Chapitre 46 - Une douce nuit, partie 2

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Si vous voulez une chanson pour ce chapitre, c'est définitivement I can't go without you de Kaleo (oui, encore eux), l'intensité et les paroles de la chanson collent parfaitement à ce qu'il se passe.

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Alors que la nuit avançait, Abigail et John me prièrent de rester dormir au ranch plutôt que de faire la route pour rentrer à Blackwater. J'acceptai sans mal cette demande, tant j'étais heureuse de les revoir. Je me dirigeai alors vers ma jument pour la desseller et la lâcher dans le corail avec les autres chevaux. Je lui murmurai quelques mots tranquillisants en lui donnant un morceau de pomme.

Quand je revins près du feu, il n'y avait plus que Charles. Les autres étaient partis se coucher, épuisés par les émotions du jour. Après de longs instants, je pris enfin mon courage à deux mains, évoquant le sujet qui me brûlait les lèvres depuis des semaines.

« C'est... C'est vrai que tu faisais des combats de rue à St Denis pour payer mes études ? »

Il soupira.

« Je leur avais dis de ne rien te dire. Ce n'est pas très important.

- Bien sûr que ça l'est. Comment tu as pu faire ça ?

- Ça valait le coup, tu es médecin. Alors ne gâche pas tout maintenant.

- Si j'avais su, je ne t'aurai jamais laissé faire.

- C'est bien pour cela que je ne t'ai rien dit.

- Je te rembourserai jusqu'au dernier centime.

- Non. Si ma façon de gagner cet argent était douteuse, la façon de le dépenser était honnête et je n'en ai pas honte. » Sa voix s'était assombrie, ne laissant pas de place à la protestation. Un silence se fit, avant que je reprenne la parole.

« Je suis quand même désolée que tu ais dû te sacrifier pour moi.

- N'en parlons plus, tu es médecin maintenant. Et moi je suis... Rancher dirait-on. Oublions cela. »

Nous replongions dans le silence. Il jouait avec le feu avec un bâton tandis que, la tête en arrière, j'observais les étoiles. Je tournai mon visage vers lui.

« C'est la première fois depuis longtemps qu'on est côte à côte comme ça.

- C'est vrai. »

L'alcool m'avait donné du courage, et sans réfléchir, je posai ma tête sur son épaule.

« Tu m'as manqué. »

Je n'eus droit pour réponse que son traditionnel "hmhm". Il avait huit ans de plus mais n'était toujours pas plus doué pour exprimer ses sentiments. Je finis par me redresser en me frottant le visage.

« Tu es fatiguée ?

- Oui, le rythme est fou au cabinet. On pourrait être deux sans problème. La région est plutôt peuplée au final. Sans compter tous les passagers des bateaux. Mais le maire a dit qu'il allait me trouver une secrétaire, ça sera déjà ça. En attendant, je suis épuisée.

- Tu devrais aller te coucher avec les autres. Ça ne sera pas aussi confortable que ton lit en ville mais ça te rappellera tes jeunes années.

- Je crois que je préfèrerais dormir à la belle étoile, près du feu. Je n'en ai jamais eu l'occasion à Chicago, ce n'est pas vraiment une habitude de la haute société. »

Il s'esclaffa à cette remarque. Je tournai ma tête vers lui, mon regard plongeant dans le sien. Un instant, quelque chose se passa, comme une décharge électrique entre nous. Mais il se leva et je soufflai en détournant les yeux. Tant d'années étaient passées. Je n'étais plus la même, pourquoi le serait-il ?

Outlaws - Une jeunesse Américaine - [Charles Smith x OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant