Chapitre 9 - Bisons

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Les blessures d'Arthur finirent par guérir, mais il n'était pas encore assez en forme pour reprendre ses méfaits d'autrefois. Pour sa première sortie, Charles lui proposa de venir chasser le bison avec nous. J'étais excitée, je n'en avais jamais vu de près. Ces bêtes évitaient généralement d'approcher Valentine, où l'agitation humaine était trop forte, et mon père préférait chasser dans les forêts au nord de la ville, plutôt que dans les grandes plaines.

« Quand j'étais petit, ma mère me racontait comment sa tribu bougeait en même temps que les bisons. Où les bisons allaient, mon peuple allait. Ils étaient le centre de toute vie, nous ne pouvions pas survivre sans eux. Il y avait beaucoup de respect.

- Je ne me souviens pas trop de mon enfance, mais chez moi, on bougeait plutôt avec le whisky.

- Ahaha. Et bien mon père faisait cela aussi. »

C'était la première fois que j'entendais Charles parler de ses parents. Il semblait toujours plus loquace aux côtés d'Arthur, se dévoilant sans hésitation. Ce dernier avait même réussi à lui tirer un rire avec son commentaire sur le whisky. Son père buvait donc. Plus je côtoyais cette bande, plus je me rendais compte de l'enfance heureuse que j'avais eu.

« Là-bas, vous les voyez ? Ils sont incroyables non ? Nous ne devons en tuer qu'un seul. »

Je galopais aux côtés de Charles, laissant à Arthur l'honneur d'en abattre un. Les observer me suffisait, et j'avais presque des scrupules de les chasser après la façon quasi sacrée dont Charles en avait parlé. Nous galopions parmi ces bêtes majestueuses. Leur taille m'impressionnait et je devais constamment rassurer ma jument qui ne semblait pas trop apprécier leur compagnie.

Je descendis de cheval pour m'approcher de la bête au sol. Je me sentais ridiculement petite à ses côtés. Je caressai sa fourrure tandis qu'Arthur commençait à en prélever les parties intéressantes. Je retournai vers mon cheval en souriant à Charles. J'étais ravie de cette sortie. Parcourir les plaines me grisait. L'homme semblait toutefois préoccupé. Il avait repéré des vautours et voulait savoir ce qui les avait attirés.

« Non, regardez, des bisons. Abattus et laissés pour morts.

- C'était peut-être un animal ?

- Non, on leur a tiré dessus. Je ne comprends pas pourquoi les laisser pourrir comme ça.

- Ca n'a pas de sens, même le plus barbare des chasseurs de chez moi n'aurait pas fait un tel gâchis. » Je déclarai, à mesure que nous avancions, trouvant toujours plus de cadavres. Inspectant un vieux camp, nous décidâmes d'aller à la poursuite de ces hommes.

« Les salauds, ils tuent pour le plaisir.

- Tu crois qu'on peut parler ?

- Je ne tue pas pour le plaisir, je tue quand je le dois »

Découvrant un autre cadavre, Charles fit accélérer sa monture, galopant comme un fou vers le feu que nous apercevions au loin. Je m'accrochai à la crinière de ma jument, tandis qu'elle suivait le rythme effréné de ses congénères. Arrivés à hauteur du camp, je me tendis. Charles, lui toujours si calme et réfléchit, marchait frénétiquement en direction des inconnus, avec une expression que je ne lui connaissais pas.

« Est-ce que vous avez tué ces bisons ?

- C'est quoi ton problème ?

- J'ai dit, est-ce que vous avez tué ces bisons ?

- Calme toi, espèce de bâtard noir ou rouge, peu importe ce que tu es.

- LES AVEZ-VOUS TUE ?

- Ouais on l'a fait. On a tué les bisons et on te tuera aussi si tu continues.

- Qu'est-ce ça peut te foutre si...

- VOILA CE QUE CA PEUT ME FOUTRE ! »

Je ne pu empêcher un léger cri de sortir de ma gorge. Je portai ma main à la bouche. Charles venait de faire exploser la cervelle du plus vindicatif des deux. Il hurlait à présent. Un frisson me parcourut. Je n'avais jamais vu cette facette de l'homme, et la trouvais terrifiante.

L'autre homme suppliait pour sa vie. Arthur l'attrapa par le col et le malmena pour obtenir des réponses. Ils avaient été payés pour faire croire que les bisons avaient été tués par des indiens. Dans quel but, je ne le compris pas.

« Tue-le Arthur »

Je levai la tête vers Charles. Je n'aurais jamais imaginé ça de lui. Tuer de sang-froid. J'avais tendance à oublier qui étaient ces hommes. Je ne les côtoyais que dans la sécurité du camp, ou à la chasse. Je n'avais jamais vu leurs vrais visages, ceux pour lesquels ils étaient recherchés dans de nombreux Etats. Arthur relâcha l'homme, au grand mécontentement de Charles. Celui-ci déclara rageusement rentrer au camp. Je décidai de rester avec Arthur, le regardant fouiller le camp sans bouger.

« Il va falloir t'endurcir, c'est ça notre vie.

- Je sais, et je l'accepte. C'est juste que. Je ne sais pas. Il dit qu'il ne tue que quand c'est nécessaire, mais il tire sur ce gars. Oh ce n'est pas une grosse perte. Je sais pas. J'aime pas non plus l'idée qu'on tue des animaux pour les laisser pourrir pour rien. Mais tuer un homme pour cela ?

- Nous avons tous nos blessures Anna. N'as-tu pas planté un couteau dans la main d'un pauvre ivrogne ? Tu aurais pu demander au barman de le sortir, comme tu aurais pu nous laisser sauver ta soeur seuls, ou ne pas intervenir à Valentine. Et pourtant, toi aussi, tu as choisi la violence. »

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Plus tard, je rejoignis Charles qui dînait auprès du feu. Quand je lui demandai si ça allait, il me répondit par monosyllabe. Charles le stoïque était de retour.

Je ne pus le questionner plus avant, Sean et Javier nous ayant rejoints. Bientôt Micah arriva lui aussi, sourire narquois aux lèvres. Javier fut sa cible ce soir-là, lui disant entre autres de rentrer à Mexico. La réponse ne se fit pas attendre. D'un coup de poing, il le mit par terre.

« Tu frappes comme tu t'habilles Javier, comme une femme.

- Donc une femme peut vous mettre par terre, Mr Bell ?

- C'est moi qui vais te mettre par terre fillette, si tu continues.

- Mon couteau adorerait ça. »

Il grommela avant de s'éloigner. Charles me regarda.

« Tu devrais faire attention avec Micah, il n'est pas du genre à en rester là.

- Ne t'inquiète pas, je connais ce genre de type. Tant qu'ils fanfaronnent comme ça, ils ne sont pas dangereux. Croyez-moi, c'est quand les hommes se taisent qu'il faut se méfier.

- Tu dois vraiment te méfier de Charles alors, il ne dit jamais rien ». Sean déclara. L'intéressé leva les yeux au ciel et quitta le feu de camp tandis que j'éclatai de rire.

- Remarque, tu n'as pas tout à fait tort. Je l'ai vu énervé, crois-moi, je n'essayerais jamais de le provoquer ! »

Nous passâmes la nuit à rigoler, Javier jouait de la musique doucement. Tout allait bien entre nous, il n'y avait aucun malaise depuis la dernière fête. Je me demandais même s'il se souvenait m'avoir fait des avances. Uncle racontait des histoires, constamment interrompu par Sean. Ce dernier était très expansif et épuisant, mais animait nos soirées. Karen était venue s'asseoir sur ses genoux, nous chantions, nous buvions, profitant sans le savoir de nos derniers moments d'innocence...

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Et voilà ! Ce chapitre est un peu plus court, j'ai hésité un moment avant de le séparer du chapitre suivant. J'ai eu un peu de mal avec ces deux chapitres, ils font le lien avec le reste de l'histoire tout en donnant quelques informations sur Anna. Mais je sais pas, je les trouve un peu planplan et j'arrive pas à les améliorer. 

J'ai été bien occupée avec mes cours et mon ordinateur m'a lâché après 7 ans de bons services, donc j'avais un accès limité à un apparail pour continuer à écrire. Demain j'ai mon examen et normalement mon nouvel ordi devrait arriver, donc avec de la chance je devrais pouvoir reprendre à écrire ce week-end. Merci de votre lecture :) 

Outlaws - Une jeunesse Américaine - [Charles Smith x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant