. J'espère que ça sera tout de même constructif. Celui sur qui toute l'attention est portée se lève et le boss s'assoit, lui laissant place.

Mark: En deux mille dix sept, soit l'année dernière. Nous avons perdu Hansol. Il a été notre seule perte cette année là.

Yuta: Tourne pas autour du pot, on sait déjà, ça.

Plus personne ne parle pendant un moment. Mark regarde tous les autres, puis s'arrête sur moi. Au fur et à mesure que les secondes passent, ses prunelles ne manifestent que rage et méfiance. C'est louche.

Mark: Depuis que t'es là, on n'a que des problèmes. C'est à cause de toi.

Moi: À cause de moi ?!

Je suis la parfaite définition du mot choc. Je suis abasourdie. Mon cousin se met debout et prend ma défense.

Doyoung: Mark, tu te rends compte de ce que tu viens de dire ?

Yuta le rejoint dans ses propos.

Yuta: Donc là, t'es en train d'accuser Nali d'avoir tué une dizaine de nos potes ?

Mark: Peut être bien, oui. Personne ne trouve ça bizarre que, depuis qu'elle est là, plein de membres sont morts ? Si ça se trouve, c'est une taupe des SHINee, ou même pire que ça-

Le japonais ne réfléchit plus, et le prend par le col de sa chemise. Ça commence à crier dans tous les sens. Johnny les sépare. Les deux américains se mettent à s'engueuler en anglais. Ils sont tous contre l'accusateur. Donc tous de mon côté. Mais personne n'a de preuve pour m'inculper. Je n'ai pas d'alibi. Je doute de ma propre innocence.

Je n'ai tué personne, je le sais. Mais Mark est intelligent, il n'est pas du genre à parler pour ne rien dire. Et s'il n'était pas aussi sûr de ses affirmations, il aurait gardé ses lèvres closes. C'est la première fois que j'assiste à une bataille aussi générale. C'est la zizanie.

Doyoung et Yuta sont sur le point de frapper celui qui m'a montrée du doigt. Yangyang et Hendery sont contre les Dreamies, comme toujours. Ils se hurlent dessus. L'américain et le thaïlandais essayent de s'interposer entre eux, mais finissent par prendre parti. Taeyong et Jaehyun parlent plus calmement et semblent évaluer qui de moi ou lui il faudrait soutenir.

Et me voilà, au milieu de tout ça. J'aurais voulu répéter que je suis impuissante. Mais à présent, le mot est faible. Un ruisseau. Un fleuve. Un lac. Une rivière. Un étang. Une cascade. Une mer. Un océan. Je pourrais alimenter en eau tout un peuple africain. Et ce, rien qu'avec mes larmes. Enfin quelque chose qui me concerne et qui pourrait se révéler utile. J'en peux plus.

Après plus de six mois à rester coincée ici avec les mêmes personnes vingt quatre heures sur vingt quatre et sept jours sur sept, on m'accuse de la sorte. Oublions le ruisseau, la cascade et l'océan. Ils ont laissé leurs places au torrent, au tsunami, au raz de marée, à la tempête et aux déferlentes de la houle.

Il faut que ce capharnaüm cesse.

Moi: Arrêtez...

Ma petite voix a du mal à se frayer un chemin, noyée entre les cris et les larmes.

Moi: Stop !

Ils ne m'écoutent toujours pas. À vrai dire, j'ai moi même du mal à m'entendre.

Moi: ÇA SUFFIT.

Le poing de Hendery se fige à deux centimètres de la joue de Haechan. Douze paires d'yeux se retrouvent braqués sur moi. Ça me rend mal à l'aise, mais je pense avoir mon mot à dire.

Moi: Et si Mark avait raison ?

Doyoung: Nali, tu...

Moi: Depuis ma venue, je n'ai causé que des ennuis à vous tous. Par ma faute, il y a des conflits, des rivalités, des complications... essentiellement, et même uniquement du négatif. J'en suis consciente et je m'excuse auprès de chacun d'entre vous. Mais, croyez moi ou non, je jure que je n'ai tué personne.

Je m'oriente vers le jeune homme aux cheveux noirs pour m'adresser directement à lui.

Moi: De toute ma vie, jamais personne ne m'a autant fait pleurer que toi, Mark.

Et je pars me réfugier dans ma chambre. Je ne sais pas si j'en ai plus l'envie ou le besoin, mais je veux vraiment qu'on me laisse tranquille. Je viens de réaliser quelque chose.

Dans cette partie où il n'y a que des loups garous, je suis la seule villageoise.

𝑩𝒂𝒅 𝑻𝒉𝒊𝒏𝒈𝒔 || NCT Mark ff fr Où les histoires vivent. Découvrez maintenant