Chapitre 13

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Je me réveille tout doucement. Je regarde autour de moi. Je vois Carl en train de dormir. Jenna est assise avec un de mes bébés. Qu'est-ce qu'il a grandi ? Il cherche son biberon. Elle lui donne. Le deuxième continue de dormir dans son cosy. Je l'observe. Elle est tellement attentionnée. Je ne la reconnais pas. Est-ce que j'ai devant moi la même personne ? Est-ce que j'ai toujours à faire à la même personne ?

- Maintenant, tu vas faire un gros câlin à ta maman, pour qu'elle se réveille aussi vite que possible.

Elle n'a pas remarqué que je venais de me réveiller. Elle se tourne vers moi. Elle a les larmes aux yeux. Elle bafouille quelques mots d'excuse. Elle a vraiment du mal à parler.

- Tu n'as pas à t'excuser. Tu as l'air de t'être bien occupée d'eux. Ils ont l'air d'aller bien, alors tu es pardonné. Tu n'avais pas l'air d'aimer les enfants. J'ai du mal à comprendre ton geste. Mais je l'accepte. Tu ne leur fait pas de mal alors que tu aurais très bien pu leur faire du mal sans que personne ne lève le petit doigt pour t'en empêcher. Alors si tu le souhaites, tu peux continuer à t'occuper d'eux. Aujourd'hui, tu m'as montré que je peux te confier mes enfants sans problème. Je te remercie de t'être occupé d'eux quand je ne le pouvais pas. Je ne te remercierai jamais assez. Merci, même si tu m'as fait beaucoup de mal.

- Merci Maya. Je ne comprends toujours pas mes sentiments. Je te haïssais, mais je n'avais aucune raison valable de le faire. Tu ne m'as jamais rien fait qui mérite ce que je t'ai fait subir. Tu es une fille en or. Tu ne mérites pas toutes les douleurs que tu as eues. Je suis désolée de t'avoir fait souffrir sans avoir cherché à te connaître. J'étais jalouse, tu n'as jamais eu besoin de vendre ton corps pour survivre. Tu n'as jamais eu besoin de le faire et tu n'auras jamais besoin de le faire parce que tu sais très bien te débrouiller sans ça. Alors, je pensais que tu ne méritais pas la place que tu avais chez Adrien. Je sais, c'était complétement idiot. Je regrette tous les mauvais gestes que j'ai pu avoir avec toi. Quand, je t'ai retrouvé inconsciente, c'est là que j'ai réalisé mes erreurs. Je suis contente que tu veuilles bien que je continue à m'occuper de tes garçons. Je me suis beaucoup attachée à eux. À la maison, je suis la seule à m'en occuper avec Carl. On ne leur a pas donné de nom puisque c'est toi leur mère, c'est à toi de le faire pas à moi une inconnue pour eux. Tiens, tu veux lui donner son biberon.

- Non ! Je te laisse le faire ! Fais comme tu en as l'habitude !

Elle me donne un de mes fils. Je lui donne une de mes mains pour qu'il puisse jouer. Il me fait de grands sourires.

Je ne lui ai pas demandé, mais je me demande quel âge ont mes fils.

- Quel âge ont-ils ?

- Ils ont eu leur trois mois hier.

- Est ce que d'autres personnes sont venu à part vous deux ?

- Non, il n'y a jamais eu personne !

Elle détourne le regard. On dirait qu'elle a honte, mais ce n'est pas de sa faute s'ils ont choisi de ne pas venir. Je ne sais pas ce qu'il se passe à la maison, mais j'ai l'impression de ne pas retrouver la même personne. J'ai l'impression qu'elle a honte de ce qu'elle a fait. Elle s'est excusée pour ses actes passés. Elle m'a jugé trop vite. Je lui pardonne, car elle semble avoir vraiment changé. Je sais, je pardonne trop vite. Elle m'a fait énormément souffrir. Si j'ai passé autant de temps à l'hôpital, c'est en partie à cause d'elle. Mais elle ne semble plus être la même personne superficielle que j'ai connue. Nous parlons toutes les deux pendant des heures. Nos conversations sont vraiment intéressantes. On ne parle pas de maquillage, de mode, de chaussures, ... On parle plutôt de sujets d'actualité comme les guerres dans différents pays, les crises politiques et tout ce qui a pu toucher la France pendant que j'étais dans le coma. On a aussi appris à se connaître. Je lui ai raconté mon histoire. Elle m'a raconté son histoire. Elle m'a raconté comment elle en est arrivée à vendre son corps. Je me suis rendu compte qu'elle aussi, elle en bavait. Je suis heureuse qu'on ait pu se parler. J'ai pu tenir mes fils dans mes bras. Je leur ai donné leur biberon. Je suis contente d'avoir pu m'occuper un peu d'eux. Je n'ai pas forcément fait grand-chose. Je reste assez fatiguée. Il commence à être tard, Carl est venu chercher Jenna pour partir. Quand il m'a vu réveillé, il est venu me prendre dans ses bras et m'a demandé de lui pardonner comme Jenna l'a fait avant lui. Ils me laissent mes deux fils. Je les ai allongés sur moi. Je caresse leurs petites têtes. Je m'endors, mes fils sont toujours sur moi. Ils dorment. Le lendemain matin, je suis réveillé par de petits bruits autour de moi. J'ouvre lentement mes yeux. Mes fils sont assis à côté de moi. Le dos sur la rambarde. Ils jouent avec mes mains. Ils sont tellement mignons. Un médecin arrive avec deux biberons.

De la cave à l'îleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant