Charles ne me lâcha la main qu'une fois à l'intérieur de la maison. Il m'embrassa doucement la tempe avant de s'avancer dans le couloir en direction du salon, d'où des sons joyeux s'élevaient. Je le suivis, frottant mes yeux rougis de larmes.
Je m'assis dans l'un des fauteuils pendant que nos amis chantaient joyeusement. Mon regard rencontra celui d'Abigail, qui me fit un clin d'œil. Elle avait compris, comme toujours, l'issue de notre tête à tête. Charles me tendit une bière, restant debout près de moi. Sa pudeur habituelle l'empêchait de s'asseoir à mes côtés, mais je m'en fichais. Le savoir là me suffisait. La chanson se termina dans les rires de mes amis, et je pus enfin demander.
« On fête quoi ?
- Le mariage ? la vie ? Avant tu n'avais pas besoin de raison pour faire la fête ! »
Je rigolai doucement avant d'entonner une chanson, l'émotion encore présente dans ma voix. Mais bientôt, tous se mirent à chanter en cœur, me donnant le courage de continuer. J'observai ces visages un à un. Mes amis. Ma famille. La vie avait été dure, et nul doute qu'elle nous apporterait encore notre lot de souffrances, car ainsi va la vie. Mais peu importe les épreuves, je savais que leur amitié me suivrait jusqu'à la fin.
Plus tard, je m'assis sous le porche avec Abigail. L'une contre l'autre, nous observions les étoiles. Je posai ma tête sur son épaule, profitant de sa chaleur maternelle.
« Ça y est, vous vous êtes enfin mis d'accord. Et dire que je trouvais John long à se décider. »
Je rigolai doucement à cette remarque.
« Oui, ça y est. Plus d'excuses, plus de secrets. Et pourtant, je suis triste... Je sais que nous devrons partir. Dans une vie plus juste, je resterais là avec vous tous. Mais ne pensons pas à cela maintenant. Tu vas te marier avec John Marston. Tu as un beau ranch, une belle maison et le plus adorable des enfants. Tu as enfin la vie que tu mérites. »
Elle sourit, émue, puis passa son bras autour de mon épaule. Nous restâmes enlacées ainsi de longues minutes, avant d'entendre la porte s'ouvrir derrière nous. Charles se tenait là, nous regardant de son air tranquille. Abigail sourit, m'embrassa la joue et se leva. Elle posa doucement sa main sur l'épaule de Charles avant de disparaître à l'intérieur. Lui s'approcha de moi.
« Allons dormir » souffla-t-il en me tendant la main.
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Je me réveillai dans ses bras, plus sereine que jamais. Une grande joie m'envahit quand je réalisai que pour le reste de ma vie, mes matins ressembleraient à celui-là. Mais pour l'heure, j'avais encore une mission douloureuse à effectuer. Une fois vêtue, j'embrassai Charles. Il prolongea le baiser, me serrant un peu plus fort contre lui, comme s'il craignait que je ne revienne pas. Que je change d'avis. Je fus celle qui arrêta l'échange, passant tendrement ma main sur sa joue.
« Je reviens très vite. »
Je déposai un rapide baiser sur ses lèvres avant de monter sur ma jument, la lançant au galop vers la ville. La journée à venir ne serait pas plaisante, mais c'était la seule chose à faire. Je me donnai du courage en pensant à mon amant et à notre vie future.
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« La vie ne sera pas facile avec lui, tu en as conscience ?
- Je sais. »
Derrière la porte close de notre cabinet, j'avais annoncé ma décision à Marc. Bien entendu, il avait compris qu'il se passait quelque chose entre Charles et moi. Il n'était pas idiot. Je l'avais évité depuis cette fameuse soirée où il avait découvert, estomaqué, que Charles possédait la partition de cette musique que je ne cessais de jouer à Chicago.
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Outlaws - Une jeunesse Américaine - [Charles Smith x OC]
AventureLa vieille dame sourit en pensant à son amant depuis longtemps perdu. Ils étaient jeunes, fougueux et plein d'idéaux, à l'aube de ce nouveau monde qui était, malgré eux, déjà présent. Arthur, John, Mary-Beth et tous les autres... Elle se souvenait...