Chapitre 23

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Deux mois ont passé depuis mon dernier rendez-vous chez le gynécologue. Mon rendez-vous est demain après-midi. Mon ventre s'est drôlement arrondi en deux mois. J'ai hâte et j'ai peur de savoir ce qu'il se passe dans mon ventre. Cet après-midi, j'ai décidé de sortir avec mes fils. Je les emmène dans un parc près de la maison. On forme une longue ligne tous les quatre. Mes fils marchent et commencent tous à parler. J'emmène une poussette, pour les ramener au cas où ils seront fatigués. Nous marchons jusqu'au parc. Je les laisse jouer. Je me pose près d'eux en cas de problème.

Les garçons jouent calmement. D'ailleurs, ils sont toujours très calmes. Très rapidement, ils ont fait leurs nuits. Ce sont de vrais petits anges. Ils jouent quand l'un d'eux est fatigué, il vient s'allonger sur mes genoux. Je sors mon bloc de dessin. Je dessine mes enfants en train de jouer ensemble. J'en dessine un autre prenant place et dormant sur mes genoux. Je m'amuse beaucoup à les dessiner. Je dessine tout en les surveillant.

Je tends l'oreille pour savoir ce qui se passe autour de moi. J'entends des amis rire ensemble. Des enfants qui s'amusent sur l'aire de jeux à proximité. Le cadre est idyllique, mais j'ai le pressentiment que tout ne va pas être aussi agréable en fin de la journée. Cette journée va mal se terminer. Je profite du moment présent avec mes fils.

Je dessine sur mon bloc quand j'entends mon prénom. Je ne relève pas la tête. Je continue de dessiner ma prochaine collection. À plusieurs reprises, j'attends mon prénom. Plus les minutes passent et plus cette personne se rapproche. Je ne prête attention à cette voix que lorsque deux pieds apparaissent dans mon champ de vision. Je relève la tête et enlève l'écouteur de mon oreille.

Je le reconnais aussitôt. Je ne pourrais jamais lui pardonner ce qu'il m'a fait. La personne en face de moi et mon ancien meilleur ami. Je lui lance un regard noir. Il m'a abandonné et il voudrait revenir comme une fleur. Je ne suis pas du genre à pardonner facilement. Enfin, ça dépend de la personne.

Je ne veux pas qu'il s'approche de moi. Pas après tout le mal qu'il m'a fait. Rien que d'y penser, mes souvenirs remontent. J'ai toujours été présent pour lui quand il en avait besoin. Mais lui, dès que tu as un problème, il te fuit comme la peste. Il aurait pu m'aider, mais il a été clair dans ses propos. Ce jour-là, il m'a dit : "je ne veux plus jamais parler avec toi. Ce que tu as fait est impardonnable !". Aujourd'hui, il est là, devant mes yeux. Une jolie fille à ses côtés.

-que voulez-vous ?

- Maya, je...

-Tu quoi, Jordan ?

-je voulais m'excuser, je n'aurais jamais dû partir comme je l'ai fait.

-et pourtant, tu l'as fait. Alors que j'avais besoin de toi.

-je sais Maya, je ne sais pas ce qu'il m'a pris de faire ça. J'aurais dû rester avec toi.

-oui, mais tu ne l'as pas fait.

Il me regarde avec ses yeux larmoyants. Il semble vouloir m'attendrir, mais ça ne marche pas. Je me suis fait avoir une fois, mais pas deux. Il me regarde sans trop savoir quoi faire. La fille à côté de lui s'installe près de mes fils. Elle les regarde jouer entre eux. Néo marche vers elle et s'installe sur ses genoux. Il est vite suivi par ses frères. Elle bascule en arrière et les garçons s'installent sur sa poitrine. La scène est très marrante. Je reporte mon attention sur Jordan. Il veut me parler, mais il n'y arrive pas. Je comprends maintenant, pourquoi, elle est aller vers mes fils. Elle nous laisse parler tous les deux.

-Maya, si je suis parti précipitamment, c'est que je n'ai pas eu le choix.

-tu sais, je n'ai pas besoin de connaître tes raisons. Tu l'as fait, tu l'as fait. Il n'y a rien d'autre à dire.

-mais moi, j'ai besoin que tu l'entendes. J'ai besoin que cela sorte. Je sais que toi, tu ne me jugeras pas et que tu m'acceptes tel que je suis comme tu l'as toujours fait. Je sais que c'est un sujet tabou, mais je suis gai. Ce n'est pas que j'ai honte, mais mes parents m'ont chassé de la maison quand ils l'ont su. Je ne voulais pas que ça s'ébruite alors je suis parti précipitamment. Je m'en veux, depuis que je suis parti, j'aurais dû te prévenir, rester en contact avec toi. Tu étais la seule et tu resteras la seule à me comprendre. Tu m'as donné de si bons conseils. Tu as toujours été là pour moi. Je ne suis pas à la hauteur de ton amitié. Je n'ai jamais réussi à te protéger alors que toi tu m'as toujours protégé des autres et je ne t'ai jamais remercié. C'est pour ça que j'aimerais que notre amitié soit restée identique après des années sans te voir. Mais je sais que cela n'est pas possible. Et j'espère du fond du cœur que tu pourras me pardonner un jour.

Son discours m'a tellement touchée que j'en pleure. Ça, c'est peut-être à cause des hormones. Je le prends dans mes bras. je ne me rends compte que maintenant que sa présence m'a vraiment manqué. J'ai besoin de retrouver mon meilleur ami. Il me sert en retour. Maintenant, je suis vraiment heureuse. j'ai l'impression de retrouver une part oubliée de moi-même. On s'échange nos numéros. Je suis dans ses bras. Je lui raconte tout depuis son départ. Je le sens se crisper à certaines de mes paroles. Je caresse sa peau pour le détendre. Mon pouvoir sur lui marche toujours autant. Son amie nous rejoint. Je lui ai tout raconté. Nous parlons tous ensemble de différents sujets. Je me rends compte de l'heure qu'il est que quand le parc ferme. Je rassemble mes affaires et celles de mes fils en vitesse. Nous sortons du parc. Je prends Jordan une dernière fois dans mes bras avant de partir. On s'est promis de se revoir bientôt. Je les observe partir avant de me retourner et de repartir chez moi. Je rentre après 10 minutes de marche. La nuit, je ne suis pas très rassurée. En plus, je n'ai plus de batterie pour prévenir mes amis.

Arrivé à la maison, je suis exténuée. Je passe la porte. Ils sont tous là à m'attendre, assis sur le canapé. Je vais coucher les petits, ils dorment. avant de redescendre, je me sens un peu craintive, mais c'est de ma faute, alors j'assume. Je m'installe près d'eux. Personne ne parle. Ils sont tous fixer sur la télé. Leur corps crispé montre leur colère. je sais qu'ils se sont inquiétés pour moi. Je sais aussi que dès que je vais vouloir m'expliquer, ils ne vont pas me laisser en placer une.

De la cave à l'îleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant