𝑩𝒂𝒅 𝑻𝒉𝒊𝒏𝒈𝒔 || NCT Mark ff fr

vingt et un ⛓

Moi: Je... je peux pas.

Jisung: Quoi ? Pourquoi ??

J'entends quelqu'un prendre le combiné du maknae.

Mark: Nali, t'es où ??

Moi: J'en sais rien. C'est loin de la ville, je suis sur une petite route à côté d'un champ.

Il souffle un "putain" agacé.

Mark: Bouge pas, je viens te chercher.

Moi: Mais-

Mark: J'arrive.

Et il me raccroche au nez. Qu'est ce qu'il a bien pu se passer pour qu'ils aient autant besoin de ma présence ? C'est étrange. Je ne compte plus le nombre de fois que j'ai dit ça depuis ma venue à Seoul. Mais il va venir me chercher, comme il l'a dit. J'ai peur qu'il me trouve. Je sais qu'il va m'engueuler. Et je veux pas. Je veux surtout pas qu'il me crie dessus. Pas encore. Pourtant il n'avait pas l'air énervé.

Imaginons, hypotétiquement, que Mark me ramène et qu'il ne se fâche pas. Ça serait idéal, sérieux. Mais les choses ne se passent jamais comme je voudrais. Sinon ça serait trop facile. Il y aura forcément quelque chose qui va capoter ce soir. Je ne sais pas encore quoi, alors je me prépare au pire.

J'ai juste peur. J'ai peur de cet imprévu qui va arriver pour sûr. Ça m'angoisse de savoir que quelque chose va se produire. Je ne sais pas quoi, ni quand, ni où, ni comment, ni pourquoi. Je le sais. C'est tout. Tiens, enfin un truc que je suis certaine de savoir. Bref, je me retrouve donc comme une idiote à attendre le canadien. Au milieu de nulle part. Il fait froid, mais pas tant que ça. Juste comme il faut, en fait. Mais quand même.

Mon téléphone indique quatre heures dix neuf. Mais savoir qu'il est quatre heures dix neuf ne m'avance à rien. Logiquement, ça fait plus d'une heure que je suis sortie, d'après ce qu'a dit Jisung. J'ai l'impression que ça fait cinq jours que je suis dehors, mais j'ai aussi l'impression que ça fait que dix minutes. Voilà une sensation bien curieuse.

Je me sens bien, mais je me sens mal. Simultanément. Comme quand on a regardé un film ou une série qu'on a adoré tout du long, mais qui a mal fini. Et bien là, ma soirée était ce film dont je viens de voir la fin foireuse. Non, pas tout à fait. J'en suis au moment où la fin approche, mais on ne sait pas comment ça va se terminer, bien qu'il y ait de grandes chances que ça soit une fin tragique.

La route est déserte. Enfin était. Puisqu'une voiture est en train de pointer le bout de son nez. Oui, parce que du coup je n'ai pas bougé. "Quand tu ne sais pas quoi faire, ne fais rien." C'est ce que je me dis la plupart du temps lorsque je suis partagée. En l'occurrence, c'était plutôt "quand tu ne sais pas si tu as envie de bouger, ne bouge pas." Donc je n'ai pas bougé.

La voiture en question roule très vite et passe à côté de moi, comme si je n'étais pas là. Mais elle s'arrête à quelques dizaines de mètres plus loin, sur le bas côté. Je me tourne vers le véhicule et un homme en sort. Son visage aux traits fatigués mais sereins qui est éclairé par la lumière lunaire semble comme soulagé. Mark reste immobile pendant un moment. On se regarde. Pas si longuement, en réalité. Mais ce n'est pas déplaisant. C'est plutôt paisible.

Et puis il m'adresse un mouvement de tête. Le type de mouvement de tête qui veut dire "viens" ou "on y va" ou encore "tu veux y aller ?" Je ne sais pas exactement. Mais en gros il me demande de le rejoindre. Alors j'y vais. Je traverse la route sans même regarder à droite ni à gauche. Tout droit vers ma destination. Soit la fameuse Mercedes noire de Taeyong. Il y rentre de nouveau lorsqu'il constate que je me dirige vers lui. Moi aussi, je rentre, et ferme la portière.

Nous y voilà. Lui et moi. Dans la voiture. Il y fait bon. Bien plus chaud que dehors. Ça fait du bien.

C'est à partir de là que les embrouilles sont sensées arriver. Je ne sais pas trop quoi dire. Ça fait une semaine que je ne lui ai pas parlé. C'est vrai, ça. Je n'ai parlé à presque personne durant cette semaine. Je ne mangeais plus beaucoup d'ailleurs. Je passais mon temps dans ma chambre. À penser, à me remettre en question et à pleurer. En fait, je pense que c'est lors de cette semaine là, que j'ai commencé à avoir peur. Pas specialement de Mark, mais de tout en général. Et encore plus que d'habitude. Parce qu'on m'a accusée à tort. Et ici, "on" c'est lui.

Mark: Tu sais, parfois, les gens prétendent que quelqu'un est une mauvaise personne pour ne pas se sentir coupable des choses qu'ils lui ont faites.

Sa phrase s'est déroulée comme du papier à musique. C'était d'une désinvolture et d'une nonchalance presque cynique. Ce qui a renforcé la sincérité de ses propos, même si c'est le genre de truc préparé à l'avance qu'on répète encore et encore dans sa tête pour ne pas en oublier la tournure exacte parce qu'on veut absolument le dire. C'est bon, il l'a dit.

Il voulait placer ces mots là à tout prix. C'est évident. Il ne laisse rien au hasard. Il n'aurait jamais sorti ça s'il ne l'avait pas prévu, car ce n'est pas une phrase futile. Loin de là. Ce sont des phrases comme celle ci, qu'on entend dans les films et qui nous marquent, qui nous font réfléchir, qu'on n'oublie pas, et qu'on ne veut tellement pas oublier qu'on met le film sur pause pour noter ces mêmes mots.

Et cette phrase m'est destinée. Elle est pour moi. Il a dû y penser pendant tout le trajet. Je ne sais même pas combien de temps il a roulé. Honnêtement, peu importe. Il m'a retrouvé, c'était ça, le but.

Mais est ce que je dois comprendre ce qu'il vient de prononcer comme des excuses ? Sûrement, oui. Alors est ce que ça signifie qu'il m'a montrée du doigt afin de me faire passer pour une mauvaise personne dans l'optique de ne pas de sentir coupable de ce qu'il m'a fait ? Oui, ça ne fait aucun doute. Ça veut dire qu'il s'en voulait pour ses actions.

Je pense qu'il m'avait accusée sur un coup de tête. "Tiens, et si je faisais remarquer aux autres qu'il y a des chances que ça soit Nali, qui ait tué nos potes ? Peut être que, comme ça, j'arrêterai de culpabiliser pour avoir été un sale type avec elle... ouais bonne idée, je vais faire ça." Quel con.

Finalement, il faut croire qu'il se sentait tellement coupable pour tout ce qu'il a fait, sachant que l'accusation n'a rien arrangé, qu'il m'a avoué ça. Probablement toujours dans l'espoir de faire cesser cette horrible sensation qui le ronge un peu plus de jour en jour.

Qu'est ce que je suis sensée lui répondre, au juste ? Je te déteste ? T'es pardonné ? Arrête de te lamenter ? T'es vraiment un connard ? Il est quelle heure ? Que s'est il passé au QG ? On va rester là jusqu'au lever du soleil ou tu démarres ? Ou peut être juste...

Moi: Tu réagirais comment, si tu étais à ma place ?

Mark: Je réagirais comme ça.