𝑩𝒂𝒅 𝑻𝒉𝒊𝒏𝒈𝒔 || NCT Mark ff fr

vingt trois ⛓

Le subconscient de Mark est tout bonnement chaotique.

Je déambule dans cette ville qui me renvoie un sentiment très étrange. Je ne saurai décrire ce que je ressens. Les flammes consument la majorité les habitations, progressant petit à petit, devenant de plus en plus grandes. Et malgré ça, j'avance. Seule dans ce chemin enneigé. Je ne sais pas où je suis, ni vers où je vais, mais je marche, dans cette sombre clarté où je ne distingue ni lumière ni ombre.

Je me balade dans ses pensées les plus profondes, les plus enfouies. Celles que lui même ignore peut être.

Ces deux silhouettes rougeoyantes dans le vif brasier semblent être ses parents. Son frère ne doit pas être très loin, mais je ne le vois pas. Quoi qu'il en soit, ils ne faiblissent pas, sont dépourvus de visage et restent immobiles.

"C'est de ta faute, tout est de ta faute."

Voilà ce qu'ils répètent sans cesse. C'est encourageant.

La vision qui s'offre à moi me procure des sensations tellement singulières. Je n'arrive pas à savoir si elles sont plaisantes ou non. Peut être qu'elles ne sont pas de ce domaine. En fait, c'est comme une douleur agréable. Une douleur qui se répend dans tout mon être, intense mais supportable, avec des zones plus ou moins confortables suivant l'endroit.

Actuellement j'ai l'impression de toucher une surface lisse, douce et chaude du bout des doigts, bien que ma tête me fasse un mal de chien. Une migraine comme je n'en ai jamais eue de pareille. Chaque pas dans cette neige d'un blanc éclatant presque bleuté résonne jusque dans mon front.

D'ailleurs, je n'ai même pas mon bandana avec moi. Il est vrai que je l'oublie parfois, mais c'est parce qu'il est toujours avec moi. Dans ma poche, dans mes cheveux ou à mon poignet, il m'accompagne partout où je vais. Il n'a pas changé. Toujours noir, exactement comme le ciel ici, malgré que la voûte céleste soit, ce soir, dépourvue d'étoiles.

Cependant, deux lunes sont là pour l'embellir. Ce n'est pas comme dans mon esprit, tout noir avec des petits points blancs et le tout qui tourne très vite. Ce n'est pas comme ça. Ici, il y a deux satellites qui se font face, le reste n'est que de l'obscurité à l'état pur. Ce ciel est vêtu du noir le plus intense que je n'ai jamais eu la chance de connaître. Ce n'est même plus du noir, c'est du charbon malheureux, les ténèbres au sens propre.

Mais les ténèbres sont ornées de ce couple lunaire qui les rend absolument fascinantes. Elles dégagent, à elles deux, cette aura si mystérieuse, si puissante, mais si fragile à la fois. La distance qui les sépare paraît infiniment étroite. Elles pourraient se mêler l'une à l'autre et joindre leurs forces, accepter l'attraction qui les unit. Mais elles semblent destinées à rester éloignées.

Je regarde de nouveau devant moi pour poursuivre ma route, et remarque que le décor a changé du tout au tout. Plus aucune flamme, plus de neige. Plus de parents rancuniers, plus de migraine incessante.

Juste un miroir d'eau.

La seconde lune a disparu, laissant sa place à des comètes qui filent tout droit vers le bas, comme une pluie sidérale. Quelques météores font leur apparition de temps à autres. L'astre galactique qui plane au dessus de moi est également entouré de nébuleuses. Aucun mot ne me vient à l'esprit pour les décrire. Ni pour les teintes, ni pour les formes. Ces dernières sont toutes nouvelles pour moi, je ne les avais jamais vues auparavant.

Un cosmos d'une magnificence sans égal s'offre à moi. C'est une image bien plus tranquille que la précédente. Celle ci m'en voit rassurée, bien qu'elle soit davantage sombre et mystique comparée à celle d'avant.

"Nali."

Mon prénom. C'est mon prénom que je viens d'entendre. C'est le premier son qui rompt le silence depuis que je suis là. Ce n'est pas moi qui l'ai prononcé, mais bien quelqu'un d'autre. Je me mets à avancer. Je cours vers la lune. Je m'arrête. Je me retourne. Je regarde partout autour de moi. Je cherche sans trouver. Tout à coup, ma respiration s'accélère. Une autre voix signifie que je ne suis pas seule ici. Cette personne me veut peut être du mal ? Ou du bien ? Comment le savoir ?

"Regarde moi."

"Te regarder" ? Ça veut dire que cette personne sait que je ne la regarde pas. Donc elle me voit. Je me sens oppressée. Un mal être prend place dans ma personne. Ce n'est pas bon. Je dois me calmer, si cet individu me voit paniquer, je serai en mauvaise posture. Je dois le trouver.

"Regarde toi."

"Me regarder" maintenant ? Pour le voir je dois me voir... comme dans un miroir. Comme dans celui sur lequel je marche. Je baisse les yeux pour scruter le sol. Aussitôt, il s'incline, créant une pente abrupte de laquelle je vais bientôt tomber si je ne bouge pas. Je fais rapidement un pas en arrière et, à ma grande surprise, c'est un autre sol que mon pied rencontre. Le miroir d'eau se trouve alors juste devant moi, perpendiculaire au nouveau sol auquel je ne prête pas attention.

Les mains du corps que je possède sont bien les miennes. Je suis moi. Mais ce n'est pas moi que je vois. C'est lui. Il est mon reflet. Mark Lee.

Mark: Tu me vois ?

Moi: Oui...

Mark: C'est moi.

C'est bien lui. De son côté du miroir, tout est presque pareil. Ma lune retrouve sa jumelle, et les météores, comètes et autres nébuleuses, leurs semblables. Je suis troublée. Sommes nous tous les deux dans son subconscient ? J'en doute. Je pense m'être échappée de ma première vision. Peut être que, depuis le début, je suis piégée dans ma propre conscience ? Ça voudrait dire que lui est dans la sienne...

Moi: Comment es tu arrivé là ?

Mark: Aucune idée. J'étais dans une forêt, en montagne, il y avait beaucoup de vent, j'avais du mal à avancer, c'était bizarre. Puis j'ai regardé le ciel et me voilà, ici avec toi.

Alors nos deux esprits se rencontrent ici. Au beau milieu de nulle part, littéralement. Nos regards sont ancrés l'un dans l'autre. Nos mains bougent sans qu'on n'ait décidé quoique ce soit. Elles s'attirent comme des aimants et se joignent. La paume de sa main est lisse, douce et chaude. Une énième décharge électrique parcourt le bout de mes doigts. Une brève vision vient de se produire. Vu la façon dont il me regarde, il a aussi eu cette vision.

Nous étions dans une très grande ville, ensemble. Des immeubles hauts à en toucher les cieux, partout. Une nuit plus éclairée par les lumières de la ville que par les étoiles. Des panneaux et des feux de circulation gérant de nombreuses voitures. Ça ne peut être que... New York.

Mark: Il faut qu'on y aille.

Moi: Oui. Et le plus tôt possible.