Chapitre 5

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Je me réveille dans une salle blanche. Mon corps est branché à des machines. Où suis-je ? Qu'est-ce que je fais là ? Une infirmière arrive. Elle m'ausculte. Elle me demande où j'ai mal ? Je réponds à sa question. Elle me prévient que mon mari est parti prendre un café et qu'il revient dans cinq minutes.

Je ne sais pas si j'ai vraiment envie de le voir. Je ne sais plus quoi penser de lui. Un coup, il est gentil, l'instant d'après il est le plus grand des connards. Je n'arrive vraiment pas à le cerner. Je continue de réfléchir encore et encore. Je ne m'en suis pas rendu compte aussitôt, mon mari me surveille sur le pas de la porte. Il s'approche de moi. Il s'assit sur la chaise à mes côtés. Il ne me regarde pas. On dirait qu'il a honte de ce qu'il a fait.

Quelques minutes, plus tard, un médecin arrive. Il a un grand sourire. Il se présente. Ils annoncent ce que j'ai eu :

- Bon, j'ai autre chose à vous annoncer. Madame, vous êtes enceinte. Le problème, c'est que votre corps est faible. Il va falloir vous reposer et rester allongé de préférence sur le dos, les jambes légèrement pliées, et cela, pendant un mois. Il faut que vous restiez allongé au moins deux heures par jour.

Je commence à pleurer, je ne sais pas si c'est de joie ou de peine. Mon mari vient me prendre dans ses bras. Mais je me débats, je ne veux pas qu'il me touche. Je ne veux pas qu'il me fasse encore du mal. Ma respiration se fait de plus en plus difficile, de plus en plus saccadée. Je n'arrive plus à respirer correctement. Ma tête me fait mal. Me voyant au plus mal, il s'éloigne de moi. Une fois qu'il s'est éloigné, ma respiration se calme peu à peu. Une fois que la douleur s'est calmée, je me lève doucement et je m'habille. Une fois que toutes mes affaires sont rassemblées, je suis mon mari jusqu'à sa voiture.

Le trajet dans la voiture se fait dans le silence. À la maison, il m'accompagne jusqu'à la chambre. Je range mes affaires. Je mets un pyjama et me place sur le lit comme le médecin me l'a conseillé. Mon mari s'installe sur le lit à côté de moi. A nouveau, je sens ma respiration s'accélérer. Voyant cela, mon mari s'éloigne à nouveau de moi. Il s'installe sur une chaise à l'autre bout de la pièce. Il allume la télé et on regarde un film ensemble. Au milieu du film, je lui lance :

- Est-ce que tu en veux ?

- De quoi ?

- De notre enfant ?

- Tu plaisantes, j'espère, tu crois que tu vas tuer cet enfant sans que je ne dise rien. Tu es vraiment une sale pute. Il n'y a que toi pour faire ça. J'ai quand même mon mot à dire. C'est moi son père.

- Commence par te calmer ! Je ne compte ni le tuer ni l'abandonner. Je tenais juste à connaître ta position. Est-ce que tu comptes prendre tes responsabilités ou tu préfères t'enfuir ? Je préfère élever cet enfant seule que d'avoir un homme comme toi à mes côtés. Je ne veux pas d'un homme capable de lever la main sur une femme, ni même d'un homme capable de violer une femme. Qu'est qui me garantit que tu ne lèveras pas la main sur mon enfant. Je peux te garantir que je ne te laisserai pas faire, je ne te laisserais pas lui faire du mal. Tu peux me faire autant de mal que tu veux. Mais je ne te laisserais jamais lui faire du mal.

- J'aurais tellement aimé ne jamais avoir rencontré une aussi grosse salope que toi. Tu ne mérites pas qu'Ophélia soit ta sœur. Elle au moins elle respecte cette maison. Elle fait ce qu'on lui demande. Tu as intérêt à davantage aider dans cette maison, ce n'est pas parce que tu est enceinte que tu ne dois pas faire ta part des choses dans cette maison. Tu n'as pas intérêt à dire que tu es enceinte. C'est à moi de leur dire. C'est à moi de leur annoncer cette affreuse nouvelle. Ne t'inquiète pas pour ça, tu vas l'élever seule ton bâtard. Tu as cru que j'étais naïf et que je ne me doutais pas que cet enfant était loin d'être le mien. Après tout, ce n'est pas pour rien si tous les gars de ta cité te connaissent dans tes moindres recoins. Est-ce que tu sais au moins qui est le père de ton bâtard ? Si tu savais, ça pourrait nous arranger. Ca me donnerait une bonne excuse pour te virer de chez moi. Je pourrais enfin me libérer de toi et vivre heureux avec ta sœur.

Sur ces paroles, il part me laissant seule dans la chambre. Je ne pensais pas qu'il allait réagir de cette manière. Je me repose 2 h comme le médecin me l'a conseillé. Après ces 2 h, je vais dans la cuisine et commence à préparer le repas du soir. Ce midi, personne n'est rentré. Je me prépare un petit en-cas. Je mange. Je termine le repas pour ce soir. Je fais le ménage. Tout est propre. Je pars me reposer dans ma chambre.

Je suis réveillé en sursaut par une main claquant ma joue. J'ouvre les yeux, je fais face à la mère de mon mari. Elle est énervée. Je ne comprends rien.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se passe ? C'est un comble. Ce serait plutôt à moi de te le demander. Tu ne crois pas ?

- Mais je ne comprends pas ! De quoi est-ce vous me parler ? Je ne comprends vraiment pas ce qui se passe. J'ai pourtant fait tout ce que vous m'avez demandé. Je ne vois pas ce que j'ai pu faire de mal.

- Lève-toi ! Tu vas voir si tu ne comprends pas fainéante. Au moins, ta sœur, elle cuisine pour tout le monde. Elle n'a pas mis cette maison sans dessus-dessous. Tu vas me faire un plaisir de tout nettoyer avant que mon mari et le tien ne rentrent. Sinon tu vas voir de quel bois je me chauffe !

Je ne dis rien, je me mets au travail. Quand ils reviennent, je n'ai pas encore terminé de tout nettoyer. Ophélia se fait un malin plaisir de leur raconter ce qu'il s'est passé selon elle. Je les vois tous les deux foncer sur moi. Je me recroqueville dans un coin. Je fais tout pour protéger mon ventre. Ils commencent à me frapper. Je ne peux rien faire à part les laisser-faire et attendre qu'ils se lassent. Quand ils s'arrêtent, je me dirige rapidement vers ma chambre. Je ferme la porte. Je m'assois le dos contre la porte et je pleure encore et encore. Je continue toujours à pleurer quand une voix m'interrompt.

- Maya, tu viens manger ?

- Non, laissez-moi tranquille ! Laissez-moi tranquille ! Vous n'en avez pas marre de me faire du mal. Laissez-moi ! Je ne veux plus vous voir ou vous entendre. Vous n'êtes là que pour me faire du mal.

Elle s'en va. Deux minutes plus tard, j'entends des pas lourds dans l'escalier. Je me réfugie dans la salle de bain. Je m'enferme à double tour. À peine ai-je refermé la porte, elle tremble déjà sous les coups de mon mari. J'ai peur. Je m'accroupis dans un coin la tête entre les genoux. Les mains sur les oreilles, je ne veux plus entendre ses cris. Il hurle qu'il va me tuer que je ne dois pas insulter Ophélia selon lui. Je ne comprends pas de quoi il parle. Mais j'ai trop peur pour lui répondre. J'ouvre la fenêtre. Je me mets sur le rebord de la fenêtre. La porte finit par céder. Il entre avec son père et sa mère dans la salle de bain. Ils sont prêts à en découdre. Ils se stoppent en me voyant.

- Ne vous approchez pas ou je saute, dis-je la peur au ventre et dans les yeux.

- Il faut bien que tu paies pour tes bêtises.

Ils s'approchent, je recule sur le petit rebord. Je regarde le vide derrière moi. Il y a la piscine en bas. Mais je ne sais pas nager. J'ai la phobie de l'eau. Ils s'approchent à nouveau, ce coup-ci, je me laisse tomber dans le vide. Mon mari court à la fenêtre pour me rattraper. Il tend son bras. Je suis déjà hors de sa portée. Je tombe dans la piscine. Tous les mauvais souvenirs remontent. J'avale de l'eau. Je n'ai plus d'air dans mes poumons. Mes yeux se ferment petit à petit. Tout devient noir autour de moi. Mes poumons me brûlent, mon corps faiblit. Deux bras me tiennent, mais je suis déjà partie. Je préfère partir maintenant que de vivre encore dans la douleur ou que de laisser mon enfant vivre dans la douleur.

Je marche dans le noir, deux directions s'offrent à moi. L'une est lumineuse et me fait mal aux yeux, l'autre est sombre et mystérieuse. Je prends la voie sombre après avoir longuement pesé le pour et le contre des deux. Je reviens peu à peu à moi des voix me parle. J'ai expulsé l'eau de mes poumons. Je tousse encore et encore. Je n'arrive pas à avoir une respiration calme. Quelqu'un me prend dans ses bras. Il ou elle enroule une serviette autour de moi. Cette personne frotte mes bras dans l'espoir de me réchauffer. Elle me prend dans ses bras. Elle m'emmène dans ma chambre. En passant dans la salle, on voit Ophélia manger dans les assiettes des autres avec ses doigts. Ses pieds sont installés sur la table.

La personne décide de ne pas intervenir. Elle m'emmène dans ma chambre. Une autre personne entre elle aussi dans ma chambre. La deuxième personne me change et me parle. Mais je n'arrive pas à comprendre ce que cette personne me dit. Elle m'allonge dans mon lit. Une fois dans le lit, je m'endors aussitôt.

De la cave à l'îleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant