Chapitre 6

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Ce matin, je me réveille avec de vagues souvenirs de la veille. Je me lève tout doucement. Les émotions d'hier soir m'ont beaucoup fatigué. Je refais la même journée qu'hier. Après avoir fait tout le ménage, je vais faire des courses. Le soir, la maison a été à nouveau salie. Comme hier, ils m'ont battue. J'essaie de protéger mon bébé du mieux que je le peux.

J'en ai marre, cette situation dure depuis une semaine. Aujourd'hui, j'ai décidé de changer. Je suis allée acheter des caméras et je les cache partout dans la maison sauf dans les salles de bains et dans les chambres. Tout le monde a le droit à son intimité.

Je recommence ma journée, comme toutes les journées de la semaine. Je recommence chaque tâche. Le soir, je me fais battre à nouveau. Je n'ai pas encore regardé les vidéos. Je devrais peut-être le faire. Pour l'instant, je n'ai pas le temps. J'ai cette intuition que bientôt ma situation va changer.

Ophélia vient me chercher pour manger. Je ne lui réponds pas. Je n'ai pas faim. Je pars dans la salle de bains pour me soigner. Je ne m'occupe pas de leurs affaires. Ce sont leurs vies, pas la mienne. Je ne sais même pas pourquoi je suis toujours dans cette maison ? Je ne sais pas, non plus, pourquoi je me laisse faire sans rien dire.

- Aaaaaaaah !

Ai-je bien entendu un cri ? Oui ça à l'air ! On aurait dit un cri de terreur. Je sors de ma chambre et cours vers les escaliers.

- OPHÉLIA ! NOOOOOOOOOOOON ! OUVRE LES YEUX !

Je descends les marches pour voir ce qu'il a bien pu se passer. Ma sœur gît en bas des escaliers. Mon mari prend ma sœur dans ses bras et part je ne sais où avec elle. Fin sûrement à l'hôpital, logique, vous me direz. Le père de mon mari lève son regard vers moi. Quand il me voit, il fonce dans ma direction. Il attrape mon bras et me fait descendre toutes les marches avant de me jeter par terre. Il me bat plus fort qu'il ne l'a jamais fait. Je protège mon ventre du mieux que je peux. Ce n'est pas toujours simple. Mais je ne veux pas qu'il fasse de mal à mon bébé, après tout, il est la seule personne qui me reste. Sans lui, je ne sais pas si je pourrais continuer à survivre.

Je vois les parents de mon mari partir avant de sombrer dans le noir. Je ne sais pas combien de temps s'est passé pendant que j'étais inconsciente. Mon corps est douloureux. Je me lève comme je peux. Je tombe plusieurs fois. Je ne supporte plus cette douleur. La douleur au ventre est la plus insupportable. J'ai peur qu'il ne soit arrivé malheur à mon bébé. Je sors de la maison et demande à des passants de m'aider.

Une personne, seulement, accepte de m'aider. Tous les autres ont passé leur chemin. Ils ont fait comme si je n'existais pas. On m'emmène aux urgences où mon gynécologue vient m'ausculter. Mon père et ma mère passent près de moi. Ils ne m'ont pas vu et tant mieux pour moi. Mon médecin me dit que mon bébé va bien. Je suis soulagé. Il me tend un prospectus avec un numéro pour les femmes battues. Il me regarde d'un air désolé avant de repartir voir d'autres patientes.

Je me dépêche de rentrer chez moi avant qu'ils ne se rendent compte de mon absence. Heureusement, je rentre avant eux. Je monte dans ma chambre. Je continue les robes de demoiselles d'honneur que l'on m'a commandées. Je les termine. Je les range dans une housse. J'envoie un message à ma cliente pour la prévenir qu'elles sont terminées.

J'entends des pas dans l'escalier. Mon père, ma mère et mon mari entrent dans ma chambre. Mon père fonce sur moi. Il me gifle, ma mère crache sur moi. Mon mari me tend des papiers.

-Après, tes actes impardonnables d'aujourd'hui, tu ne mérites que ça. Je veux que tu quittes cette maison et que tu n'y remets plus jamais les pieds. Je veux que tu disparaisses de nos vies à tous. Tu ne sais apporter que de la douleur. Tu ne sais que faire souffrir ceux qui t'entoures.

De la cave à l'îleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant