Les jours, puis les semaines s'écoulèrent. Après l'installation des tipis, nous construisîmes quelques bâtiments en bois. Petit à petit, nous trouvâmes un nouveau rythme de vie. Ces terres étaient bonnes, nous pûmes lancer des plantations de légumes. A côté de cela, nous chassions et cueillions les baies encore présentes en cette fin d'été.
Nous reprîmes les tours de garde autour du camp, comme du temps de la bande. Nous voulions être sûrs de la sécurité des environs. Il n'y avait personne à des kilomètres à la ronde, et il fallait plus d'une heure de cheval pour atteindre la première "ville". Celle-ci n'était qu'un ensemble de trois-quatre bâtiments, regroupant une épicerie générale, une armurerie et un bureau de poste.
Mais la vigilance restait de mise. Par miracle, nous avions réussis à semer l'armée américaine. Bien entendu, ils n'avaient pas le droit d'intervenir de ce côté de la frontière. Mais s'ils décidaient d'attaquer tout de même, qui les en empêcherait ? Cela prendrait des jours, des semaines peut-être, avant qu'un tel évènement remontent aux oreilles des autorités Canadiennes.
Nos journées étaient bien remplies, entre les tâches du quotidien et l'établissement d'un lieu de vie permanent. Si bien que les semaines passèrent sans que Charles et moi n'ayons l'occasion de nous asseoir en tête à tête, pour discuter de nous, de notre nouvelle vie. A cause des tours de gardes, nous dormions souvent en décalé. Mais nous partagions le même tipi, et quelques heures de sommeil en commun, l'un contre l'autre. Une ou deux fois, nous fîmes un peu plus que dormir.
Mais encore une fois, nous ne mettions pas de mots sur notre relation, sur notre avenir. Nous n'étions que deux amis, profitant de la présence de l'autre pour nous réconforter après ces mois difficiles.
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Un rire cristallin me fit lever la tête alors que je préparais le dîner. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Je savais de quelle bouche ce rire s'était échappé. Ehawee. Laissant mon travail, je m'avançai pour voir qui était parvenu à lui rendre sa bonne humeur naturelle. Quelques pas plus loin, mon cœur se serra.
Charles était le responsable de cette joie nouvelle. Il rigolait lui aussi, ne semblant pas pouvoir détourner ses yeux d'elle. Les voir si complices me rendait triste, sans que je ne puisse me l'expliquer. Je secouai ma tête avant de retourner à mon travail. Il était juste amical. Il avait le droit d'avoir d'autres amies que moi.
J'essayai de m'enlever cette jalousie de ma tête. Mais je ne pus empêcher mon cerveau de ressasser les évènements des dernières semaines. Chaque petit échange entre eux me revint en mémoire. Ce n'était pas la première fois que je les voyais ensemble. Je n'avais aucune idée de quoi ils pouvaient bien parler quand j'étais trop loin pour les entendre. Je chassai ces idées. Il ne fallait plus y penser. Cela n'apporterait rien de bon.
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Un matin, alors que le mois de septembre était bien avancé, je le vis monter à cheval et quitter le camp. J'interrogeai Ehawee qui l'avait accompagné jusqu'à sa monture.
« Il a dit qu'il avait des courses à faire. Il revient plus tard. »
Je fronçai les sourcils. Quelles courses pouvait-il bien avoir à faire ? Pourquoi ne m'en avait-il pas parlé ? Je n'aimais pas cette soudaine distance entre nous. Quand il revint quelques heures plus tard, je sentis immédiatement que quelque chose n'allait pas. Une bonne partie de la journée passa sans que je puisse l'approcher.
En fin d'après-midi, je regagnai notre tipi pour me reposer. Alors que je fermai les yeux, un bruissement se fit entendre. Charles était entré. Je me redressai pour le saluer et l'interroger. Mais il ne me répondit pas, fuyant mon regard. Quelque chose était arrivé, je le sentais au plus profond de moi.
Il s'agenouilla près de moi, me regardant un instant avant de m'embrasser. Fort, désespérément. Il appuya sur mes épaules pour m'obliger à m'allonger. Sans plus de cérémonie, il remonta la jupe que je portais ce jour-là. Sans un mot, sans un regard, il s'insinua en moi. Son front posé contre ma clavicule m'empêchait de voir son visage.
Je ne comprenais pas ce qu'il lui arrivait. Il n'y avait ni tendresse, ni passion. Il s'activait comme un homme cherchant à se soulager avec la première fille qui passait par là. Cette pensée me serra le cœur. Et pourtant, je le laissai faire. Car aussi désespéré et brutal qu'était cet échange, sentir sa peau contre la mienne me soulageait.
Quand il eut fini, je cherchai à rencontrer son regard, pour l'interroger silencieusement. Mais il m'évita méthodiquement, remontant son pantalon avant de sortir, marmonnant qu'il avait des choses à faire. Je restai abasourdie pendant quelques instants, essayant de trouver un sens à tout ceci. Puis je réajustai ma jupe et écarta les pans du tipi pour tenter de l'observer de loin. Je ne le reconnais plus.
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Plus tard, nous nous retrouvâmes tous autour du feu pour le dîner. Je l'observais du coin de l'œil, essayant de récolter le moindre indice sur la raison de son comportement. Mon inquiétude grandit quand je le vis suivre Rain Falls dans son tipi. Jamais je ne m'étais sentie autant tenue à l'écart.
Quand ils en ressortirent, Charles avait l'air grave. Nos regards se croisèrent. Je l'interrogeai silencieusement, mais il se contenta de détourner la tête. Je n'insistai pas plus, retournant à la conversation autour de moi. Ils parlaient dans leur langue natale et j'essayai d'en comprendre le plus possible. Ils m'avaient tous appris de nombreux mots ces dernières semaines, mais je ne parvenais pas encore à parler, ni à comprendre les longues conversations.
Petit à petit, nos compagnons allèrent se coucher. Bientôt, il ne restait plus que nous. Il vint s'asseoir près de moi. Le regard planté dans le feu qui dansait devant moi, je demandai d'une voix qui cingla les airs.
« Tu es enfin décidé à me dire ce qui ne va pas ? »
Il acquiesça mais ne dit rien pendant de longs instants. Je ne le pressai pas. Je savais que ce qu'il allait m'annoncer n'allait pas me plaire. Je redoutais le pire... A raison.
« J'ai eu des nouvelles du sud... Arthur... Arthur est mort. Je ne sais pas ce que les autres sont devenus, mais apparemment la Pinkerton a donné l'assaut. Donc ce n'est probablement pas bon. »
Je hochai de la tête, mordant mes joues pour ne pas pleurer. Je m'y attendais, je m'y étais préparée. Mais rien ne prépare vraiment à la perte, et les larmes coulaient déjà sur mes joues. Il se rapprocha de moi et serra ma main. Je sentais qu'il ne m'avait pas tout dit, mais je n'étais pas sûre de pouvoir en entendre plus.
« Allons dormir » me dit-il, m'entraînant dans notre tipi. Je m'allongeai à ses côtés et m'endormis en pleurant dans ses bras.
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Je suis tellement, tellement désolée. Je sais que vous adorez Charles et moi aussi ! Mais j'en ai marre de le voir toujours aussi parfait, faisant toujours la bonne chose. C'est un être humain après tout, il a le droit de faire des erreurs et faire souffrir les gens auxquels il tient. Je pense qu'il souffre et qu'il ne sait pas comment gérer ses sentiments, c'est pour ça qu'il agit comme ça.
Le second chapitre arrive probablement d'ici quelques heures, je voulais une séparation nette entre les deux parties, mais elles vont tout de même ensemble donc je les poste en même temps. (Et pour être honnête, je ne voulais pas attendre pour voir votre réaction). Donc dès que je serai rentrée, je corrigerai la deuxième partie et la posterai !
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Outlaws - Une jeunesse Américaine - [Charles Smith x OC]
AventuraLa vieille dame sourit en pensant à son amant depuis longtemps perdu. Ils étaient jeunes, fougueux et plein d'idéaux, à l'aube de ce nouveau monde qui était, malgré eux, déjà présent. Arthur, John, Mary-Beth et tous les autres... Elle se souvenait...