« Chicago, 17 novembre 1900 ;
Cher Charles,
Les semaines passent et se ressemblent. Ma vie me semble un peu monotone en ce moment. Le temps est gris, ajoutant à cette sensation. Je continue à travailler beaucoup, comme l'année dernière. Mais après ces deux mois passés dans la vie animée de ma famille, la solitude de Chicago commence à me peser.
Bien sûr, il y a du monde à la pension, et j'ai de longues discussions avec Mrs. Brown. Mais je n'ai pas réussi à tisser de liens particuliers avec les autres pensionnaires. Il y a bien cette fille avec qui je suis sortie une fois. Elle m'a emmenée un samedi après-midi dans un quartier que je ne connaissais pas, dans un tripot au sous-sol d'un immeuble. Il y avait là surtout des hommes, mais aussi quelques femmes. L'ambiance y était plutôt joyeuse, bien que les personnages rencontrés ne respiraient pas l'honnêteté. J'ai vite compris que nous étions dans l'un des repaires de l'Outfit, une des nombreuses bandes qui sévissent pour le contrôle de Chicago.
Même à des milliers de kilomètres, je te vois froncer les sourcils et me donner ce regard sévère dont tu uses dès que je fais quelque chose qui ne te plaît pas. Rassure-toi. Quand nous sommes rentrées, je lui ai dis que je ne l'accompagnerai plus, que j'ai déjà vécu ce genre d'expérience et que je ne souhaitais pas recommencer.
J'espère que tu seras fier de moi. La vie de hors-la-loi, que cela soit du Far West ou bien des villes, est derrière moi.
J'espère que tu te portes bien,
Je t'embrasse,
Anna. »
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« Anna,
Je sais mieux que personne à quel point il est facile de retomber dans ce genre de vie. Je t'en prie, fais attention à toi. Tu es sur le bon chemin pour une nouvelle vie, une vie convenable et pleine de promesses. Alors ne gâche pas tout.
Je suis fier de toi. Toujours. Alors continue ainsi.
Charles. »
Jamais il ne m'avait répondu aussi vite. Il s'inquiétait réellement pour moi. Il avait dû écrire cette lettre dans la précipitation, trop inquiet que je la reçoive à temps pour que je reste dans le droit chemin. Son écriture était moins régulière qu'à l'habitude, et il n'avait même pas pris le temps de mettre la date.
Lire ce mot me réchauffa le cœur. Malgré la solitude, malgré la distance, j'avais un ami fidèle. Cette lettre ne me quitta plus. Pendant des mois, je la gardai contre mon cœur, en tirant la force nécessaire pour continuer.
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Un jour que je travaillais dans ma chambre, j'entendis de l'agitation dans le foyer. Ne pouvant plus me concentrer, je décidai de descendre pour voir ce qu'il se passait. Me frayant un passage parmi les pensionnaires, je pu enfin comprendre.
Mrs. Brown avait fait une folie. Elle avait commandé un piano flambant neuf, qui était désormais en train d'être installé près de la cheminée du foyer. Certains piaillaient, impatients de pouvoir nous montrer leur talents, réels ou non. Il ne leur fallut pas attendre trop longtemps. J'observai ces démonstrations depuis un coin de la pièce, un peu en retrait. Un pensionnaire vint à ma rencontre.
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Outlaws - Une jeunesse Américaine - [Charles Smith x OC]
AventuraLa vieille dame sourit en pensant à son amant depuis longtemps perdu. Ils étaient jeunes, fougueux et plein d'idéaux, à l'aube de ce nouveau monde qui était, malgré eux, déjà présent. Arthur, John, Mary-Beth et tous les autres... Elle se souvenait...